Études germaniques - N°4/2004

Depuis les traits de Westphalie et le Congrs de Vienne, la question allemande a toujours t une question centrale du Droit public europen. Elle ne relevait pas uniquement de la souverainet tatique au sens classique, ou du droit des peuples disposer d'eux-mmes.
Trois sicles plus tard, les dcisions des Quatre propos de l'ancien Reich aprs la fin de la Deuxime Guerre mondiale sont une illustration clatante de cette dpendance de la question allemande par rapport au statut gnral de l'Europe. La triple obligation de dnazification, de dmocratisation et de dsarmement de l'ancien Reich (et de ses allis) tait conue comme le point de dpart d'une reconstruction du Continent, et pas seulement comme une simple mise hors d'tat de nuire de l'Allemagne.
Les accords 2+4 de 1990 disposent que les frontires allemandes sont dsormais fixes ne varietur et ne peuvent plus tre modifies, mme par accord amiable avec les voisins. L'Allemagne est vraiment Mitten in Europa, un lment fondamental du sytme europen et pas un pur tat-Nation souverain dans le sens franais du terme. L'Allemagne ne peut plus tre un objet en soi , qu'il s'agirait d' expliquer aux Franais. Elle implique l'histoire de celui qui parle d'elle. Cette dmarche dfinit les contours renouvels d'une historiographie qui doit fonder en priorit ses analyses sur la notion de sytme europen et ceux d'une germanistique qui a pour vocation de penser en termes de longue dure continentale. C'est ces changements de cap que ce volume appelle.