Le grenier des enfers
EAN13
9782809801705
ISBN
978-2-8098-0170-5
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Suspense
Nombre de pages
462
Dimensions
24 x 15,5 x 3,1 cm
Poids
578 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Code dewey
849
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Le grenier des enfers

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Suspense

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DES MÊMES AUTEURS CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

Croisière maudite, 2009.
Le Livre des trépassés, 2008.
Relic, 2008.
Danse de mort, 2007.
Le Violon du diable, 2006.
Les Croassements de la nuit, 2005.
La Chambre des curiosités, 2003.
Ice Limit, 2002.

DE DOUGLAS PRESTON

Credo, le dernier secret, 2009.
T-Rex, 2008.
Le Codex, 2007.

Ce livre a été publié sous le titre
Reliquary
par Forge, New York, 1997.

www.editionsarchipel.com

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34, rue des Bourdonnais 75001 Paris.
Et, pour le Canada,
à Édipresse Inc., 945, avenue Beaumont,
Montréal, Québec H3N 1W3.

eISBN 978-2-8098-1170-4

Copyright © Douglas Preston et Lincoln Child, 1997.
Copyright © Robert Laffont, 1999, pour la traduction française.
Copyright © L'Archipel, 2009, pour la présente édition.

À ma fille, Veronica
L.C.

À James Mortimer Gibbons
D.P.

Nous écoutons l'inexprimé,
nous contemplons l'invisible.
Kakuzo Okakura, Le Livre du thé

PREMIÈRE PARTIE

VIEUX OS

1

Snow vérifia le détendeur, les deux valves et fit courir ses doigts le long de sa combinaison de plongée. Tout était en ordre, exactement comme lors de sa vérification précédente, quelques instants plus tôt.

— Encore cinq minutes, dit le brigadier-chef en réduisant de moitié la vitesse du canot.

— Génial, ironisa Fernandez en criant pour couvrir le bruit du moteur. On va s'éclater !

Personne ne releva. Snow avait déjà remarqué que les conversations tournaient court à l'approche d'un site.

Il regarda vers la poupe. L'écume dessinait un V brunâtre à la surface de la Harlem River qui, large à cet endroit, coulait paresseusement sous la brume grise en cette chaude matinée d'août. Il tourna la tête vers la rive, grimaçant légèrement quand le tuyau en caoutchouc lui pinça la peau du cou. De hauts immeubles aux vitres brisées. Des carcasses d'entrepôts et d'usines désaffectés. Un terrain de jeu à l'abandon. Ah non, pas tout à fait : un enfant se balançait à un portique rouillé.

— Hé, maître plongeur, lui cria Fernandez. Vérifie que tu n'as pas oublié de mettre ta Pampers !

Snow rajusta ses gants sans quitter la rive des yeux.

— La dernière fois qu'on a envoyé un puceau pour un plongeon pareil, poursuivit Fernandez, il a chié dans sa combinaison. J' te dis pas ! Et on était au large de Liberty Island. Une promenade de santé, comparé au Cloaca.

— Ferme-la, Fernandez, dit le brigadier-chef sans élever la voix.

Snow continuait à regarder au-delà de la poupe. À son arrivée à la brigade fluviale, fraîchement débarqué des services de police de New York, il avait commis une erreur grossière : mentionner le fait qu'il avait déjà travaillé sur un bateau de plongée dans la mer de Cortés. Il avait appris, mais trop tard, que plusieurs hommes de la fluviale venaient du privé et avaient travaillé sur des plates-formes de forage à l'installation de câbles et à l'entretien de pipelines. À leurs yeux, les plongeurs tels que lui étaient des mauviettes chouchoutées et sous-qualifiées qui ne connaissaient que l'eau claire et le sable propre. Fernandez, en particulier, se chargeait de ne pas le lui faire oublier.

Le canot pencha lourdement à tribord quand le brigadier-chef manœuvra pour se rapprocher de la rive. Il ralentit encore tandis qu'ils arrivaient à hauteur d'un groupe serré d'immeubles. Soudain, l'entrée d'un petit tunnel apparut, brisant la monotonie des façades de béton gris. Le brigadier-chef engagea le canot sous le tunnel et ressortit de l'autre côté, dans le demi-jour. Snow prit conscience d'une odeur indéfinissable qui montait des eaux agitées. Ses yeux le picotèrent et il réprima une toux. À l'avant du canot, Fernandez se retourna, l'air railleur. Sa combinaison était encore ouverte, et Snow vit qu'il portait le tee-shirt de l'équipe de la brigade fluviale orné de la devise officieuse : « À la pêche aux merdes, merdes, merdes, je ne veux plus aller, maman ! » Cette fois, la « merde » en question était un paquet contenant un kilo d'héroïne jeté du Humboldt Rail Bridge durant une fusillade avec la police la veille au soir.

