conseillé par Stéphanie
"L'autre Joseph" est à la fois un roman, une quête et une enquête.
"L'autre Joseph" c'est aussi l'arrière-grand-père de l'auteure : Joseph Davrichachvili, né à Gori, en Géorgie à quelques rues et quelques années à peine après Joseph Djougachvili, dit Staline.
Explorer la mémoire, la transmission, Kéthévane Davrichewy l'avait déjà fait dans "Mer Noire", magnifique roman qui racontait l'exil de sa famille maternelle, également d'origine géorgienne. Mais cet héritage était limpide, officiel. Tandis que l'héritage paternel est flou, avec beaucoup de questions qui subsistent.
La Géorgie est le "lieu source" de Kéthévane Davrichewy, c'est un pays fascinant à l'histoire tumultueuse, aux héritages riches et variés, qui porta en son sein bien des révolutionnaires.
"L'autre Joseph" est dédié au père mais raconte la jeunesse incroyable de celui qu'on appelait "le grand-père". Ce roman est un tour de force qui embarque le lecteur dans une aventure politique, révolutionnaire, engagée, tout en interrogeant la figure énigmatique de ce grand-père mêlé à des attentats terroristes, peut-être demi-frère de Staline, réfugié en Suisse, exilé en France, et qui abandonna femme et enfants pour finir ses jours dans une vieillesse solitaire.
Conseillé par Quentin
Le petit Charly est loin de se douter de ce qu'il va se passer à Hartlepool lorsqu'il est forcé de s'y arrêter pour la nuit avec son père. Le lendemain matin, un navire français a fait naufrage sur les côtes de la ville et le seul survivant (ou presque) est le singe du capitaine ! Les anglais qui détestent les français sans pour autant en avoir déjà vus, vont prendre le pauvre primate pour un soldat de napoléon envahissant leurs foyers et le traîner en justice ! Drôle, cocasse, cette BD sur l'antagonisme français-anglais vaut le détour !
Conseillé par Marie-Laure
Tout commence par un tragique fait divers. Une adolescente de 12ans se noie dans la Tamassee, rivière qui sépare la Caroline du Sud de la Géorgie. Les parents, des gens aisés venus du Minnesota, veulent évidemment récupérer le corps de leur fille. Pour cela, il faut poser un barrage provisoire afin de détourner la rivière. Or la Tamassee est protégée par le "Wild and Scenic Rivers Act", c'est-à-dire qu'on ne peut en aucun cas perturber l'état naturel de la rivière. Le débat est donc lancé ! Promoteurs immobiliers, parents, écologistes ou habitant du comté d'Oconee, tous ont un avis sur la question. Maggie, jeune journaliste-photographe à Columbia, est envoyée pour couvrir l'affaire, une affaire très personnelle pour la jeune femme car elle a grandi dans le comté d'Oconee.
Elle a beau avoir fui sa région natale dès qu'elle en a eu la possibilité, la Tamassee continue de couler dans ses veines; d'autant plus que la rivière est liée à son amour de jeunesse, Luke, fervent militant écologiste. Maggie n'est pas la seule à devoir faire face à son passé ; Allen, le ténébreux journaliste qui l'accompagne, est lui aussi touché intimement par ce drame. Ce roman de Ron Rash est évidemment un ardent plaidoyer pour la protection de la nature et une véritable déclaration d'amour pour la Caroline du Sud. Cependant, il aborde aussi des sujets très profonds tels que la relation avec le père, le pardon, le deuil : comment vivre avec ses morts ? Comment combattre ses fantômes ? Comme la plupart des livres de l'auteur, me poids de la tradition et de la communauté est très fort. Ron Rash aborde aussi la question des médias, ou comment la vision d'un journaliste ou l'angle d'une photo peut tout faire basculer. Un très beau "presque" premier roman de l'un des plus grands écrivains de notre époque.
Conseillé par Marie-Laure
Ce roman est né lors d’un atelier d’écriture organisé en marge du festival America. Léa Arthémise a voulu expérimenter une « forme narrative éclatée ». Trois voix racontent une erreur de jeunesse, un braquage d’amateurs qui scellera leur destin à jamais. Bonnie est mère de famille et vit dans une banlieue résidentielle. Un jour, elle tombe sur un article qui annonce une « macabre découverte ». Elle comprend qu’il s’agit de lui, Adel. Il représente son passé, sa fuite, son illusion et sa désillusion. Adel, celui qui rêvait d’une « maison qui surplombe l’océan, en bordure d’une falaise ». Elle va alors recontacter Alain, le troisième personnage de l’histoire. Il est en prison. Trois voix se succèdent, se superposent ou s’opposent, pour écrire ce chapitre de leur passé. Trois voix, mais aussi trois langages différents, révélateurs de la personnalité et du milieu culturel de chacun : tout est une question de géométrie. Un roman d’une modernité absolue.
Conseillé par Linda
« Le bonheur est interdit en Iran ? » « Oui, spécialement pour les jeunes... » Gila est catégorique. À 26 ans, cette Iranienne qui vit à Téhéran a déjà beaucoup souffert. De l’absence de liberté, de la répression du régime, de la peur au quotidien. Gila est amoureuse de Mila depuis huit ans. Ils ne sont pas mariés et la date de la célébration est encore floue. Ils n’ont jamais fait l’amour (les rapports sexuels sont interdits avant le mariage en Iran), mais ont eu des rapports non complets. Car à tout moment, Mila peut subir, de la part des forces de l’ordre ou sur demande de sa belle-famille, un test de virginité. Son sort n’est pas isolé en Iran. C’est celui de toute jeune femme qui n’est pas mariée. Et chacune le vit à sa manière. Kimia et Zeinab, la vingtaine, vivent à Ispahan. Leur féminité est pour elles une force, un privilège. « La plupart des gens croient que les hommes maltraitent les femmes en Iran. Au contraire, ils les aiment bien plus que partout ailleurs !
C’est justement parce qu’ils nous aiment à ce point que les hommes nous protègent autant. » Zeinab croit au changement, même très lent, de la société et semble voir le bon côté des choses dans son pays. Très étonnant pourtant d’entendre : « je suis même certaine que c’est bien plus facile d’être une femme ici qu’en Europe. » Ce sont ces paradoxes que les auteurs de la bande dessinée Love Story à l’iranienne ont tenté de mettre en lumière. Ce couple dans le travail et dans la vie s’est rendu en Iran de manière clandestine, en prenant souvent des risques, en travaillant dans le stress permanent du contrôle, de l’expulsion, afin de montrer la réalité que vivent les jeunes Iraniens. Très peu d’informations filtraient sous le régime de Mahmoud Ahmadinejad. Et même si le nouveau président de la République, Hassan Rohani, peut parfois passer pour un réformateur, rien ne change pour ces jeunes hommes et femmes qui subissent la violence des traditions, le poids du régime islamique, la pression du contrôle permanent. L’espoir de changement, ils l’ont perdu en 2009 quand ils ont cru, avec le mouvement de protestation né de la réélection contestée d’Ahmadinejad, qu’ils avaient la force de faire basculer les choses. Ils ont laissé sur les pavés leurs espoirs et leurs morts. C’est cette terreur qui muselle aujourd’hui Vahid, étudiant de 26 ans : « Je suis à leur merci... Ils ne vont jamais m’oublier. » C’est cette réalité abrupte mais nécessaire que les deux auteurs, réunis sous le pseudonyme de Jane Deuxard, nous transmettent par ces témoignages. Ceux de jeunes Iraniens personnifiés par le trait efficace du dessinateur Deloupy, qui vivent, pensent et aiment en secret, en silence, cachés, terrifiés.