Pour l'amour des livres
EAN13
9782246818465
Éditeur
Grasset
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Pour l'amour des livres

Grasset

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«  Nous naissons, nous grandissons, le plus souvent sans même en prendre la
mesure, dans le bruissement des milliers de récits, de romans, de poèmes, qui
nous ont précédés. Sans eux, sans leur musique en nous pour nous guider, nous
resterions tels des enfants perdus dans les forêts obscures. N’étaient-ils pas
déjà là qui nous attendaient, jalons laissés par d’autres en chemin, dessinant
peu à peu un visage à l’inconnu du monde,  jusqu’à le rendre habitable  ? Ils
nous sont, si  l’on y réfléchit, notre première et notre véritable demeure.
Notre miroir, aussi. Car dans le foisonnement de ces histoires, il en est une,
à nous seuls destinée, de cela, nous serions prêt à en jurer dans l’instant où
nous nous y sommes reconnus  – et c’était comme si, par privilège, s’ouvrait
alors la porte des merveilles.
Pour moi, ce fut la Guerre du feu, «  roman des âges farouches  » aujourd’hui
quelque peu oublié. En récompense de mon examen réussi d’entrée en sixième ma
mère m’avait promis un livre. Que nous étions allés choisir solennellement à
Morlaix. Pourquoi celui-là  ? La couverture en était plutôt laide, qui
montrait un homme aux traits simiesques fuyant, une torche à la main. Mais dès
la première page tournée… Je fus comme foudroyé. Un monde s’ouvrait devant
moi…
Mon enfance fut pauvre et solitaire entre deux hameaux du Finistère, même si
ma mère sut faire de notre maison sans eau ni électricité un paradis, à force
de tendresse et de travail. J’y ai découvert la puissance de libération des
livres, par la grâce d’une  rencontre miraculeuse avec un instituteur, engagé,
sensible, qui m’ouvrit sans retenue sa bibliothèque.
J’ai voulu ce livre comme un acte de remerciement. Pour dire simplement ce que
je dois au livre. Ce que, tous, nous devons au livre. Plus nécessaire que
jamais, face au brouhaha du monde, au temps chaque jour un peu plus refusé, à
l’oubli de soi, et des autres. Pour le plus précieux des messages, dans le
temps silencieux de la lecture  : qu’il est en chacun de nous un royaume, une
dimension d’éternité, qui nous fait humains et libres. »

M. L. B.
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