Des deux côtés, l'étroit canal était bordé de digues de béton. Devant, une vedette de la police, arrêtée sous le pont de chemin de fer, moteur coupé, tanguait légèrement dans le clair-obscur. Snow vit deux personnes à bord : le pilote et un homme costaud en costume. Il était un peu dégarni et un cigare mouillé pendait au coin de sa bouche. Il rajusta son pantalon, cracha dans l'eau et leva la main pour les saluer.

— Regardez donc qui est là, fit le brigadier-chef avec un signe de tête en direction de la vedette.

— Le lieutenant D'Agosta, répondit l'un des plongeurs à l'avant. C'est mauvais, ça.

— Comme chaque fois qu'un flic se fait buter, dit le brigadier-chef.

Il coupa le moteur du canot et manœuvra de telle sorte que les deux bateaux soient bord à bord. D'Agosta recula pour parler avec l'équipe de plongeurs. Sous son poids, la vedette donna de la bande et Snow vit que l'eau avait laissé un dépôt huileux et verdâtre sur la coque.

— Salut, fit D'Agosta.

Dans l'obscurité qui régnait sous le pont, le lieutenant de police, le teint rouge, les regardait en clignant des yeux telle une pâle créature de l'ombre qui craindrait la lumière du jour.

— Je vous écoute, lui répondit le brigadier-chef tout en fixant un bathymètre à son poignet.

— Le coup de filet a mal tourné, dit D'Agosta. Il se trouve que ce n'était qu'un coursier. Il a lancé la came pardessus ce pont. Ensuite, il a buté un flic et s'est fait descendre. Si on retrouve l'héro, on pourra classer cette affaire de merde.

— Si le type a été tué, pourquoi faire appel à nous? demanda le brigadier-chef avec un soupir.

— Quoi, fit D'Agosta en secouant la tête, vous voudriez laisser un bon kilo d'héroïne dormir au fond de l'eau ?

Snow leva les yeux. Entre les poutrelles noires du pont, il distingua les façades calcinées d'entrepôts. Un millier de fenêtres sales se reflétaient dans l'eau croupie. Pas de chance, songea-t-il, que le coursier ait jeté le paquet dans le Humboldt Kill, rebaptisé le Cloaca maxima – du nom du plus célèbre égout de la Rome antique – à cause des ordures, déchets toxiques, cadavres d'animaux et dichlorobenzènes qui s'y étaient accumulés au fil des ans. Une rame de métro passa lourdement au-dessus d'eux, vibrante et crissante. Le bateau vacilla sous ses pieds, et la surface de l'eau visqueuse sembla trembloter légèrement, comme de la gelée.

— OK, les mecs, dit le brigadier-chef. À la baille !

Snow se concentra sur sa combinaison. Il savait qu'il était un excellent plongeur. Originaire de Portsmouth, il avait pour ainsi dire grandi dans la Piscataqua River et avait sauvé la vie de plus d'un quidam. Plus tard, dans la mer de Cortés, il avait chassé le requin et plongé à plus de soixante mètres de profondeur. Malgré cela, ce plongeon-là ne l'inspirait guère.

Il ne s'était jamais approché du Cloaca, mais l'équipe ne cessait d'en parler à la base. De tous les lieux de plongée infects de New York City, le Cloaca était le pire. Pire que l'Arthur Kill, pire que le Hell Gate, pire, même, que le Gowanus Canal. Autrefois, c'était un affluent important de l'Hudson River qui traversait Manhattan juste au sud de Sugar Hill, dans Harlem. Mais des « siècles » sans entretien en avaient fait un ruban d'eau croupie – une décharge liquide charriant tout ce qu'on pouvait imaginer.

Snow attendit son tour pour décrocher ses bouteilles d'air comprimé puis s'harnacha en se dirigeant vers la poupe. Il ne s'était pas encore habitué à sa combinaison de plongée, étriquée et lourde. Le brigadier-chef vint vers lui.

— Paré ? lui demanda-t-il de sa voix de baryton.

— Je crois, chef. Où sont les lampes frontales ?

Son supérieur le regarda, interdit.

— Ces immeubles arrêtent la lumière du soleil. Il va bien nous falloir des lampes si on veut y voir quelque chose, non?

— Ça ne ferait aucune différence, lui répondit le brigadier-chef avec un sourire. Le Cloaca fait dans les six mètres de profondeur. Au-dessous, il y a trois à quatre mètres de limon en suspension. Dès que tes palmes toucheront ce limo...
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