Librairie coiffard

Conseillé par (Libraire)
22 septembre 2020

Conseillé par Agathe

Avec "Louvre" nous suivons l'histoire entremêlée de trois femmes, en France, entre 1939 et 1945. D'un point de vue extérieur on pourrait croire que ces trois femmes sont toutes différentes les unes des autres mais un élément les rapproche : elles possèdent chacune un lien privilégié avec le même homme : Jacques Jaujard. Alors qui est-il ce Jacques Jaujard ? Il fut directeur des Musées Nationaux au moment de la Seconde guerre mondiale, et c'est cet homme qui orchestra le déplacement de pratiquement toutes les œuvres du Louvre. Il les dissémina ainsi aux quatre coins de la France pour les cacher afin d'éviter qu'elles ne tombent aux mains des allemands, afin d'éviter aussi qu'elles ne deviennent de vulgaires trophées de guerre. Parmi ces trois il y a la femme de Jacques, qui, malgré cette invasion allemande qui se profile, rêve d'avoir un bébé. Sa passion amoureuse pour cet homme est telle qu'elle ne désire qu'une seule chose : avoir un morceau de vie de son mari grandissant en elle. Il y a aussi la nièce de Jacques Jaujard, obligée de passer son adolescence au milieu des œuvres cachées par son oncle dans le château de Chambord, au bord de la Loire. Et puis il y a Jeanne Boitel, actrice reconnue qui pourtant cessa toute activité théâtrale après le début de la guerre et s'enrôla dans la résistance, plus particulièrement dans la protection des œuvres d'art. L'importance de l'art quel qu'il soit est donc au cœur de ce roman qui multiplie les références aux œuvres et à leurs auteurs. On ne résiste pas à l'envie de poser le livre pour chercher l'image de la peinture ou de la sculpture donnée en description. Il y a d'un côté « l'importance de l'art », puis de l'autre l'importance de l'humain également. Malgré cette guerre qui avance et grignote peu à peu du territoire, malgré la peur, la famine et l'angoisse, les sentiments et les émotions sont toujours présents. Malgré l'importance de leurs missions, ces trois femmes nous touchent par leurs inquiétudes qui semblent futiles mais non pas moins humaines. Elles sont aussi la preuve vivante, avec les personnages qui gravitent autour d'elles, que l'espoir est encore permis et que la guerre n'est peut-être pas encore perdue.

Conseillé par (Libraire)
22 septembre 2020

Conseillé par Agathe et Marie-Laure

Avec pourtant plus de 800 pages d'Histoire avec un grand H, la synopsie de ce roman pourrait tenir en une seule phrase. Au milieu des années 70, deux hommes partagent une chambre d’hôpital. Ces deux hommes vont mutuellement faire connaissance puis l’un des deux va entreprendre de raconter l’histoire de sa vie à son compagnon de chambre. Jusqu’ici tout semble normal, voire basique pour un début de roman, excepté le fait que l’homme qui va écouter est un hippie sûr de ses convictions pacifiques et spirituelles et que l’homme qui lui fait le résumé de sa vie, Koja, est un ancien nazi. Voilà, nous y sommes. Avec cette dernière information vous devriez être suffisamment intrigués pour avoir envie de lire ce livre. Très dense et bien que long à lire, "La fabrique des salauds" est un de ces livres qui se savoure et se lit minutieusement. Et il faut bien 800 pages à Koja, pour raconter chacune des subtilités des choix qu’il a pu faire, souvent malgré lui, au cours de sa vie. Il aborde de nombreux thèmes en parlant de sa famille notamment de son père qui lui a donné le goût de l’Art, de son grand frère, toujours considéré comme supérieur dans toutes les catégories, et qui deviendra par la suite un nazi exemplaire, et de son amour d’enfance devenue sa sœur adoptive, Eve. La construction de cet homme passera également par le fait de grandir avec des origines allemandes dans le sang dans ce pays régi par des valeurs russes qu’était la Lettonie de l'époque. Durant tout sa jeunesse il fut d'ailleurs victime de persécutions avec sa famille. Et il y a bien entendu la montée du nazisme et le devoir de choisir un jour un camp. Toujours un camp. Pour survivre, pour sauver sa propre vie ainsi que celle de ses proches. Bien évidemment la plupart de ces choix, même justifiés, ne sont pas pardonnables et Koja en a conscience lorsqu’il déballe toute sa vie à son voisin de lit hippie. Et malgré l’horreur grandissante, présente sur le visage de ce dernier, Koja continue son récit qui est pour lui comme une sorte d’exutoire. "La fabrique des salauds" est donc, en plus d’un roman historique très détaillé, un témoignage sur l’amour parfois inconditionnel et aveugle que l’on porte à ses proches, sur la guerre et la façon dont elle transforme les âmes, même les plus pures, le tout saupoudré de missions rocambolesques et de personnages variés et nuancés. En résumé : un roman d’humanité et de déshumanité auquel on s’accroche jusqu’à la toute dernière page.

