Librairie coiffard

Roman

Actes Sud

22,50
Conseillé par (Libraire)
13 janvier 2022

Conseillé par Manon R

"Bass Rock" raconte l’histoire de trois femmes, trois destins à trois époques différentes. Il y a Sarah, une jeune fille accusée de sorcellerie au XVIIIe siècle. Ruth, qui vient d’emménager avec son mari Peter, un ancien vétéran de la Seconde Guerre Mondiale toujours absent pour affaires. Et puis il y a Viviane, qui retourne dans la maison de son ancêtre Ruth, pour la garder en bon état le temps qu’elle se vende.
Dès les premières pages, Evie Wyld nous transporte à North Berwick, petite ville côtière écossaise face à laquelle surgit cet îlot, Bass Rock, témoin des vies qui passent. Et nous voilà embarqués dans une saga aux accents gothiques, portée par trois personnages féminins confrontés à la violence des hommes, à leur incompréhension, à leur négligence : des femmes, surtout, qui refusent de se soumettre aux hommes.

Il y a dans ce roman une véritable atmosphère mystique, qui se place comme un linceul au dessus de ce décor écossais. "Bass Rock" est un roman absolument ensorcelant, à l'image de l'écriture d'Evie Wyld, à la fois contemplative et rythmée, poignante et captivante.

Conseillé par (Libraire)
13 janvier 2022

Conseillé par Stéphanie et Marie-Laure

Serge Langlois est le "Monument National". Son buste trônant dans l'entrée de son château de Rambouillet en est la métaphore symbolique. Acteur idolâtré, personnage hybride entre Johnny H. et Belmondo, Serge est une caricature. Tout comme sa très jeune femme, Ambre, épouse dévouée gérant la carrière de son mari avec application, mère comblée depuis l'adoption de leur petite Joséphine. Tandis que nous observons, sourire en coin, cette famille évoluer dans sa vie pailletée entourée de domestiques, nous découvrons aussi Cendrine Barou.
Cendrine vit dans le 93, travaille au Super U du coin comme caissière. Dans une vie précédente, elle vivait dans un pavillon avec son fils et son mari, mais elle a disparu volontairement, son fils sous le bras, elle a changé de nom et effacé sa vie d'avant. Bien sûr, cette nouvelle identité cache un passé certainement trouble et le lecteur se demande ce qu'il va bien pouvoir arriver quand les vies de Cendrine et son fils Marvin croiseront celle de Serge, Ambre, Joséphine et tous les gens qui les entourent.
Avec un humour décapant, Joséphine nous raconte l'histoire des années après, depuis son château mal entretenu, devant lequel quelques curieux viennent encore faire des photos. On y lit la confrontation de milieux sociaux opposés, les ravages de l'ambition, on y croise des Gilets Jaunes et le couple Macron et l'on se dit que le cynisme est certainement le bon ton à adopter face à une société qui part à vau-l'eau. La vision sarcastique de Joséphine n'épargne personne, pas même elle-même. Et l'on rit, en grinçant des dents, mais l'on rit à la lecture de ce roman tout à la fois farce, polar et photographie sociale d'une France fracturée.

Conseillé par (Libraire)
13 janvier 2022

Conseillé par Marie-Laure

Un nouveau roman d’Eric Vuillard est toujours un évènement dans une rentrée littéraire. C’est à la guerre d’Indochine qu’il s’attaque aujourd’hui ; sujet ô combien tragique, et pourtant il réussit souvent à vous arracher un petit sourire. L’auteur transforme par exemple une séance à l’Assemblée Nationale en un véritable vaudeville. Une sortie honorable ou comment la France va tenter de sortir d’une guerre dans laquelle elle s’est enlisée. Avec une pointe de cynisme, Eric Vuillard finit son récit sur une réunion administrative de la Banque d’Indochine, au très chic 96 Boulevard Haussmann. Finalement, « c’est la vie économique qui dicte sa loi ». Un ouvrage important qui nous rappelle que la guerre d’Indochine (et du Vietnam par la suite), c’est trente ans de guerre et trois millions six cent mille morts du côté vietnamien.

Sabine Wespieser Éditeur

20,00
Conseillé par (Libraire)
12 janvier 2022

Conseillé par Stéphanie et Rémy

Depuis longtemps déjà, le narrateur a décidé de vivre dans un espace clos : son appartement. Il est plus facile de laisser l'espace et le temps s'évanouir quand on veut calfeutrer ses souvenirs au plus profond de soi. Quand on ferme tout à double tour, cloisonné dans des gestes répétés et obsessionnels, cela peut parfois tenir la souffrance à distance.
Pourtant un événement va faire basculer cet homme d'un espace protégé, confiné, à un espace à la fois ouvert et délimité, un lieu de rencontres et de solitudes : le XXème Arrondissement de Paris. Désormais notre narrateur vit dans la rue et ose poser son regard discret sur ce qui l'entoure.
Mais saura-t-il maintenir ses fantômes éloignés ? Le goût d'un biscuit offert, l'odeur d'une femme, la vue d'un amandier en fleur ; dans la rue, les sens sont en éveil, or on le sait, ils sont l'anti-chambre de la mémoire. Le trottoir peut-il vraiment être le territoire de l'oubli ? Rien n'est moins sûr. Le bleu est parfois signe de danger et pourrait bien submerger l'édifice intérieur de notre homme. "Bleu nuit" est l'histoire d'une lutte intime, une lutte belle,tragique et poétique, une lutte qui nous déplace dans notre humanité.

Conseillé par (Libraire)
11 janvier 2022

Conseillé par Manon R

Dans "Le guerrier de porcelaine", Mathias Malzieu s’inspire de l’enfance de son père pour nous livrer un récit intime. En juin 1944, Mainou, jeune garçon de neuf ans, est envoyé chez sa grand-mère à la Frohmühle, une ferme en Lorraine. Il y fait la rencontre de sa tante Louise, qui ne jure que par la Bible, et de l’oncle Émile, doux rêveur qui déborde d’imagination. Ce sont les derniers mois de la guerre que Mainou raconte en écrivant des lettres à sa défunte mère. On suit les journées de l'enfant au rythme des bombardements, des virées à vélo la nuit et surtout de ses inquiétudes. Comment un si petit garçon va réussir à s’épanouir et vivre son imagination en suivant des règles strictes pour rester caché aux yeux des Allemands ?
Mathias Malzieu, en véritable conteur d’histoire, écrit un livre touchant qui témoigne d’une infinie tendresse pour son père. C’est aussi toute une poésie qui s’ouvre à nous dès les premières pages, non sans une pointe d’humour et d’insouciance.