• Conseillé par
    18 décembre 2020

    policier, Grèce

    L’affaire avait fait grand bruit au moment de sa parution : un polar sur fond de dette grecque et de Troïka.

    8 ans plus tard, le pays n’est pas sorti d’affaire (et la pandémie ne va rien arranger), mais je me décide à ouvrir le livre.

    L’auteur m’a plongé d’entrée de jeu dans Athènes asphyxiée par les embouteillages. Et le narrateur, le commissaire Charitos lui-même, m’a "voituré" au gré des rues de la capitale.

    J’ai aimé ce personnage qui regarde les soirs les définitions dans son vieux dictionnaire. Ce commissaire plein d’humour qui ne suit pas les consignes de son GPS, le seul qu’il peut envoyer paître.

    J’ai aimé sa femme qui professe des proverbes à chaque phrase.

    J’ai découvert les PIIGS : acronyme formé par les initiales des pays d’Europe les plus fragiles économiquement : Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne (Spain).

    J’ai aimé trouver juste la croisade du meurtrier contre le Grand Capital.

    L’auteur donne à lire l’éternelle corruption des puissants et les souffrances de leurs victimes, dont certaines se suicident.

    Un polar touchant juste à plus d’un titre.

    Quelques citations :

    Il n’y a pas de sociétés, monsieur. Il n’y a que des groupes. Des entrepreneurs qui défendent leurs intérêts, des travailleurs qui défendent les leurs à travers les syndicats et d’autres organisations, il n’y a que des groupes qui défendent leurs intérêts. La société est une création de l’esprit.

    Nous tous qui nous sommes dopés pour une médaille, nous l’avons payé très cher. Je l’ai payé de ma santé, les trois autres ont été ruinés. La sanction est juste. Mais ce que font les banques, si ce n’est pas du dopage, alors c’est quoi ? Les cartes de crédit qu’elles t’envoyaient par la poste, sans qu’on les demande, les prêts au logement, les prêts à la consommation, les prêts vacances ou mariage qu’elles distribuaient à tous, les hedge funds, les paris sur la faillite d’un pays étranger qui ne leur a rien fait de mal, tout cela, ce n’est pas du dopage ?

    L’image que je retiendrai :

    Pas une journée sans une manifestation dans les rues d’Athènes.

    https://alexmotamots.fr/liquidation-a-la-grecque-petros-markaris/


  • Conseillé par
    19 septembre 2016

    A Athènes, quatre hommes liés au monde de la finance sont décapités au sabre. En même temps, des tracts circulent dans toute la ville, incitant les athéniens à ne plus rembourser leurs trop nombreux crédits. Les banquiers s'affolent et menacent, les politiciens s'insurgent, la brigade anti-terrorisme crie au terrorisme, la population est à deux doigts d'applaudir et le commissaire Charitos doit chercher le ou les meurtriers.

    Premier tome d'une trilogie où Petros Markaris nous emmène au cœur de la crise grecque, au moment du premier plan d'austérité imposé par l'union européenne. Les conséquences sont immédiates : allongement du temps de travail, baisse des salaires, suppression des primes, crédits coupés, fermeture des petits commerces, suicides en série, etc. Même le brave commissaire Charitos voit s'envoler ses treizième et quatorzième mois et sa retraite s'éloigner tandis qu'il regarde d'un œil affligé son cardiologue de gendre s'évertuer à joindre les deux bouts avec difficulté. Dans une ville dont les légendaires embouteillages sont aggravés par les manifestations de retraités, fonctionnaires, chômeurs et autres floués de la crise, le policier recherche un tueur qui s'attaque aux pontes de la finance et un ''Robin des banques'' qui incite à la cessation de paiement des crédits.
    Avec une pointe d'humour et de cynisme, Markaris prend le prétexte de cette enquête pour raconter un pays en crise où, comme partout, les petits trinquent pour les gros bonnets et paient au centuple la gestion économique effroyable de dirigeants inconséquents et souvent corrompus. Une belle leçon d'économie.