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    21 juillet 2014

    Paquito est mort dans un sombre et étroit passage de Barcelone, délesté de tous ses biens, la gorge tranchée. Seul son rubis a échappé au voleur qui lui-même a laissé un fauteuil roulant sur les lieux du crime.
    Quand l'inspecteur Mendez vient roder autour du cadavre, ce n'est pas parce qu'il est chargé de l'enquête. Son chef ne lui confierait jamais une telle affaire, préférant le charger de courir après les travestis, les petits voleurs, les prostituées, bref le menu fretin du quartier. Mais ça ne l'empêche pas d'élaborer une petite théorie : Paquito, le représentant propre sur lui est mort de sa bonté et par amour. De sa bonté parce qu'il a sans doute voulu venir en aide à un homme qu'il pensait handicapé et par amour parce qu'il a refusé de céder le rubis auquel il devait être très attaché pour des raisons sentimentales. Fort de ses déductions, il commence des investigations personnelles après avoir réussi à embobiner le commissaire grâce à son bagout et ses airs de ne pas y toucher. Ses pas vont le mener des petits appartements qui ne voient jamais le soleil des petites gens du Pueblo Seco jusqu'aux bureaux high tech des promoteurs immobiliers en passant par une maison de maître biscornue, dernier vestige d'un prestigieux passé qui doit céder la place à la modernité qui aspire la ville dans son tourbillon.

    Deuxième enquête de l'inspecteur Mendez, flic vieillissant et cynique qui traînent ses guêtres dans le quartier populaire du Pueblo Seco, juste sous l'avenue du Paralelo. C'est là son territoire, il en connaît tous les recoins, tous les bistros et tous les personnages qui comptent, ou du moins il les connaissait avant que les cabarets, les bars à prostituées, les vieux cafés ne ferment leurs portes à tout jamais sur un passé, certes flamboyant mais marqué par la dictature franquiste. Le progrès et la modernisation sont à l'ordre du jour, la spéculation immobilière bat son plein. Mendez, un brin nostalgique, claudique dans ces ruelles, joue les niais, les impotents, pour mieux approcher les indics, les témoins, les suspects.
    Au cœur du roman, la Barcelone populaire, ses habitants, leur gouaille, leurs petites embrouilles, leurs ficelles pour tromper la misère. GONZALEZ LEDESMA, dans un style vif et très imagé, raconte sa ville, telle qu'elle était et telle qu'elle est devenue. On sent son amour pour les petites gens qui naviguent entre misère et désespoir mais sont toujours capables de rêver. Le souci, c'est qu'il en fait un peu trop...Des comparaisons alambiquées au possible, surtout d'ordre sexuel, des personnages pas toujours crédibles et un parler digne des années 40 ou 50, tout cela finit par lasser.
    Une lecture mitigée pour cette découverte de Mendez, flic de la vieille école qui allie humour, cynisme et ténacité mais peine à être vraiment sympathique.