L'assassin de l'agent de police

Maj Sjöwall

Rivages

  • Conseillé par
    10 décembre 2010

    L'assassin de l'agent de police. M.Sjöwall. P.Wahlöö.

    En Scanie, dans le sud de la Suède, une femme est étranglée par un homme qu'elle connaissait. A Stockholm, le commissaire Beck et son adjoint cherchent à piéger Limpan un dangereux malfaiteur. Dans un quartier périphérique de la ville, une patrouille de police tente d'arrêter deux jeunes malfrats. Une fusillade éclate. Le bilan est lourd, un truand est tué. Deux policiers sont gravement blessés, un troisième agent décédera quelques temps plus tard. En apparence toutes ces histoires semblent n'avoir aucun rapport entre elles, mais le jeu du hasard et des rencontres en décide autrement.
    Une nouvelle fois les auteurs S&W construisent habilement un récit passionnant en donnant une réelle épaisseur à leurs personnages. Le commissaire Beck semble plus heureux que dans les récits précédents, il a rencontré une âme soeur lors de sa dernière enquête (La chambre close). Lorsqu'il débarque en Scanie, il découvre une autre police faite de contacts humains. Njöd, le responsable local est un célibataire endurci, un homme jovial, sympathique, qui préfère arpenter la campagne que les rues de la ville. Kollsberg déprime, il ne supporte plus l'évolution de la Police, devenue force répressive, qu'il considère à l'origine du développement de la violence. Il décide de quitter la police sa lettre de démission est une charge contre l'institution, elle reflète les idées des écrivains.
    Comme dans toute leur oeuvre, ce roman donne l'occasion à S&W de dénoncer l' évolution de la société suédoise. La hiérarchie policière incompétente veut des résultats rapides pour éteindre les feux allumés par la presse. Il faut mettre sous les verrous un coupable désigné par la presse même s'il est innocent. Les journalistes sont présentés comme des hyènes qui au nom de la liberté de la presse arrangent la vérité pour gagner du tirage. La justice n'est guère mieux lotie: les juges ont habituellement le défaut de commencer à rédiger la sentence, pour gagner du temps pendant la plaidoirie de la défense.
    Il n'est pas étonnant qu'une partie des Suédois se méfie de leurs institutions, en particulier les jeunes. Ils sont en effet les principales victimes des difficultés économiques, du chômage et subissent la répression policière.
    Un grand roman.