La plus secrète mémoire des hommes

Mohamed Mbougar Sarr

Philippe Rey

  • Conseillé par (Libraire)
    9 septembre 2021

    Conseillé par Stéphanie et Solène

    "La plus secrète mémoire des hommes" s'ouvre sur une dédicace adressée à Yambo Ouologuem. Cet auteur malien fut Prix Renaudot en 1968 avec un livre mettant en scène sept siècles d' histoire d'un empire africain et de sa dynastie. Ce livre s'intitulait "Le devoir de violence". Publié au Seuil, il fut encensé puis détruit par la critique suite à une affaire de plagiat qui, au final, n'en était pas vraiment un ... Ouologuem tenta de se défendre dans un premier temps avant de rentrer au Mali et de se taire à jamais ... Tandis que les éditions du Seuil arrêtaient définitivement la commercialisation du "Devoir de violence".

    L'histoire tragique de Ouologuem a inspiré le personnage de T.C.Elimane imaginé par Mbougar Sarr.
    Diégane Latyr Faye est un jeune écrivain sénégalais en devenir. Il est lycéen quand il entend parler pour la première fois de T.C. Elimane. Il apprend alors que son livre "Le labyrinthe de l'inhumain" fut voué aux gémonies en 1938 et que son auteur décida de disparaître de la scène littéraire. Le texte aussi disparut complètement.
    Diégane oublie un peu cette histoire jusqu'à son arrivée à Paris pour y faire des études. De manière inattendue, l'introuvable 'Le labyrinthe de l'inhumain" va revenir dans sa vie pour l'habiter totalement.
    Les cent premières pages du roman sont racontées sous forme de journal. A travers les pensées de Diégane et les discussions animées qu'il a avec son attachant entourage amical, l'auteur interroge l'infini de la littérature, la solitude, l'amour ... Et puis le récit bascule sous une autre forme. Brutalement, on se laisse envoûter par une langue tout aussi séduisante mais différente. Du pays Sérère à l'Argentine, d'Amsterdam à Dakar, de la colonisation à la Shoah, le lecteur s'enfonce dans une quête, multiple, brillante. Le mystère nous enveloppe, nous questionne, et nous voici plongés dans un conte, puis dans une intrigue policière. Il en faut du talent pour soutenir une narration d'une telle ampleur !
    Mohamed Mbougar Sarr est un immense écrivain qui sait manier l'humour, l'ironie et une langue insolente pour interroger la condition humaine et la littérature de manière magistrale !
    Sélection pour le Prix du roman Coiffard 2022.


  • Conseillé par
    2 avril 2022

    la plus secrète mémoire des hommes

    ce livre est un hymne à la littérature qui ne peut peut-être pas sauver le monde mais être "une sentinelle." L'auteur fait se croiser différents récits, différents genre littéraires. C'est un hymne aux femmes: écrivaines,éditrices,journalistes, amantes, confidentes, lettrées ou analphabètes. Un hymne aussi au pays d'origine. On se perd avec délectation dans le labyrinthe de l'humain. Ce récit est poétique, violent, cru et même drôle parfois. Il nous parle du mal, de la cruauté, de la Shoah, de la colonisation mais aussi de la puissance du monde africain qui ayant subi"le viol de l'imaginaire" revendique sa créativité. L'auteur n'est pas "absent de son livre" comme le lui dit Aïda, il écrit là un livre politique au coeur de "la cité", de l'Afrique et du monde. " le monde de l'écriture permet de se tenir droit dans la plaie et de lutter contre toutes les formes d'oubli."


  • Conseillé par
    8 mars 2022

    abandon de lecture

    Je suis entrée coeur vaillant dans ce roman, prête à lire une langue travaillée et cisellée ; une histoire passionnante.

    Je me suis accrochée jusqu’à la page 70 à peu près.

    Trop de mots inusités, un style ampoulé ont eu raison de ma patience.

    Ce fameux roman n’a pas aiguisé mon intérêt ; les personnages m’ont paru fades et sans profondeur.

