Regards sur les Indes englouties

Quels fut le regard des indianistes français du premier vingtième siècle sur les Indes ? Cette contrée aux paysages colorés aurait pu devenir une véritable puissance géopolitique, rayonnant vers l’Indochine, la Chine, la Corée et jusqu’au Japon si elle s’était appuyée sur le bouddhisme. Toutefois, l’invasion musulmane génère une séparation chimique par électrolyse entre deux composantes : le bouddhisme superficiel et le brahmanisme profond. Elle dissout le bouddhisme indien pour le rejeter à l’extérieur, tout en transformant le sous-continent en un espace religieusement amnésique et géopolitiquement invertébré. Cet échec extérieur s’accompagne du triomphe intérieur des brahmanes. Le système des castes s’avère en effet très résilient face à la violence armée. Celui-ci permet à l’Inde de réguler l’anarchie générée par le pullulement indéfini de la vie, et finalement de perpétuer une civilisation originale même si elle est géographiquement isolée.