Dany Héricourt

Liana Levi

19,00
Conseillé par (Libraire)
15 septembre 2020

Conseillé par Marie-Laure, Manon R, Célia et Stéphanie

Pembrokeshire, Pays de Galles, années 1980. Le lecteur sera reçu dans un charmant hôtel tenu par une non moins charmante famille, quoique légèrement loufoque. Seren, jeune fille de 18 ans est passionnée par le dessin mais reste assez indécise quant à son avenir. Toute sa vie vole en éclats lorsque décède son père, ce qui laisse comme un « terril » en elle. Sur la table de nuit du défunt, elle remarque une cuillère qu’elle n’avait jamais vue. Elle décide alors de retracer l’histoire de cet objet insolite. A bord de la Volvo héritée de son père, la voici sur les routes de France. Enquête sur sa famille mais surtout en quête d’elle-même, vous l’aurez compris, nous sommes dans un roman d’apprentissage. La cuillère comme catalyseur (pensez à la Cuillère d’André Breton) mais aussi la cuillère qui sert à mélanger le thé, tout un symbole pour Dany Héricourt qui est en partie anglaise. Un premier roman assez fantaisiste qui m’a parfois rappelé L’Hôtel New Hampshire de John Irving.
Article rédigé par Marie-Laure Turoche pour le magazine Page des libraires

Les Presses de la Cité

21,00
Conseillé par (Libraire)
15 septembre 2020

Conseillé par Marie-Laure

Le livre s’ouvre sur cette phrase : « Mon père, James Witherpoon, est bigame. » Dana est l’enfant illégitime. Sa mère, Gwen, est une très belle femme qui partage donc son mari avec Laverne qui elle, ignore tout. Laverne a également une fille, Chaurisse qui a seulement 4 mois de différence avec Dana. Elles vivent dans la même petite ville et se croisent souvent. La première partie a pour narratrice Dana. Elle raconte les sacrifices qu’elle doit faire au profit de sa demi-sœur et comment elle et sa mère sont en quelque sorte fascinées par cette autre famille. La deuxième partie montre une Chaurisse loin de la petite fille gâtée à laquelle on pourrait s’attendre. A nouveau, Tayari Jones décrit la classe moyenne noire du sud des Etats-Unis. Mais il s’agit surtout de faire le portrait de ces femmes qui se retrouvent à la merci des conventions et des hommes. Deux jeunes filles qui à défaut d’être sœurs auront été les meilleures ennemies.
Article rédigé par Marie-Laure Turoche pour le magazine page des libraires

16,50
Conseillé par (Libraire)
15 septembre 2020

Conseillé par Marie-Laure

Ce que je ne veux pas savoir est le premier tome d’une vaste entreprise autobiographique que Deborah Levy nomme Living Autobiography. Dans cette première partie, nous allons suivre l’autrice dans un hôtel à Majorque. Travail d’introspection d’abord, réflexions sur son statut d’écrivain mais aussi de femme ; elle convoque ses modèles comme Georges Sand qui a d’ailleurs séjourné dans la même ville avec Frédéric Chopin. Elle s’interroge notamment sur la maternité, citant Marguerite Duras, Adrienne Rich ou Julia Kristeva. On pense aussi beaucoup à "Une chambre à soi" de Virginia Woolf. Puis, on va quitter cette chambre pour l’Afrique du sud où Deborah Levy a passé ses premières années. Son père, militant de l’ANC, a longtemps été emprisonné. Ils ont ensuite fuit en Angleterre. Un premier tome captivant dans lequel l’autrice nous parle de l’importance de parler fort, surtout lorsqu’on possède une petite voix, surtout lorsqu’on est une femme.

Article rédigé par Marie-Laure Turoche pour le magazine Page des libraires

Ce que je ne veux pas savoir est le premier tome d’une vaste entreprise autobiographique que Deborah Levy nomme Living Autobiography. Dans cette première partie, nous allons suivre l’autrice dans un hôtel à Majorque. Travail d’introspection d’abord, réflexions sur son statut d’écrivain mais aussi de femme ; elle convoque ses modèles comme Georges Sand qui a d’ailleurs séjourné dans la même ville avec Frédéric Chopin. Elle s’interroge notamment sur la maternité, citant Marguerite Duras, Adrienne Rich ou Julia Kristeva. On pense aussi beaucoup à "Une chambre à soi" de Virginia Woolf. Puis, on va quitter cette chambre pour l’Afrique du sud où Deborah Levy a passé ses premières années. Son père, militant de l’ANC, a longtemps été emprisonné. Ils ont ensuite fuit en Angleterre. Un premier tome captivant dans lequel l’autrice nous parle de l’importance de parler fort, surtout lorsqu’on possède une petite voix, surtout lorsqu’on est une femme.