Introduction à l'historiographie
EAN13
9782200340674
ISBN
978-2-200-34067-4
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
DD.HISTOIRE
Dimensions
18 x 13 x 1,1 cm
Poids
127 g
Langue
français
Code dewey
907.2
Fiches UNIMARC
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Introduction à l'historiographie

De

Armand Colin

Dd.Histoire

Indisponible

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2Conception de couverture : Noémi Adda

Conception graphique interieure : Agence Média

Réalisation PAO : Isabelle Cueille

© Armand Colin, Paris, 2004, pour la présente impression

© Éditions Nathan, 1994

9782200280857 – 1re publication

Avec le soutien du

www.centrenationaldulivre.fr128Dans la même collectionSérie « Histoire »

1. Vincent Milliot, Pouvoirs et Société dans la France d'Ancien Régime.

6. Pierre Guillaume, Initiation à l'histoire sociale contemporaine.

8. Sylvie Guillaume, Histoire politique comparée : Grande-Bretagne, R.F.A., France, 1945-1991.

11. Anne Dulphy, Histoire de l'Espagne de 1814 à nos jours.

26. Benoît Garnot, La Justice en France de l'an mil à 1914.

32. Annie Molinié-Bertrand, Vocabulaire historique de l'Espagne classique.

34. Ralph Schor, Crises et dictatures dans l'Europe de l'entre-deux-guerres, 1919-1939.

35. Claude Mossé, Le Citoyen dans la Grèce antique.

60. Anne Dulphy, La Politique extérieure de la France depuis 1945.

68. Vincent Milliot et Olivier Wieviorka, Méthode pour le commentaire et la dissertation historiques.

80. Didier Poton et Patrick Cabanel, Les Protestants français du XVIe au XXe siècle.

81. Bertrand Lançon, L'État romain.

91. Pierre Sicard, Histoire économique des États-Unis depuis 1945.

100. Catherine Maignant, Histoire et civilisation de l'Irlande.

101. Annie Molinié-Bertrand, Vocabulaire historique de l'Amérique espagnole.

111. Vincent Milliot, Cultures, sensibilités et société dans la France d'Ancien régime.

118. Paul Delsalle, Lexique des archives et documents historiques.

126. Paul Delsalle, Vocabulaire historique de la France moderne-XVIe-XVIIe-XVIIIe siècles.

Édition : Claire Hennaut

91LA PÉRIODE MÉDIÉVALE : UNE HISTOIRE CHRÉTIENNE

Durant la période médiévale (du Ve au XVe siècle), l'histoire est considérée, de façon assez constante, comme une discipline mineure dans un monde imprégné de christianisme. Aussi historiens et philosophes ont-ils longtemps pensé que la société médiévale avait en quelque sorte ignoré l'histoire. Certes, le Moyen Âge a produit une œuvre historique abondante, mais celle-ci, d'après l'analyse des historiens des époques ultérieures, resterait trop liée à une vision chrétienne des événements, sans distance critique de la part des auteurs et de leur public. On se trouverait en présence d'une société qui se référerait constamment au passé et aux « autorités », sans indépendance intellectuelle.1. UNE HISTOIRE INJUSTEMENT SOUS-ESTIMÉE1.1 La tradition historiographique

Un solide mépris est longtemps demeuré de règle à l'égard de la production historique médiévale. Les premiers responsables en sont les humanistes de la Renaissance. Passionnés par la civilisation romaine, ils réduisent à des « âges obscurs » les siècles intermédiaires. Ce sentiment est bien traduit par l'expression inventée alors de « medii aevi », c'est-à-dire « âges moyens » entre les deux seules périodes dont la vitalité créatrice mérite de l'intérêt : l'Antiquité et la Renaissance. On accuse de façon rapide les auteurs des Ve-XVe siècles de n'avoir ni pu ni voulu faire œuvre d'historiens, à la fois parce qu'il leur manque l'appareil documentaire nécessaire et plus encore parce qu'ils sont mal armés intellectuellement. En effet l'histoire n'existe pas en tant que telle. Elle n'occupe qu'une place mineure loin derrière la théologie, le droit et les « arts ». Elle 10n'apparaît que comme une servante de la religion, une auxiliaire de la liturgie (à qui elle fournit, par exemple, les justifications « historiques » des fêtes du calendrier chrétien), sans qu'elle puisse acquérir son autonomie et devenir un genre à part entière.

