Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Denoël

16,00
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29 juin 2017

"Quelque part au cœur de l'Amérique, dans une bicoque isolée, des parents couchent leur fillette de trois ans, comme tous les soirs. Le lendemain matin, ils trouvent un lit vide. La petite a disparu sans laisser de traces. La mère raconte les jours qui ont suivi : les plateaux télé sur lesquels ils se rendent, avec son mari, pour crier leur désespoir, l'enquête des policiers, puis le silence, l'oubli. Mais la mère dit-elle toute la vérité ?" (4ème de couverture)

Suite à ce résumé, l'éditeur s'emballe et parle d'un "Poe des temps modernes". Malheureusement n'est pas Poe qui veut et franchement la comparaison n'a pas lieu d'être. Ce très court roman ne m'a pas du tout emballé malgré son accroche tentante. Ah la publicité, on se fait avoir ! Je n'ai pas été séduit pas le style très oral, trop oral, la suppression systématique d'une partie de la négation qui rend parfois la phrase ambiguë. Par exemple : "Je me sens plus en sécurité." (p.65), signifie-t-elle "Je me sens beaucoup plus en sécurité" ? peu probable, ou "Je ne me sens plus en sécurité." ? Je charrie un peu, c'est vrai -mauvaise foi moi ? jamais !-, car le reste du paragraphe limite le choix de compréhension, mais si j'aime bien le style oral dans les dialogues, il me fatigue sur un roman entier quand bien même il ne fait que 120 pages. Au risque de passer pour un chichiteux -et oui, les vieux mots désuets ont de nouveau le vent en poupe, merci Monsieur le Président et votre "poudre de perlimpinpin", je dois confesser que moi aussi, quand je parle, je vais au plus court, et rarement la négation est au complet ; sans doute d'ailleurs cela nous ferait-il bizarre d'entendre, dans nos conversations courantes, une personne s'exprimer en n'oubliant aucune syllabe, aucun mot, mais l'écriture, ce n'est pas la même chose -NB : je n'ai pas écrit "c'est pas la même chose", qui aurait été moins bon, si tant est que ce que j'ai écrit soit bon.

Je continue en disant que l'histoire elle-même m'a laissé distant et froid, je n'ai pas saisi l'intérêt d'un tel livre qui enquille quelques poncifs et autres lourdeurs voire longueurs. Alors qu'il aurait pu être un bon moyen de faire le portrait d'une femme déchirée et angoissée par la disparition de sa fille, de rendre la lecture tendue, haletante, on est dans un bouquin pèpère qui ne met jamais le feu et qui franchement m'a ennuyé. Alors, trouver du Edgar Allan Poe là-dedans, je ne sais pas ce qu'a pris l'auteur de la quatrième de couverture, mais je veux bien connaître le nom de son fournisseur pour les soirées d'hiver longuettes ; il me semble qu'on est bien loin, à tous niveaux du modèle littéraire nommé. L'original étant nettement supérieur, mon conseil, lisons Edgar Allan Poe, ça tombe bien, j'ai L'intégrale illustrée dans ma bibliothèque !

Les Presses de la Cité

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29 juin 2017

Pour son dernier roman, Hervé Jaouen s'inspire de la vie de la comtesse Marie de Kerstrat et de son fils, le vicomte Henry de Grandsaignes d'Hauterives, pionniers dans la diffusion du cinéma au passage du 19e et 20e siècles. Puis, avec son talent et sa faconde habituels, le romancier breton construit une histoire folle, des aventures extraordinaires, des personnages entiers, passionnés aux caractères de Bretons bien trempés. Comment résister à un roman qui débute par cette longue phrase :

"Cependant que la comtesse Hortense de Penarbily servait le thé à lady Woodford, monsieur le vicomte Gonzague lutinait la délicieuse miss Lisbeth à l'intérieur de la cabine de bain que le cheval du domaine, mené par l'homme de peine, avait roulée sur la grève, à l'étale de basse mer, dans l'alignement de la terrasse où les deux dames étaient assises, protégées du soleil par des capelines en paille avachies qui donnaient au rite du five o'clock le côté relax d'un pique-nique champêtre improvisé entre personnes de bonne compagnie." (p.11) ?

La suite ? Eh, bien c'est une succession de belles phrases, de langage parfois très châtié parfois très fleuri, un mélange qui ravit et fonctionne admirablement bien. Ce gros roman de 460 pages ne souffre que très peu de longueurs, il est passionnant et tellement enlevé que la lecture en est aisée et rapide. La Bretagne y est magnifique, cette fois-ci les abords de Quimper, le Canada est bien joli également, les États-Unis moins accueillants, Thomas Edison voyant d'un mauvais œil arriver ces Français et sabrer son invention beaucoup moins avancée que celle des frères Lumière et voulant s'en attribuer néanmoins la paternité et les royalties qui en découlent. Hervé Jaouen bâtit un roman historique qui relate bien ces années d'avant guerre et l'euphorie de certains pour ce qu'ils considéraient comme une invention majeure contre tous ceux qui n'y croyaient pas ou pire y voyaient le diable, comme l'Église par exemple.

