Codex
EAN13
9782841878826
ISBN
978-2-84187-882-6
Éditeur
Archipel
Date de publication
Collection
Suspense
Nombre de pages
418
Dimensions
24 x 15,3 cm
Poids
506 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
Code dewey
850
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Indisponible
DU MÊME AUTEUR

Jennie, Robert Laffont, 1997.

AVEC LINCOLN CHILD

Le Violon du diable, L'Archipel, 2006.

Les Croassements de la nuit, L'Archipel, 2005.

La Chambre des curiosités, L'Archipel, 2003.

Les Sortilèges de la cité perdue, Robert Laffont, 2003.

Ice Limit, L'Archipel, 2002.

Le Piège de l'architecte, Robert Laffont, 2000.

Le Grenier des enfers, Robert Laffont, 1999.

Cauchemar génétique, Robert Laffont, 1997.

Superstition, Robert Laffont, 1996.

Ce livre a été publié sous le titre

The Codex

par Forge, New York, 2004.

www.editionsarchipel.com

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eISBN 978-2-8098-1167-4

Copyright © Splendide Mendax Inc., 2004
Copyright © L'Archipel, 2007, pour la traduction française.

À Aletheia Vaune Preston
et Isaac Jerome Preston

1

Après avoir négocié le dernier virage de l'allée, Tom Broadbent aperçut ses deux frères, qui attendaient déjà devant le grand portail en fer de la propriété paternelle. D'un air irrité, Philip cognait sa pipe contre un des piliers pour en faire tomber la cendre, tandis que Vernon appuyait avec vigueur sur la sonnette. La maison silencieuse et sombre se dressait derrière eux. Ses claires-voies, ses cheminées et ses tourelles, dignes d'un palais arabe, prenaient un éclat doré dans la riche lumière d'après-midi qui inondait Santa Fe.

« Ce n'est pas son genre d'être en retard », déclara Philip. Il porta la pipe à sa bouche et referma ses dents blanches sur le tuyau en produisant un léger cliquètement. Après avoir donné à son tour un coup de sonnette énergique, il vérifia l'heure à sa montre et boutonna sa veste. Il n'avait pratiquement pas changé, pensa Tom en retrouvant la pipe de bruyère, le regard narquois, les joues rasées de près et enduites de lotion, les cheveux coiffés en arrière du grand front, la montre en or qui scintillait au poignet gauche, le pantalon gris en laine peignée et la veste de marin de son frère. Son accent aristocratique paraissait plus prononcé. À côté de lui, Vernon, avec sa culotte de gaucho, ses sandales, sa longue chevelure et sa barbe, présentait une curieuse ressemblance avec Jésus.

« Il s'amuse à nos dépens, comme d'habitude », intervint Vernon en écrasant de nouveau le doigt sur la sonnette. Le vent qui murmurait à travers les pins apportait avec lui une odeur de résine chaude et de poussière. Pas un bruit ne provenait de la vaste demeure.

Philip se tourna vers Tom. Le parfum du tabac coûteux qu'il fumait flottait dans les airs. « Comment ça se passe, là-bas, chez les Indiens?

— Bien.

— Heureux de l'apprendre.

— Et pour toi ?

— Formidable. Ça ne peut pas aller mieux.

— Vernon ?

— Tout baigne. Super ! »

La conversation retomba. Ils se dévisagèrent, puis détournèrent les yeux d'un air gêné. Tom n'avait jamais eu grand-chose à leur dire. Un corbeau les survola en croassant. Un silence embarrassé planait sur le trio réuni devant le portail. Après un long moment, Philip redonna une série de coups de sonnette. Il agrippa les barreaux de fer forgé, à travers lesquels il lança un regard mauvais à la bâtisse. « Sa voiture est au garage. La sonnette doit être cassée. » Il prit une profonde inspiration. « Ohééé ! Père ! Tes fils dévoués sont là ! »

Un grincement se fit entendre lorsque la grille s'entrouvrit sous son poids.

« Ce n'est pas fermé, dit-il d'un ton surpris. Il ne laisse jamais le portail ouvert.

