La cave aux poupees

Collet Magali

Taurnada éditions

  • Conseillé par
    30 avril 2020

    Un très bon roman noir.

    Taurnada propose des lectures différentes et de qualité. Et La Cave Aux Poupées en est un excellent exemple.

    Thriller et roman noir, c’est certain, mais au delà de ces étiquettes, l’auteure, Magali Collet, va beaucoup plus loin que beaucoup d’autres romans dans son intrigue.

    Manon habite avec son père. Le Père, comme elle l’appelle.
    Elle vit à travers les téléfilms qu’elle voit passer à la télé, s’imaginant que la vraie vie est celle qu’elle aperçoit à travers cette petite lucarne.
    Et c’est bien normal, car comment la vraie vie pourrait-elle être celle qu’elle subit depuis sa naissance ?
    À supporter les horreurs du Père ?
    À passer ses journées à nettoyer, faire à manger, panser ses plaies ?
    Nourrir et laver les autres jeunes femmes enfermées dans la cave ?
    Et pourtant, c’est bel et bien sa vie.

    Et les règles en sont simples : elle n’est rien, et les autres filles sont encore moins qu’elle-même.
    Jusqu’au jour où...

    Cette histoire est-elle difficile à lire ? Oui, clairement elle l’est.
    Non pas sur la forme (qui est très bonne), mais sur le fond. Parce que, nous le savons tous, ces monstres existent réellement dans la vraie vie.

    Toutefois, il n’est nullement question ici de voyeurisme.
    Bien sûr, cette vie est un enfer, mais à aucun moment l’auteure ne se complaît dans des descriptions malsaines. Les choses sont dites sans ambiguïté, mais sans détails inutiles.

    Les sentiments du lecteur sont mis à rudes épreuves, non pas à cause des mots utilisés mais à cause de ses propres sentiments envers les protagonistes.

    Le Père est le bourreau.
    Camille, la victime.
    Mais Manon ? À la fois victime et bourreau, je suis passée par beaucoup de sentiments contradictoires pour elle.
    Le chagrin et la colère étant ceux qui revenaient le plus souvent.

    Je me suis régulièrement demandé comment elle pouvait « aider » Le Père avec les prisonnières, alors qu’elle était là mieux placée pour connaître leurs souffrances.
    Par habitude ? Par peur ? Obéissance aveugle ? Instinct de survie ?
    Sûrement un peu de tout ça.

    Mais il y a plus, tellement plus, à découvrir sur elle.

    C’est une lecture que je recommande sans hésiter.
    Et une auteure que je vais suivre de près !