Dès le XIIe siècle, Hugues de Saint Victor affirme pourtant : « L'histoire est le fondement même de toute science », mais il n'est guère suivi ; les hommes du Moyen Âge lient surtout de façon très étroite histoire et morale, la première n'étant que pourvoyeuse d'exemples destinés à illustrer un discours édifiant. Cette lecture de l'histoire explique d'ailleurs la très grande vogue que connaissent à l'époque médiévale les historiens latins, Salluste et Lucain surtout, et de façon plus générale l'histoire romaine. La codicologie (c'est-à-dire l'étude des recueils de manuscrits) vient renforcer cette impression qu'il s'agit d'une discipline mineure et mal définie : les livres d'histoire sont le plus souvent classés dans les manuscrits médiévaux à la rubrique « prophéties », ou encore dans les textes hagiographiques (vie des saints) ; lorsqu'existe un inventaire de bibliothèque, il n'y a pas de rubrique spécialisée d'histoire ; il faut attendre le catalogue de la bibliothèque de la Sorbonne, en 1338, pour voir apparaître une section « histoire » qui comporte des ouvrages d'histoire biblique, l'Histoire scolastique de Pierre le Mangeur, etc., et une section « chronique », dans laquelle sont classées des hagiographies.

Dès le XVe siècle, les travaux des historiens, qui reprennent les sources et s'acharnent à démontrer les erreurs de leurs prédécesseurs, contribuent à l'exécrable réputation de l'historiographie médiévale. Les anecdotes sont nombreuses et complaisamment citées qui montrent combien les auteurs médiévaux confondent les périodes : ainsi ce conseiller d'Isabeau de Bavière (cité par Bernard Guenée), qui fait de Trajan un contemporain de Charlemagne « roi de France ». On a beaucoup mis l'accent aussi, dans la littérature historique médiévale, sur le poids de l'hagiographie et le goût du merveilleux chrétien, présentés comme autant d'obstacles à une pensée historique.

En fait, les travaux historiques récents font largement justice de cette vue simpliste, et Bernard Guenée insiste sur le réel effort qu'ont fourni les historiens du Moyen Âge en dépit de lourdes difficultés :

11C'est dès le Moyen Âge que les techniques dont nous sommes si fiers ont commencé de se développer. À trop laisser notre suffisance et notre ignorance marquer les faux pas de l'érudition médiévale, nous serions bien ingrats. Les historiens d'aujourd'hui sont peut-être des géants, les historiens du Moyen Âge étaient peut-être des nains. Mais ces géants-ci sont assis sur les épaules de ces nains-là. (Histoire et culture historique dans l'Occident médiéval, Paris, 1980.)

Clin d'œil à ses lointains devanciers, Bernard Guenée reprend la célèbre formule de Bernard de Chartres, au début du XIIe siècle : « Nous sommes des nains juchés sur les épaules des géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aiguë et notre taille plus haute, mais parce qu'ils nous portent en l'air et nous élèvent de leur hauteur gigantesque. »

En dix siècles, la production historique a beaucoup évolué et s'est diversifiée au gré des intérêts, des publics, des ouvertures nouvelles. On peut distinguer deux grandes phases : du Ve au XIIe siècle, l'histoire est écrite par des clercs, intimement liée à la religion, et souffre d'une réelle insuffisance de matériel technique qui interdit aux historiens d'élaborer une méthode sûre. Au XIIe siècle, le début de l'essor urbain, l'enrichissement général et le développement de la théologie vont considérablement modifier le contexte de la production historique et lui permettre de se renouveler. Un public plus vaste de clercs mais aussi de laïcs s'intéresse à l'histoire, les croisades apportent de nouveaux horizons culturels, un goût pour le récit historique et l'envie de raconter les exploits. Parallèlement, le pouvoir royal s'affirme et passe commande d'histoires officielles qui fondent le sentiment national. Sous ces influences diverses, l'histoire acquiert progressivement son autonomie en tant que discipline intellectuelle.1.2 Les documents dont dispose l'historien médiéval

Une des difficultés principales à laquelle se heurte l'historien est de disposer d'un matériel documentaire suffisant. Cependant, les principes de la méthode sont posés et, dès le VIIIe siècle, l'historien anglo-saxon 12Bède les rappelle dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais, lorsqu'il indique qu'il a composé son ouvrage « avec ce qu'il avait pu apprendre dans les écrits des anciens ou par les récits des ancêtres, ou avec ce qu'il savait l...
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