Céleste NG nous entraîne dans un monde un peu futuriste où l'économie et la société telles qu'on les connait ont disparu. Tout a été fait, petit à petit, pour tout contrôler et éviter à tout prix les émeutes, les rébellions et surtout la crise. Bird a 12 ans, il est calme mais rêveur et vit seul avec son père depuis la disparition soudaine de sa mère. Son père, linguiste fasciné par les livres, est bibliothécaire à Harvard. Mais les livres ont été peu à peu interdits, notamment ceux d'auteurs et autrices d'origine chinoise car il se dit que la Chine est la cause de la crise passée. D'ailleurs, des enfants vivant dans des familles asiatiques sont "déplacés" (en fait, enlevés !) pour être mieux éduqués. Bird reçoit un jour une lettre dessinée de sa mère et il est bien décidé à la décoder pour enfin la retrouver et comprendre pourquoi elle est partie des années auparavant.
"Nos cœurs disparus" est un roman très doux et agréable à lire. Le lecteur se laisse facilement porter par ses personnages très attachants.

Après « Hamnet » et une plongée dans la vie familiale de Shakespeare, changement de décor pour le nouveau roman de Maggie O’Farrell qui nous emporte tout droit dans la Renaissance italienne où elle dresse avec talent le portrait de Lucrèce de Médicis.

XVIème siècle. Lucrèce, fille de Cosme 1er, duc de Toscane et d’Éléonore de Tolède, grandit entourée de ses nombreux frères et sœurs. Pourtant elle n’est pas comme eux : c’est une enfant curieuse. Amoureuse des animaux, elle est la seule à caresser un tigre. Passionnée de peinture, elle en fait son passe-temps. Lucrèce c’est l’esprit sauvage de la famille, animée par une envie de liberté. Malheureusement, Lucrèce va connaître une fin tragique. Mariée à 15 ans au duc de Ferrare, elle meurt un an plus tard d’une mystérieuse fièvre, sans jamais avoir donné d’héritier à son Altesse Alphonse.
Dans « Le Portrait de mariage », Maggie O’Farrell s’empare de la vie de Lucrèce dont on ne sait que peu de choses. Il demeure pourtant une rumeur selon laquelle elle ne serait pas morte d’une fièvre mais empoisonnée par son époux. Comme pour son précédent roman, Maggie O’Farrell réécrit l’histoire de cette femme avec une construction narrative qui fait des allers-retours dans le temps mêlant l’enfance de Lucrèce à sa nouvelle vie d’épouse. L’intrigue prend forme et se met en place doucement au gré des humeurs changeantes du duc.
Avec son écriture délicate, son talent pour créer des ambiances d’époque, l’autrice peint un tableau d’une grande beauté, celui du destin poignant de cette jeune duchesse, une femme intelligente, à l’esprit curieux, une artiste singulière.

À l’est de l’Europe, dans la Zone Résidentielle où sont isolés les Juifs au début du 20ème siècle, vit Henni, une petite fille de 8 ans, avec sa famille dans un village des plus ordinaires. Henni admire sa grande soeur Zelda. Elle est pour elle un modèle à suivre, son point de repère dans la vie. À la fin de l’hiver, un groupe d’hommes pénètrent dans la maison, comme dans tant d’autres, pour voler, pour tuer. De la violence de cette scène, rien n’est dit, tout est suggéré. Dans la panique, on voit Henni réussir à s’enfuir avec Zelda. Bientôt, elles retrouvent dehors leur grand frère Lev .

« Les ciels furieux » c’est vingt-quatre heures de la vie de cette petite fille. C’est autant d’heures en suspens, intenses, à marcher avec Henni, à essayer de comprendre, à se demander ce qu’il reste de la maison, ce qu’il reste de la famille. Dans le froid de l'hiver, Angélique Villeneuve dresse le portrait de cette enfant qui fait preuve d’un grand courage pour son jeune âge, d’une maturité portée par l’amour pour ses proches. L’autrice mêle poésie et violence de l’être humain dans une écriture qui vacille entre réalité et imagination de l’enfant.

