Romantisme et thermalisme

Avant-propos
L’Auvergne fut un pays lointain, bien étrange, pour les Romantiques français. Ce fut le cas pour le premier d’entre eux, le Vicomte François-René de Chateaubriand (1768-1848) qui va nous escorter tout au long de ce livre. Les extraits de ses oeuvres littéraires seront égrenés le long de cet ouvrage dans une forme de lettrage qui lui sera appliquée pour le différencier. Cela permettra de vous immerger dans ce mysticisme intellectuel qui accapara toute l’Europe dès la fin du XVIIIe siècle pour se propager pendant plus d’un siècle.
Face à la baie de Saint-Malo, je m’arrête régulièrement, tel un contemplatif, devant la tombe de cet illustre personnage. Située sur l’île du Grand Bé, en vue de la cité corsaire, elle est accessible à marée basse. Son dernier repos, oh combien romantique, contemple à tout jamais des couchers de soleil sur la Manche d’une mélancolie à nulle autre pareille. On peut dire qu’il appliqua à la lettre les pensées qui l’animèrent :
« Vous qui aimez la gloire, soignez votre tombeau ; couchez-vous-y bien ; tâchez d’y faire bonne figure, car vous y resterez. »
Dans ce pèlerinage intellectuel, je me fais également un plaisir d’aller prendre une collation dans sa demeure familiale. L’Hôtel-Restaurant « Chateaubriand » à Saint-Malo, l’Hôtel-Restaurant « Belle Meunière » à Royat… sont de rares lieux mythiques de l’hôtellerie et de la restauration françaises qui ont encore gardé ce petit supplément d’âme que les autres n’ont pas. Cela les distingue irrémédiablement de la standardisation grandissante. Les derniers Romantiques n’y seront pas insensibles.
« C’est dans les bois de Combourg
que je suis devenu ce que je suis »
Comme point d’orgue de ce triptyque mémorial, non loin de là, son château natal à Combourg aura raison de vous initier à cette mélancolie tumultueuse, appropriée au Romantisme qui berça pendant quelques décennies la vallée de Royat. Quant à ses Mémoires d’Outre-tombe, dont je puise certains passages dans ce modeste recueil, vous y trouverez l’histoire de l’un des pères du Romantisme français.