— Il nous attend à l'intérieur, expliqua Vernon. Voilà tout. »

Ils appuyèrent l'épaule sur la lourde grille, dont les gonds protestèrent lorsqu'elle s'ouvrit à toute volée. Pendant que Vernon et Philip retournaient chercher leur voiture pour la garer à l'intérieur de la propriété, Tom s'avança. Il se trouvait face à la maison où il avait grandi. À combien d'années remontait sa dernière visite? Trois? Des sensations insolites se combattaient en lui. L'adulte était revenu sur les lieux de l'enfance. C'était une résidence – au sens le plus noble du terme – caractéristique du Nouveau-Mexique. L'allée de gravier s'achevait en demi-cercle devant deux énormes portes de zaguan du XVIIe siècle, dont les planches, taillées à la main dans le bois de mesquite, étaient assemblées par des clous en forme de pointes de diamant. La demeure elle-même était une construction de pisé, tout en longueur, dont les murs incurvés s'ornaient de contreforts, de vigas, de latillas, de nichos, de portales et de conduits de cheminées. Une sculpture à part entière, entourée de cotonniers et de pelouses émeraude... Bâtie sur une hauteur, elle surplombait un immense paysage où s'étageaient les lumières de la ville, les plateaux arides et les reliefs que menaçaient les fronts orageux nés au-delà des monts Jemez. Bien qu'elle soit restée égale à elle-même, elle suscitait en Tom une impression différente. Il se demanda si le changement ne venait pas de lui.

Par une porte du garage restée ouverte, il vit le 4 × 4 Mercedes vert de son père garé dans un box. Les deux autres emplacements étaient fermés. Il entendit les voitures de Philip et Vernon faire crisser le gravier, puis s'arrêter devant la galerie. Les portières claquèrent et ses frères vinrent le retrouver à l'entrée.

C'est alors qu'un sentiment de malaise se mit à poindre au creux de son estomac.

« Qu'est-ce qu'on attend ? », demanda Philip en s'engouffrant dans le portal. Parvenu aux portes du zaguan, il appuya à plusieurs reprises sur la sonnette. Vernon et Tom s'avancèrent.

Seul le silence leur répondit.

Impatient, comme toujours, Philip sonna une dernière fois. Tom entendit les deux notes graves se perdre dans les profondeurs de la maison. Par leur sonorité, elles évoquaient un enfant qui aurait appelé « Maman ». Typique de l'humour paternel, se dit-il.

Philip plaça ses mains en porte-voix. « Ohééé ! », cria-t-il.

Toujours rien.

« Il ne lui serait pas arrivé quelque chose? s'inquiéta Tom, dont le sentiment de malaise se renforçait.

— Bien sûr que non, répondit Philip d'un ton contrarié. C'est encore une de ses blagues. »

Il asséna plusieurs coups de poing à la grande porte mexicaine, qui se mit à vibrer.

Tom, qui observait les alentours, remarqua l'aspect négligé du jardin. Le gazon n'avait pas été tondu et les mauvaises herbes poussaient dans les parterres de tulipes.

« Je vais jeter un coup d'œil à l'intérieur », déclara-t-il.

Il se fraya un passage à travers une haie de chamise, franchit un massif de fleurs sur la pointe des pieds et s'approcha de la fenêtre du salon. Il lui fallut un certain temps pour comprendre ce qui clochait. La pièce semblait normale. Les canapés de cuir, les bergères à oreilles, la cheminée de pierre et la table basse étaient identiques. Mais, autrefois, il y avait un grand tableau au-dessus de l'âtre. Lequel ? Impossible de s'en souvenir. Il avait disparu. Tom se tritura les méninges. S'agissait-il du Braque ou du Monet ? Il s'aperçut alors que le bronze romain représentant un enfant ne montait plus la garde à gauche de la cheminée. Sur les rayonnages, des vides indiquaient que des livres manquaient. Le salon avait l'air en désordre. Au-delà de la porte qui ouvrait sur le vestibule, Tom distinguait du papier froissé, une bande d'emballage à bulles et un rouleau d'adhésif abandonnés au sol.

« Alors, docteur? » La voix de Philip avait retenti derrière lui.

« Viens voir. »

Une expression d'ennui plaquée sur ses traits, Philip écarta les buissons de la pointe de ses Ferragamo. Vernon lui emboîta le pas.

Après avoir observé la scène par la fenêtre, Philip étouffa une exclamation. « Le Lippi, souffla-t-il. Au-dessus du canapé. Le Lippi n'est plus là ! Et le Braque au-dessus de la cheminée ! Il a tout emporté ! Il a tout vendu ! »

Vernon prit la parole. « On se calme ! Il a dû les emballer, un point, c'est tout. Il déménage peut-être. Depuis des années, tu lui dis que cette baraque est trop grande et trop isolée. »

Le visage de Philip se décontracta d'un seul coup. « Mais oui, bien sûr !

— C'est sans doute ce qui explique...
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