Le Caire, 1961. Un père demande à son fils ce qu'il veut faire plus tard : ingénieur ou médecin ? Tarek est bien embêté. Et puis, il ne sait pas vraiment ce que signifie "ingénieur", alors que médecin, oui, ça lui parle puisque c'est le métier de son père : le docteur Thomas Seidah. Alors, le jeune Tarek répond "médecin". Il semble que ce soit la bonne réponse puisque son père a l'air satisfait et allume sa pipe.
Après une ellipse de plusieurs années, on retrouve le jeune Tarek devenu chirurgien. Il exerce entre la clinique de son père et l'hôpital américain. Son père vient de mourir et il est l'héritier. Un lourde charge dans ce monde bourgeois et occidentalisé. Tarek prend donc la suite de son père, entouré de sa mère, de sa sœur Nesrine dont il est très proche et de Fateyha, la domestique.
Son échappée, c'est le dispensaire bâti à son initiative dans le quartier pauvre de Moqattam, où il se rend un jour par semaine pour y soigner gratuitement les gens.
C'est là que Tarek rencontre le jeune Ali. La mère de ce dernier est atteinte de la maladie de Huntington. Cette rencontre est un tournant et une grande amitié s'installe entre la malade et son médecin au point qu'elle fait promettre à Tarek de s’occuper de son fils Ali quand elle ne sera plus là. Cette rencontre correspond aussi au moment où Tarek retrouve Mira, son amour de jeunesse perdue.
La femme, la mère, la bonne, la soeur, toutes vont jouer un rôle essentiel dans la vie de Tarek.
La première partie du livre est écrit à la deuxième personne du singulier. Elle s’adresse à "toi", titre de ce premier grand chapitre qui nous touche très rapidement. Le lecteur est pris par cette grande tragi-comédie humaine qui assigne les personnages à des places dont ils on du mal à se départir.
La deuxième partie du livre vient éclairer la première, les mystères s'éclaircissent, on est ému. L'histoire de ce roman est portée par une structure narrative et une écriture parfaitement maîtrisées. Grand coup de cœur.

Elle s'appelle Claude.
Elle a la quarantaine.
Elle est interrogée par la police.
Il semblerait qu'elle soit accusée de meurtre.
Il y a ce que Claude avoue à la police et il y a ce qu'elle confie au lecteur.
Tout est parti d'une annonce : - TARN - Hameau à vendre avec 4 maisons, 2 granges, 2.5 hectares de parés. Pas de voisins proches, rénovations à prévoir.
Quand Claude tombe sur cette annonce, elle traverse une période de crise à laquelle elle ne s'était pas préparée. Divorcée, mère d'un adolescent à qui le système scolaire ne convient pas, tout juste opérée d'une hystérectomie, Claude a perdu son centre de gravité.
Son goût pour la vie va revenir doucement grâce à sa rencontre improbable avec Élie, septuagénaire ayant vécu dans une communauté de femmes dans l'Oregon, et puis d'Harriet, une vieille anglaise irrésistible. Viendra ensuite la jeune Anna.
Nourrie par ses lectures sur le béguinage et par les récits d'Élie sur ses expériences passées, le projet d'achat du hameau prend forme.
Alors, qu'est-ce-qui a mal tourné ? Pourquoi le roman s'ouvre-t'il sur une scène de meurtre ?
Sophie Pointurier nous embarque immédiatement aux côtés de Claude et de sa bande originale et attachante en évoquant toutes les utopies féministes et en confrontant plusieurs générations de femmes. Grâce à ses personnages atypiques, elle brosse un portrait de notre société occidentale avec une grande justesse, parfois violente, mais elle le dit aussi avec beaucoup d'humour et d'amour.