    Et lire les affres d’un doctorant à la recherche d’un livre ne m’a pas paru passionnant.

    Lorsque j’ai posé ce livre, je n’ai pas eu envie d’y revenir.


  • Conseillé par
    30 novembre 2021

    A déguster avec délectation !

    Mohamed Mbougar Sarr propose un roman intense, puissant et même haletant avec La plus secrète mémoire des hommes que le prix Goncourt vient de consacrer en cette année 2021.

    Diégane Latyr Faye est un jeune écrivain sénégalais, arrivé en France depuis si longtemps qu’il n’envisage pas de retour dans son pays. Lui, l’écrivain, a une obsession qui le brûle : retrouver le roman Le labyrinthe inhumain d’un certain T.C Elimane, publié vers 1938, et comprendre comment est écrit un grand livre. Ce dernier raconte l’histoire d’un roi acceptant de brûler les vieillards de son royaume au début en échange d’un pouvoir énorme.

    Il s’agit pour Diégane de rechercher des éléments auprès de ceux qui ont connu cet aîné autant auprès de sa propre famille, au Sénégal, qu’auprès de ceux qui l’ont rencontré en France, comme ses amis éditeurs et les autres écrivains francophones. Mais aussi, son enquête l’amene à Amsterdam auprès d’une étonnante écrivaine originaire de Dakar et même en Amérique du Sud recherché une poétesse Haïtienne.

    L’obsession de Diégane est partagée par tous ceux qui ont approché ce « Rimbaud nègre »comme il a été qualifié. La quête de ce personnage énigmatique, qui n’a cessé de se fondre pour se faire oublier, transforme le roman en thriller, le lecteur restant scotché jusqu’à la fin. Les rebondissements, les retours en arrière et l’enchevêtrement des récits comme un labyrinthe rendent la lecture des trois livres de La plus secrète mémoire des hommes addictive et surnaturelle à la fois.

    Derrière T.C Elimane, Mohamed Mbougar Sarr s’est inspiré de Yambo Ouologuem, écrivain malien, consacré par le prix Renaudot en 1968 pour « Le Devoir de violence », accusé de plagiat et relégué, depuis, dans l’anonymat.

    Mohamed Mbougar Sarr, avec sa façon très particulière, pose la question de la littérature francophone lorsque l’écrivain est africain. Dépassant superbement les représentations coloniales et celles migratoires, il inscrit sa réflexion sur le rôle de l’écriture, la condition de l’écrivain et l’universalité de la littérature. Mais encore faut-il accepter que l’acte d’écrire se nourrisse de toutes les lectures rencontrées, ce que le soi disant plagiat de T.C Elimane interroge.

    La suite ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2021/11/29/mohamed-mbougar-sarr/


  • Conseillé par
    4 novembre 2021

    Revanche africaine

    « Le labyrinthe de l’inhumain », ouvrage mythique paru en 1938, est l’histoire d’un roi sanguinaire dérouté, dont l’auteur, T.C Elimane, a disparu. En 2018, un jeune écrivain sénégalais enquête sur son absence.
    Au gré des rencontres et des témoignages, le lecteur découvre cet énigmatique personnage, orphelin de père par la guerre, élevé par son oncle, dont le livre édité en France fut très controversé.

    Dans un dédale littéraire à plusieurs voix, Mohamed Mbougar Sarr nous questionne sur ce phénomène médiatique, ce "nègre d’exception" arrivé trop tôt pour être reconnu dans les accointances franco-africaines.
    Elimane, nomade libertin en exil depuis ½ siècle, était-il un écrivain accompli ? un plagiaire coupable ? Un mystique générant des suicides ? Quel mystère cache son silence ?

    Autant de questions ingénieusement posées par l’auteur dans cette déclaration d’amour à la littérature africaine en exil, d’une écriture à la fois philosophique et romanesque, savante et hardie, sinueuse, surprenante, hybride mais appropriée.

    Le Goncourt n’est-il pas le rêve de l’écrivain africain ?..... Véritable consécration d’une prouesse !....