Le jour des silures
EAN13
9782889072637
Éditeur
Zoé
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Le jour des silures

Zoé

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Le roman s’ouvre sur une tempête. Boris et Salömon, deux scaphandriers
professionnels, arrivent à bord de leur petite embarcation sur les lieux où se
dressait autrefois une ville, désormais engloutie. Alors que Salömon s’équipe
et plonge pour explorer les rues sous-marines, Boris resté à bord voit se
couvrir le ciel : « Tabassé par l’orage qui s’aggrave, Boris tient bon et
pulse l’air comprimé. La lanterne suspendue à la cabine de pilotage peint son
visage en rouge, il dégouline. Autour de lui, la ville submergée, sa ville,
est indéchiffrable. Les lueurs sont énigmatiques, à commencer par ce halo, un
demi-kilomètre à bâbord, comme un monde oublié. La chaloupe tangue
dangereusement dans les bourrasques. » La construction de cette première scène
donne le ton du roman entier, où la fascination pour ce monde aquatique est
tendue par la conscience du danger. On se situe après la catastrophe : depuis
les vagues successives qui ont frappé la ville, la population a repris une vie
presque normale, habite dans les derniers étages des immeubles, se déplace par
bateau, « barques, pénichettes, canots à hélice, gondoles, vaporettos – Venise
inspire ». Mais cette existence est précaire. Les immeubles pourraient
s’effondrer à tout moment. Et surtout, périodiquement, des armées d’énormes
poissons, les silures, envahissent les canaux, forçant la population à se
confiner, comme le raconte Colombe, jeune présidente de la région : « Il y a
trop d’histoires pour en douter. Ces bêtes mangent tout, absolument tout ce
qui se trouve sur leur passage. Le dernier en date est un camarade d’école de
mes filles, il s’est fait happer alors qu’il se penchait à la fenêtre. Le
silure a bondi hors de l’eau et ne lui a laissé aucune chance. Nous avons tout
essayé pour nous débarrasser de ces monstres. La population est terrorisée. »
Les jours de silure, tout le monde s’enferme chez soi, les canaux sont
déserts. Consciente des responsabilités liées à sa fonction, Colombe tient à
être prête quand viendra la décrue. Pour cela, elle doit récupérer les plans
d’urbanisme qui n’ont pas pu être sauvés de l’inondation. C’est la mission
qu’elle confie aux deux scaphandriers. Le premier, Boris, la petite
soixantaine, a grandi dans cette ville où il revient pour la première fois
depuis des décennies. Son regard mêle le passé et le présent et dépose sur ce
monde englouti un voile de mélancolie. Les choses en vont tout autrement pour
Salömon, qui n’a accepté cette mission que pour pouvoir piller les ruines : un
chasseur de trésors, voilà ce qu’il est. C’est du moins ce qu’il croit. Face à
ces trois adultes mus par des forces diverses, une autre voix s’élève : «
Flétan dit qu’il préfère puer que porter une chaussure aussi moche, on se met
à gueuler, un minus demande qu’on se taise, on l’écoute pas, on sait que
personne peut nous entendre, il y a la jungle. Et les vitres de la grande
serre qui protègent. Derrière, la nuit arrive, on la regarde et on bâille en
allumant le feu. On se partage une poignée de grenouilles, c’est tout ce qu’on
a ce soir, c’est sec alors on mâche. » Une voix étrange, à la fois menaçante
et naïve, dont on comprend bientôt qu’elle appartient à un groupe d’enfants
qui ont fui leurs parents pour vivre une vie sauvage. Eux connaissent « la
clarté », ces jours où, alors que les adultes se claquemurent, terrifiés par
les silures, les eaux redeviennent transparentes. La ville devient alors le
terrain de jeu des enfants, familiers de ses beautés et de ses pièges. En
secret, ils préparent à leur façon et le monde d'après. Et parfois, quand
personne ne regarde, ils nagent avec les silures. En l’espace de quelques
jours, les relations vont se tendre entre adultes, enfants et poissons,
jusqu’à ce que quelque chose, fatalement, cède. Nés entre 1982 et 1986,
Matthieu Ruf, Aude Seigne, Anne-Sophie Subilia et Daniel Vuataz sont rôdés à
l’écriture collective. Tous les quatre ont fait partie du collectif littéraire
AJAR, auteur du roman Vivre près des tilleuls (Flammarion, 2016). Aude et
Daniel ont également co-écrit la série littéraire Stand-by (Zoé, 2018-2019) et
un « roman de gare », Terre-des-Fins (Zoé, 2022). Daniel et Matthieu
s’attellent par ailleurs à la conception d’un roman graphique.
Individuellement, leur pratique les a menés à travailler pour le théâtre et le
cinéma, dans le domaine de la danse et de la comédie musicale. Côté
littérature, on connaît Aude entre autres pour ses Chroniques de l’Occident
nomade (Zoé, 2011, prix Nicolas Bouvier) et L’Amérique entre nous (Zoé, 2021)
et Anne-Sophie pour Neiges intérieures (Zoé, 2020) et L’Épouse (Zoé, 2022,
prix suisse de littérature, sélectionné pour les prix Femina et Médicis).
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