Avant la longue flamme rouge

Guillaume Sire

Calmann-Lévy

  • Conseillé par (Libraire)
    30 janvier 2020

    Conseillé par Stéphanie, Etienne et Rémy

    Alors qu'il était étudiant à Montréal, Guillaume Sire a rencontré Saravouth, un homme d'origine cambodgienne qui vivait dans la rue et qui lui a confié son histoire, du moins les bribes dont il se souvenait. Guillaume Sire a porté cette histoire longtemps en lui sans savoir comment l'écrire. "Réeelle", son précédent roman l'a aidé à se faire confiance, un voyage au Cambodge aussi.
    Car tout part de là : de Phnom Pehn. Elle est méconnue la guerre civile cambodgienne qui courut de 1967 à 1975, territoire stratégique et dont le conflit fut exacerbé par l'influence de la guerre du Viet Nâm.
    Lorsque le roman débute en 1971, Saravouth est un petit garçon de 11 ans qui vit heureux au sein d'une famille cambodgienne plutôt intellectuelle et catholique. Sous l'influence des lectures de sa mère qui est enseignante, il s'est crée un « Royaume Intérieur ». Imaginez que vous décidiez de vous créer un pays imaginaire, comme Peter Pan, en installant dans ce pays votre propre monde. Nourri à la lecture des mythes, Saravouth a de quoi se réfugier dans un monde extraordinaire. C'est la première partie du livre, fascinante. Et puis la famille de Saravouth est arrêtée, menée à la lisière d'une forêt. Quand Saravouth revient à lui, ses parents et sa sœur ne sont plus là, une très vilaine blessure par balle l'a laissé miraculeusement vivant. L'enfer commence pour cet enfant en quête de sa famille dans un monde d'une violence extrême. Différentes rencontres jalonnent son chemin qui le mèneront jusqu'en Amérique du Nord.

    Ce gamin est incroyable d'intelligence, à la fois dans sa survie mais aussi dans la mise en place de son fameux « Royaume Intérieur ». Ce roman dégage une grande force, une grande lumière, une grande humanité dans l'inhumanité. Peut-être parce que Guillaume Sire arrive à nous raconter une histoire terrifiante pourtant perpétuellement effleurée par la poésie jusqu'à une sorte de folie douce parfois réconfortante, parfois inquiétante.