Qui c'est ?
30 ans, première carte d'identité et l'occasion incontournable de questionner le choix de ses autres prénoms : pourquoi Jeanne, Jérôme, Ysé ? Face à une mère évasive, une jeune femme étrangement obsessionnelle enchaîne enquêtes loufoques et aventures bigarrées. Derrière la quête identitaire, afin de surmonter un drame personnel qui s'est produit un jour blanc de neige recouvrant Paris, elle se lance dans une stimulante recherche du sens à donner à sa vie, celui qu'on doit nous-mêmes façonner. Que nous est-il permis d'espérer ?
« Je finis mon verre et je vous rejoins »
Parmi l'éventail des conduites addictives, peu a été écrit sur la fréquentation irrépressible des boîtes de nuit... Injustice réparée dans ce livre sensible sur un homme qui traînera, à tous les âges, un abyssal manque de confiance en lui le jour, se métamorphosant en roi du dancefloor la nuit. Des pages d'une grande justesse sur la gêne par rapport à son corps et le sentiment de malaise dans les interactions sociales, autant que sur l'ambiance si particulière et jubilatoire de ces lieux de fête, de drague et d'excès.
Une violence à soi
Gérard agit tel un ogre qui impose sa loi à toute sa famille. Ce père est un menteur compulsif, ambivalent, qui écrase son entourage de sa force pour chasser l'effroi de sa propre faiblesse, corseté par son irrépressible besoin de liberté. À sa fille, il laisse ce paradoxe en héritage : un père qu'on ne peut s'empêcher d'aimer follement, mais que l'on décide de fuir définitivement pour sauver sa vie. À travers cette auscultation des mécanismes de la maltraitance, l'histoire est racontée à bonne distance, incarnée et sans pathos, et questionne la transmission de la violence, de l'absence et, in fine, de la joie.
La fureur de vivre
Un barbecue bricolé en bas d'un immeuble d'une cité francilienne. Tranquille. Un énième contrôle de police. Blasés. Les esprits s'échauffent, la scène tourne à l'affrontement. Le délire. Les renforts poursuivent deux jeunes au guidon d'une moto-cross, puis ouvrent le feu. Arrachement définitif à la vie d'avant. Dans un phrasé sans cadre, au plus près de l'oralité, avec un sens de l'urgence magistral, Diaty Diallo dit le débordement de souffrances et le soulèvement collectif qui se prépare, pied-de-nez bouleversant de dignité à la relégation urbaine et sociale. Un diamant noir qui vise les tripes et vise juste.
Chronique d'une folie collective
« Il vaudrait mieux ne pas raconter mon histoire aux enfants », reconnaît le tortionnaire de profession. Cet homme gris, arrivé un matin dans une ville de brume et de cendres, est un colonel au service de tous les régimes politiques, dont le labeur quotidien est d'écorcher, désarticuler, arracher, toutes méthodes visant à transformer un être humain en une chose suppliciée, au nom de l'intérêt supérieur de la Nation. Mais le « spécialiste » ne trouve plus le sommeil, tourmenté chaque nuit par le poids des ombres, fantômes inscrits pour toujours dans le carnet noir de son âme. Le vide et l'inhumanité qui rongent les soldats, l'horreur universelle de la guerre et l'absurdité des comportements des puissants sont au cœur de ce court roman d'une beauté glaçante.