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Conseillé par Jean T. (Libraire)1 septembre 2022
Wallace est étudiant-chercheur dans une prestigieuse université du Midwest. Ce jeune biochimiste s’occupe d’une culture de vers, des nématodes, qui a échoué et s’est recouverte de moisissures après avoir été contaminée par des bactéries. Wallace, qui est Noir, retrouve son groupe de camarades, des jeunes Blancs, plutôt bien nés.
On sent que Wallace est habitué à être rabaissé quand il donne un conseil à Dana, une collègue peu douée mais tenue en haute estime par la responsable du labo. Dana se vexe, n’en fait rien et rate son expérience en accusant Wallace. La supérieure la croit et reproche à Wallace, qui baisse la tête, qu’elle "Elle a gaspillé toute sa journée là-dessus, Wallace. Toute sa journée. On ne peut pas perdre ce genre de temps à cause de la négligence". On l’accuse de misogynie alors qu’il voit que ce sont ses collègues Blancs qui le sont, et qui projettent sur lui leurs perceptions.
Le groupe est très étonné que Wallace ne leur ait rien dit du décès de son père, une file qui est "tellement désolée... Mon Dieu..." l’embrasse même sur la bouche pour le consoler, provoquant la colère de son fiancé. Ce deuil qu’il voulait garder pour lui devient l’affaire des autres, même s’il leur affirme qu’il "a été très utile d'avoir des gens dans ma vie qui me comprennent vraiment".
Mais ce qui occupe une grande place dans le roman est la relation qui s’établit avec Miller, un autre étudiant, Blanc, de son groupe social. Une relation violemment sexuelle , compliquée par le fait qu’il ne peut l’afficher dans un cercle de Blancs égocentriques, pétris de préjugés, tranquillement racistes, qu’il entend dans une soirée, discuter de ses "déficiences" et des mesures prises en faveur des Noirs.
Tout ce qu’on perçoit dans ce roman est ce que Wallace observe. Observer le met à distance et ce qu’il voit est la vraie vie de ce groupe, non pas celle d’un groupe vivant, actif, sympathique, mais un groupe en proie à des tensions, à une violence tue, à une sorte de pourrissement, comme un parallèle de ce qui arrive à ses nématodes.
Le roman dresse le portrait d’un jeune Noir homosexuel en mal d’insertion et en recherche d’identité. Brandon Taylor porte un regard tranchant et précis pour raconter une histoire d'amour, de sexe, de mort, à la fois intime et publique, et afficher les travers et défauts d’une société américaine apparemment lisse et policée.
Un premier roman brillant.Fait partie des trois romans finaliste du Prix Page/America 2022
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Conseillé par Alexia B. (Libraire)1 septembre 2022
J'ai adoré lire "Real life".
A l'université du Midwest, une bande d'amis se retrouve à la fin des vacances d'été. Parmi eux, Wallace se sent en décalage permanent. Il vient de perdre son père et les souvenirs douloureux de son enfance remontent à la surface. Il est noir dans un univers où le racisme quotidien est omniprésent, où il ne peut s'ouvrir à personne de ce qu'il ressent. Il est homosexuel et sa relation avec Miller va tout bouleverser.
L'ambiance universitaire, les relations amicales et amoureuses sont très bien disséquées dans ce roman porté par une plume gracieuse. -
Conseillé par Quentin F. (Libraire)29 août 2022
Un premier roman qui semble générationnel au premier abord, dans tout ce que cela comporte de limitant, et pourtant l'auteur réussit à nous dépeindre un personnage autofictionnel bouleversant de justesse car imparfait, inconsidéré, juste avec les autres et injuste avec lui-même. Au final, c'est un roman universellement intime. Et vice-versa.