Quentin B.

20,90
Conseillé par (Libraire)
10 septembre 2024

Gaël Faye livre avec Jacaranda un excellent roman, parfaitement maîtrisé. A la suite de Petit pays, il interroge la mémoire du génocide des Tutsis et ses racines coloniales en racontant l'histoire, étalée sur trente ans, de Milan, dont la maman a rejoint la France après avoir quitté le Rwanda. On retrouve dans le texte du slameur un goût de l'enfance, bientôt effacé par la découverte du poids et des séquelles laissés par les massacres du siècle passés, de la nécessité de faire justice. C'est passionnant, c'est dur, c'est à lire, vraiment.

Conseillé par (Libraire)
10 septembre 2024

Véronique Olmi raconte, dans Le Courage des innocents, le parcours de Ben, figure engagée auprès des enfants. Le roman se scinde en deux parties: la première expose comment le protagoniste apprend que son demi-frère, de dix ans son cadet, a été placé dans un centre social d'accueil, et comment il va le chercher, ses combines pour entrer en contact avec lui. C'est malin, c'est doux, plein de bons sentiments, ça fait du bien. La seconde partie est plus difficile pourtant: dix ans plus tard, à notre époque, Ben, impliqué dans une association humanitaire pour l'accueil des réfugiés ukrainiens, décide de s'embarquer sur un coup de tête dans un bus pour rejoindre le pays envahi. On découvre avec lui la réalité de la déportation d'enfants ukrainiens par les russes, les moyens de désinformation mis en place sur les réseaux sociaux, la violence des soldats... L'écriture de Véronique Olmi est empathique, précise, on y sent un travail de recherche presque journalistique. L'autrice délivre ici un roman fort.

Conseillé par (Libraire)
10 septembre 2024

S'étant donné la mort le 27 août 1950, le poète italien Cesare Pavese est retrouvé le lendemain dans sa chambre d'hôtel à Turin. Dans le roman Hôtel Roma, Pierre Adrian part sur les traces et les mots de l'écrivain, pour découvrir peut-être le malheur secret, une beauté manquée, qui ont conduit un homme à s'ôter la vie... On rencontrera avec une écriture simple et juste, sans pathos, l'Italie et les lieux visités par Pavese, accompagnés d'extraits de ses textes, qui seront sûrement autant de clés que d'énigmes ajoutées pour comprendre son existence. Mais au-delà de l'enquête sur le passé, c'est déjà de vivre aujourd'hui dont il est question. C'est ici autant l'histoire de Pavese que d'Adrian. Hôtel Roma, c'est un roman sur le pouvoir de la littérature, sa capacité toujours, en faisant des ponts entre hier et aujourd'hui, de nous apprendre à nous découvrir. On ressort en tous cas de cette lecture avec une grande envie de (re)lire Cesare Pavese.

23,00
Conseillé par (Libraire)
10 septembre 2024

Aurélien Bellanger confirme encore dans Les Derniers Jours du parti socialiste sa capacité à écrire des uchronies avec une plume balzacienne. On suit ici la mise en place d'une forme de complot par un obscur personnage du PS, Grémond, avec deux philosophes, Frayère et Taillevent, opération qui va aboutir, à partir d'une laïcité dévoyée qui donnera des gages à l'extrême droite, à la trahison de ce qui définissait la gauche. Attention, toute ressemblance avec des événements ou des personnes réelles n'est pas fortuite... Au-delà du contenu politique du texte, la lecture du livre reste passionnante: la mise en relation des éléments imaginés avec la réalité est amusante, stimulante, on découvre un auteur parfaitement au fait du monde des idées dans lequel baignent ceux qui jouent au jeu politique institutionnel. Cela demande un investissement de la part du lecteur et, il est vrai de (re)connaître certaines choses (ce qui n'en fait pas un livre facile à conseiller). Il faut avouer tout de même que l'écriture presque blanche, quoique qu'ironique, laisse un doute sur les attentions de l'auteur et sur son point de vue (c'est aussi parce que je n'ai peut-être pas saisi tous les éléments auxquels l'auteur fait référence). A la seule lecture du roman, on pourrait conclure à un Bellanger sceptique, amusé, à distance, sans réel parti-pris, et qui aime simplement dépeindre ce qu'il observe. Ses interviews pour la sortie de son livre rassurent tout de même sur ses intentions. Ce dernier reste pour moi un gros coup de coeur de cette rentrée littéraire, qui saura parfaitement vous dégoûter de la "politique"!