Tu écriras sur le bonheur
EAN13
9782267020564
ISBN
978-2-267-02056-4
Éditeur
Christian Bourgois
Date de publication
Collection
Titres
Nombre de pages
346
Dimensions
18 x 11,2 x 1,8 cm
Poids
257 g
Code dewey
809
Fiches UNIMARC
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Tu écriras sur le bonheur

De

Christian Bourgois

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Cet ouvrage réunit l'ensemble des préfaces écrites par Linda Lê pour certains textes de la collection de classiques du Livre de Poche.

Dans sa préface à toutes ses préfaces, elle expose son parti pris, revendiquant le statut de lecteur, qu’elle nomme joliment « goûteur ». En effet, plutôt que d'être critique ou exégète, elle a avant tout l’envie de communiquer ce goût et d’inviter le lecteur à flâner lui aussi parmi ces chefs d'œuvre. Elle mêle ainsi ses commentaires aux anecdotes sur la vie de l'écrivain, sur son caractère en même temps qu'elle développe une réflexion argumentée et imagée sur le texte présenté. Les écrivains évoqués sont aussi divers que Kôbô Abé, Machado de Assis, Boulgakov, Lawrence Durrell, Giraudoux, Hamsun, Bohumil Hrabal, Kadaré, Kawabata, Klaus Mann, Sciascia, Schnitzler, André Suarès, Tsvétaeva.

« C'est un peu le jardin littéraire de Linda Lê, qui adopte ici le ton de la promenade érudite, pour nous donner à partager ses lectures. Sereine, toujours juste dans ses observations, d'Ingeborg Bachmann à Dürenmatt, de Connolly à Bohumil Hrabal, en passant par Klaus Mann, Ernst Weiss et quelques autres, elle dessine un paysage de "sang, de chair et de nerfs", qui ne sombre jamais dans une perspective douloureuse, bien que le désastre soit toujours proche. L'on s'étonne même de cette langue si raffinée pour l'évoquer. "L'enterrement des étoiles dans la fausse commune" est montré d'un geste nonchalant, avec cette diligence désinvolte du courtisan qui sait tout le talent qu'il faut déployer pour faire face à l'idiotie du réel. "Vouloir écrire sur le bonheur, c'est vouloir attendre la floraison d'un cactus", nous dit Linda Lê. Sans doute. C'est déplacer la justification de ce vouloir, entretenir en quelque sorte la machine à écrire pour en libérer les rouages, avec, encore une fois, cette maturité du courtisan qui sait de quelles impuissances relève l'économie de la jouissance.

La tâche de l'écrivain, écrit-elle plus loin dans un ultime texte où il est question de l'identité qu'on voudrait lui voir endosser, est de produire "une parole déplacée, puisqu'elle se place au cœur de la douleur sans chercher à lénifier cette douleur avec la panacée des mots". Pour qui refuse à l'art son pouvoir de célébration, ou de consolation, cette assertion ouvre tout de même un bien paradoxal chemin : celui de l'exil reçu comme croix et comme bénédiction. Sans doute tout écrivain doit-il s'exiler dans sa langue, surtout si elle est maternelle, pour ne pas sombrer sous le poids de son langagier. Qu'il se mette en route ne commande pour autant pas ces détours incertains et pour tout dire, trop habituels dans le contexte de la littérature française. Gombrowicz parcourut joyeusement dans sa langue maternelle un chemin non nécessairement pavé d'épines. Dépouillé du martyrologue polonais, pour paraphraser le tchèque Ladislav Klima, il était passé maître dans l'art de tout amocher. Le devait-il au seul génie de sa langue ? Rabelais en fit autant dans la nôtre, pourtant si réfractaire à l'amochage public. » (Joël Jégouzo)

Née en 1963 au Viêt-nam, Linda Lê avoue volontiers qu’elle n’a plus une connaissance intime de sa langue natale. Le français, appris dès l’enfance, à Saigon, est devenu, sinon sa patrie, du moins un espace mouvant qui lui permet tout ensemble de se désabriter et de trouver une ancre flottante. Arrivée en France en 1977, deux ans après la fin de la guerre du Viêt-nam, elle a pris le chemin de la littérature. Après trois livres parus lorsqu’elle était très jeune, elle a publié Les Evangiles du crime dont une presse unanime a salué l'originalité exceptionnelle. En 1993, Christian Bourgois a édité son cinquième livre, le roman Calomnies (traduit et publié aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et au Portugal) puis en 1995, Les dits d'un idiot. Les Trois Parques et Voix ont paru chez Christian Bourgois Editeur en 1998, Lettre morte en 1999, Personne en 2003 et Kriss/L’homme de Porlock en 2004.

Publié pour la première fois en recueil en 1999, ce livre est resté épuisé pendant plusieurs années. Il est reparu au format de poche en novembre 2009, en complément l’invitation à la lecture déjà transmise par Linda Lê en janvier 2009 dans Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. Il est remis en vente en août 2010 à l’occasion de la parution de son nouveau roman, Cronos, au même office.

« Stevenson disait de l’artiste qu’il est fils de joie, comme il est des filles de joie. C’est une définition qu’on appliquerait volontiers au lecteur, s’il sait reconnaître ce qu’il attend et, en lisant, parler avec son double intime, ce frère secret que chaque livre révèle en soi. Fils de joie, il écoutera le chœur pathétique des hommes comme un épithalame, il ira là où il est étranger, là, disait Ungaretti, « où ce n’est pas un péché, un sacrilège d’être curieux de soi dans les choses qu’on aime. » » (Linda Lê)

« Les commentaires s’apprécient comme autant de nouvelles car, ainsi qu’elle l’indique en avant-propos, Linda Lê « ne se veut ni exégète ni critique, simplement […] goûteur ». L’analyse n’en est pas moins fine, mêlant analyses et éclats biographiques. Loin du mausolée littéraire, c’est son propre paysage qu’elle déploie au fil des textes, sans emphase aucune, mais toujours avec cette volonté de donner envie d’aller lire au plus près. » (Thomas Stélandre, Le Magazine littéraire, mars 2010)
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