Le guetteur / roman

Christophe Boltanski

Stock

  • Conseillé par (Libraire)
    11 août 2018

    Conseillé par Marie-Laure

    Comme pour "La Cache" (Stock et Folio), le domicile aura à nouveau une grande importance. Ici, il s'agit d'un appartement parisien, celui de la mère du narrateur qui vient de décéder. Alors qu'il est en train de vider les lieux, il va tomber sur un «dossier polar». Sa mère qui non seulement dévorait les polars, en écrivait également. L'un de ses textes s'intitule «Le Guetteur». À son tour, le narrateur va devenir ce guetteur et espionner sa mère. On va alors replonger dans le Paris des années 1960 et suivre une bande d'étudiants qui se battaient aux côtés du FLN. Comment cette jeune fille militante et intrépide a pu devenir cette femme solitaire et paranoïaque vivant comme une recluse ?
    Comme à son habitude, Christophe Boltanski soigne sa structure narrative : il navigue sur trois périodes tout en jouant avec la mise en abyme du guetteur. Par ailleurs, il est émouvant de suivre ce fils qui tente de reconstituer un lien avec sa mère. Que ce soit par maladresse ou par volonté, elle restera pour lui une mystérieuse énigme.

    © Page des Libraires N°191


  • Conseillé par
    21 décembre 2018

    Après le décès de sa mère, le narrateur, aidé par sa sœur, entreprend de vider son appartement. Dans ce capharnaüm où sa mère vivait recluse, il découvre des carnets et plusieurs manuscrits de polar qu'elle avait commencé à écrire en grande lectrice du genre. Que sait-il au juste de sa mère qui était mutique sur son passé ? Obsédé par le besoin de comprendre, il mène ses propres recherches.

    En parallèle, Christophe Boltanski remonte le cours du temps jusqu'aux événements liés à la guerre l’Algérie. D'étudiants distribuant des tracts à un réseau clandestin de soutien au FLN, se peut-il que sa mère, elle-même étudiante à l'époque, ait joué un rôle dans l'opposition à cette guerre ?
    Tel un enquêteur, il explore des pistes et les contours de cette figure maternelle prennent forme peu à peu dessinant une femme énigmatique et tourmentée par ses propres peurs.

    Si j'ai trouvé intéressant le récit lié à la guerre d'Algérie (l'auteur nous plonge dans les faits de manière très réaliste), j'ai eu tendance à me perdre dans les multiples chemins empruntés par le narrateur. Et surtout je me suis sentie mal à l'aise comme si j'observais à la dérobée la vie de cette femme, l'inventaire de son appartement m'ayant particulièrement dérangée. Dommage...


  • Conseillé par
    26 octobre 2018

    la quête....

    Ce moment, tout le monde le connaît à plus ou moins longue échéance, ranger les affaires d’un membre proche de sa famille, sa mère, son père… et découvrir, un passé, et même un quotidien totalement différents de ce que l’on imaginait.
    C’est souvent troublant, parfois même déstabilisant, et c’est ce qui m’intéressait dans ce roman, qui illustrait parfaitement ma situation du moment.
    Comment allait il gérer ces révélations ?
    J‘aime beaucoup Christophe Boltanski, mais j’avoue avoir eu un peu de mal, avec les allers-retours du début, entre le présent et les années 60… Du mal à comprendre qu’il s’agissait de sa mère….
    Peut être l’auteur met-il aussi un peu trop de distance émotive dans son récit. On se retrouve au centre de la description d’un quotidien et d’une vie très personnelle, que viennent étayer de nombreux détails, peut être trop… mais qui ne suscitent pas réellement mon empathie.
    Je suis restée très « en dehors », très observatrice... moi aussi, je suis devenue un « guetteur », c’était peut être là, son but.
    En tous les cas, c’est un roman qui interroge sur les liens et, sur le temps qui passe… Utile, donc.


  • Conseillé par
    30 août 2018

    À la recherche du temps perdu

    Un livre étonnant, une quête, un besoin obsessionnel de trouver une réponse (des réponses) face à l'absence de la mère. Un fils fouille l’appartement de celle qu'il croyait connaître, cette mère ingérable qu'il avait mise à distance avant de comprendre qu'elle était sur le point de mourir. Quand il découvre au milieu du désordre de toute une vie de courts manuscrits, trois polars inachevés, il reprend le flambeau et va "guetter" pour mieux écrire la suite. C'est troublant.
    En parallèle, c'est la vie de Françoise qui se déroule, 20 ans, les yeux plein d'étoiles, étudiante qui renie sa famille bourgeoise pour défendre les droits de ceux qui souffrent dans une Algérie torturée.
    Ainsi, les chapitres du roman vont se mêler, se compléter, se joindre pour ne faire qu'une vie. Celle de cette mère à la fois si proche et si différente.
    Un très beau roman. Subtil et émouvant.