Entre suspens, aventure et fantastique, George R.R. Martin réussit à rendre hommage à la fois à l’histoire du Mississippi et de ses fameux bateaux à aubes mais aussi à la grande légende des vampires. Au XIXe siècle, Abner Marsh, propriétaire d’une petite compagnie de transport sur le fleuve, après quelques réticences, se réjouit de la proposition du riche et mystérieux Joshua York de lui construire le plus somptueux des bateaux du Mississippi alors que son entreprise est au bord de la faillite. Hélas dans le sillage du "Rêve de Fèvre", les morts s’accumulent tandis que le charismatique Joshua s’absente régulièrement pour d’énigmatiques virées nocturnes. On se laisse prendre par cette ambiance sombre et ces personnages atypiques.

En 1974, John Gaines, vétéran du Vietnam, est désormais shérif du comté de Whytesburg. Il est chargé d’une affaire des plus étranges : une jeune femme disparue depuis seize ans, Nancy Denton, a été retrouvée dans la boue, avec dans son cœur un panier contenant le cadavre d’un serpent. La tête embrumée par les fantômes de la guerre, avec pour seule piste un groupe de gamins soudés comme les doigts de la main vingt ans plus tôt, John va devoir élucider ce mystère. Une enquête dans le Sud profond des États-Unis, au cœur des tensions raciales des années 70 et dans un milieu où règnent des hommes influents et une justice corrompue, le vétéran n’est pas au bout de ses peines. Comme à son habitude, Ellory qu’on ne présente plus, nous prouve son talent à écrire la part la plus sombre de l’humain.

Nola Céspedes, jeune femme d’origine cubaine au caractère bien trempé, rêve d’évoluer enfin dans son métier de journaliste. Elle n’en peut plus de ces articles ennuyeux qu’on l’oblige à rédiger pour la section « Loisirs » de son journal. Elle est donc particulièrement motivée par la proposition de son rédacteur en chef lorsqu’il lui demande d’enquêter sur la réinsertion d’anciens délinquants sexuels éparpillés un peu partout suite au passage de l’ouragan Katrina. Parallèlement il semble qu’un tueur en série sévisse dans le Vieux Carré. Avec Nola, le lecteur s’enfonce dans les quartiers de la Nouvelle-Orléans, leurs secrets et leur histoire, auxquels Joy Castro donne vie, et il s’attache rapidement à cette pétillante journaliste et son entourage.

Dès le début du roman, le lecteur sait qu’un drame a eu lieu à Lakeland, petite ville du Mississippi, et qu’un procès s’y est tenu. Thomas H. Cook plante également le décor : la société américaine des années cinquante gangrénée par la ségrégation raciale et sociale. Enfin, il choisit deux personnages bien particuliers : Jack, un jeune homme blanc, professeur, fils de professeur, issus d’un milieu privilégié et qui enseigne une matière atypique : le Mal à travers les âges. Et Eddie, élève introverti, à l’histoire familiale compliquée. En mêlant passé et extraits de procès grâce à des flash-backs, l’auteur tient son lecteur en dévoilant l’histoire de chacun avec une thématique marquée par les relations père et fils. Une lecture oppressante et envoûtante.

"Sous la lumière cruelle" est le premier tome de la trilogie des aventures du détective René Shade, il est préfacé par James Ellroy. À Saint-Bruno, petite ville cernée par les bayous, découpée en quartiers, le lecteur fait connaissance avec la famille Shade : François qui travaille au bureau du procureur, Tip qui tient un bar et René, notre héros policier. Un René que beaucoup de monde pousse à clôturer son enquête sur le meurtre d’un conseiller municipal noir, une insistance derrière laquelle se cachent bien évidemment la corruption, le racisme, la pègre et la bêtise humaine. On notera, avec James Ellroy, la grande place laissée à l’oralité dans ce roman noir rythmé par l’argot du Sud.
À lire aussi : "Battement d’aile" et "Les ombres du passé".