Niels, NIELS

Alexis Ragougneau

Viviane Hamy

  • Conseillé par (Libraire)
    22 septembre 2017

    Conseillé par Marie-Laure

    Alexis Ragougneau délaisse le polar pour le roman historique. On y retrouve son goût pour les intrigues et bien sûr sa passion pour le théâtre. En effet, l'auteur joue avec les codes dramaturgiques pour mieux tromper son lecteur.
    1940. Niels Rasmussen vit au Danemark avec Sarah, jolie juive à la chevelure rousse pour laquelle il s'est engagé dans la Résistance en tant qu'artificier. Lorsque sonne enfin la fin de la guerre, Niels reçoit un mystérieux courrier. C'est un extrait d'un article du Parisien libéré : « Épuration : c'est définitivement le 7 mai que le dramaturge Jean-François Canonnier actuellement détenu à Fresnes, passera devant la Cour de justice de la Seine ». Niels ne veut pas croire que son ami, avec qui il a monté plusieurs pièces de théâtre lorsqu'il vivait à Paris, soit réellement un collaborateur. Il décide de partir immédiatement pour la capitale française. Ce qu'il va découvrir là-bas est comme une immense représentation. Le rideau est tombé, les masques aussi et ce qui se cache derrière n'est pas très glorieux. Certains tentent encore de jouer le rôle de gentil ou de héros, d’autres assument le fait d'avoir fraternisé avec l'ennemi. Alexis Ragougneau pose cette question gênante : comment aurions-nous agi pendant l'Occupation. L'auteur revient aussi sur beaucoup d'artistes et écrivains à la moralité douteuse tels que Rebatet, Brasillach et Céline bien sûr. Dans cette comédie de faux-semblants, comment démêler le vrai du faux ? Connaît-on vraiment les gens ? Niels connaissait-il réellement son ami ? À la fois enquête policière, roman historique et théâtre presque « burlesque » (au regard de certains personnages), « Niels » est un roman aux multiples facettes, en trompe-l’œil pourrait-on dire. Le lecteur comme le narrateur doit apprendre à déchiffrer les codes et découvrir qui est acteur ou pas. Alors oui, encore un roman qui se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale, mais « Niels » fait preuve malgré tout d'une très grande originalité, aussi bien pour son style que pour sa trame narrative.

    © Revue Page des libraires N°185 – Rentrée littéraire


  • Conseillé par
    4 avril 2018

    Attiré par une publicité sur ce livre, je m’attendais à une histoire de résistance et d’actes héroïques. J’ai l’impression d’avoir été mené en bateau.
    Niels, membre de la résistance Danoise, se rend à Paris à la fin de la guerre 39-45 pour retrouver un ami...et là, on s’égare. Les événements historiques sont bien racontés, trop bien, de façon trop appliquée peut-être. J’ai été gêné par quelques clichés, le trait est parfois forcé aussi pour amener le lecteur à se représenter des scènes fortes.
    On sent la passion folle que l’auteur entretient avec le théâtre, il utilise d’ailleurs ce genre pour raconter quelques fragments de cette histoire. Mais je n’ai pas adhéré à cette « mise en scène », je n’ai eu que trop peu d’émotions et je me suis perdu en côtoyant ces hommes de théâtre tantôt résistants tantôt collabos, aucune personnalité ne m’a passionné. Je n’ai pas cru à leur engagement politique. J’y vois un petit manque d’envergure dans cette narration, sauf sur la fin, plus sensible et pleine de promesses, et bien pour le coup je l’ai trouvée beaucoup trop...théâtrale.


  • Conseillé par
    14 novembre 2017

    1939-1945

    Ce roman n’est pas le troisième volet des enquêtes du père Kern, rien à voir. L’auteur change de personnage et d’époque mais toujours pour mettre en lumière certains aspects peu reluisants de la société qu’il décrit.

    Le titre du roman porte le nom du personnage principal, même si ce prénom est fort peu prononcé dans le roman, le narrateur préférant utiliser son nom de famille Rasmussen. Celui-ci part à la recherche du passé de son ancien ami Jean-François Cannonier qui a écrit trois pièces avant-guerre que Rasmussen a mis en scène.

    Jean-François est en prison et attend son procès pour Collaboration. À travers les témoignages de ceux qui l’ont connu, Rasmussen tentera de percer le mystère de l’ami qu’il croyait connaître.

    Encore une fois, j’ai aimé le décor de ce roman de l’auteur : l’immédiate après-guerre, quand les fusils sont encore fumants des derniers coups échangés ; que les Collaborateurs tentent d’échapper au pire.

    J’ai aimé les deux chapitres façon pièce de théâtre, ce qui rend moins aride les dialogues entres les personnalités lors de ces deux scènes.

    J’ai aimé le personnage de Niels qui jamais ne se glorifie d’être un Résistant dans son pays : il sait ce que lui a coûté son combat, et tous ses compagnons sont morts à cause de leurs actions glorieuses une fois la paix revenu. La Résistance est aussi faite de bassesses que l’on assume, ou pas.

    J’ai aimé détester le personnage de Canonnier qui s’enferme dans son désert de création jusqu’à la lie.

    Je me demande, au final, si ce roman n’est pas un roman sur Louis Jouvet qui a habilement passé les années de guerre en Amérique Latine pour un théâtre engagé….

    Un grand roman qui oscille entre ombre et lumière : comme au théâtre où le régisseur choisi ce qu’il éclaire sur scène.

    Merci, M. Ragougneau pour ce roman intelligent, comme toujours. Comme écrit dans votre dédicace, j’ai hâte de retrouver le père Kern qui a encore des choses à dire, ou un autre nouveau personnage.

    L’image que je retiendrai :

    Celle de Rasmussen se promenant dans son ancien théâtre, une servante à la main.