De rage et de lumière

Jeanne Pham Tran

Mercure de France

  • Conseillé par (Libraire)
    3 janvier 2023

    Conseillé par Stéphanie

    Deux courtes scènes fondatrices introduisent le roman. Tout d'abord il y a une lumière d'été sur un lit d'hôpital où Jeanne se tient aux côtés de sa mère mourante et se sent immensément impuissante face à la solitude de ce corps maternel dont elle n'arrive même plus à réchauffer la main en la prenant dans la sienne. Et puis il y a un film, plus précisément un documentaire sur lequel Jeanne tombe par hasard dans une salle de cinéma malouine. Ce film s'appelle "Docteur Jack". La caméra suit Jack Preger, un vieil anglais qui a fait des études de médecine sur le tard, s'est envolé pour le Bangladesh à 43 ans pour fonder peu de temps après son association à Calcutta. La première ONG à faire de la médecine de rue. Jeanne est immédiatement fascinée par cet homme de 87 ans qui résiste à la caméra et répète à l'envi qu'il est un homme ordinaire. C'est une certitude pour elle : elle veut rencontrer cet homme et lui faire sortir ce qu'il a dans le ventre. Qui sait ? Pour en faire un livre peut-être.
    Jeanne part donc à Calcutta, tandis que ses deux sœurs prennent le relais auprès de sa mère.
    Fuite ou quête ? Partir au contact du "vieux grincheux" comme elle l'appelle ne va pas être une tâche facile. Et en s'entêtant à le faire parler, c'est sa propre introspection qu'elle va être obligée de faire. Tout se mêle, et Jack est comme un phare. Une lumière qui ne veut pas se laisser attraper mais que Jeanne va suivre avec obstination. En laissant s'entremêler la vie d'une femme essentielle qu'elle admire et qui s'en va, à cet homme si différent, alors peut-être, le regard de Jeanne changera-t-il, peut-être se comprendra-t-elle mieux ?