Et puis, ce qui fait le sel des romans de l'auteur, ce sont ses personnages, toujours très bien décrits tant physiquement que psychiquement. Gonzague et Hortense sont deux pièces de choix, des présences et des caractères forts, des volontés à déplacer des montagnes, des audaces et des paris risqués. Néanmoins, ils ne cachent pas totalement les seconds rôles, Bérénice la sœur de Gonzague, Suzanne sa compagne, rencontrée outre Atlantique, ni les diverses personnes qu'ils rencontreront au cours de leurs aventures, parfois aidantes, parfois envieuses et malhonnêtes, parfois carrément hostiles.

Voilà, tout est présent dans ce roman pour que le lecteur passe un excellent moment, l'un de ceux ou il apprend plein de choses sur les débuts du cinéma et comment grâce à des pionniers comme Hortense et Gonzague, il s'est développé, comment également les autorités étasuniennes ont voulu règlementer à leur profit ce nouvel art ; le lecteur passera également d'excellents moment en Bretagne et au Canada et souhaitera la réussite du duo mère-fils. Lecteur, j'y ai trouvé tout cela. Lu et approuvé !

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29 juin 2017

Karin Brunk Holmqvist est suédoise et est arrivée assez tardivement à l'écriture après avoir exercé pas mal de boulots. Désormais très appréciée dans son pays, à nous de la découvrir ; son premier roman traduit en français, Aphrodite et vieille dentelle est édité chez Mirobole, la maison d'édition aux couvertures soignées, drôles et reconnaissables qui publie donc le deuxième roman de l'auteure, écrit en 2005. Une perle du burlesque, du décalé, de l'humour qui fait sourire tout au long de la lecture avec parfois des éclats de rire incontrôlés. Avant d'en faire l'éloge, je voudrais quand même souligner quelques longueurs, des passages répétitifs qui ne sont pas indispensables et quelques difficultés pour se retrouver dans les nombreux personnages aux noms imprononçables. Mais que ces réserves ne vous fassent pas fuir, car la bonne humeur leur est largement supérieure.

Le rythme n'est pas haletant, l'histoire se déroule dans une petite ville paisible pour ne pas dire ennuyeuse et c'est justement le remue-ménage provoqué à la fois par l'ouverture du centre de désintoxication et par la découverte du champ de colza qui va l'accélérer un peu et qui joue sur l'opposition tranquillité et fébrilité. En fait, seuls Henning et Albert restent relativement calmes et sereins. Certes, ils se posent beaucoup de questions et il est assez cocasse de lire que c'est leur dénuement, la simplicité de leur vie, leur manque de besoins et de désirs matériels qui les protègent de l'effervescence autour d'eux. Je ne sais pas si la philosophie des deux frères peut être considérée comme la morale de ce livre -d'ailleurs en a-t-il une ?, mais j'aime bien l'idée que ce soit eux les héros, eux qui vivent tous les jours avec le minimum. Sous des airs de comédie frivole, Colza mécanique est plus profond qu'il n'y paraît et pose la question de la croissance, du modernisme à tout prix, du bonheur lié au matériel, de la position sociale et tout simplement du sens de la vie. Tout cela après lecture, lorsqu'on réfléchit un peu pour écrire un article, d'où l'intérêt de bloguer, sinon, je serai peut-être passé à côté ; ou alors, c'est moi qui extrapole qui me lance dans des explications oiseuses, cela se peut, cela se peut, parfois, je ne m'écoute pas penser (je vous laisse sur cette réflexion oh combien intelligente !). Pas mal pour un roman qui d'abord fait plaisir et sourire.

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29 juin 2017

Francis Ryck (1920-2007) est un auteur prolixe qui a donné au cinéma certains de ses meilleurs films tirés de ses romans. Costa Gavras, Claude Pinoteau, Jean Delannoy, Robert Enrico, Gérard Pirès pour n'en citer que quelques uns ont réalisé des films dans lesquels ont joué Lino Ventura, Jacques Villeret, Louis de Funès, JL Trintignant, Philippe Noiret, JP Marielle, Johnny Halliday, Suzanne Flon, Stéphane Audran, Marlène Jobert, Fanny Ardant, Voilà pour la galerie, venons en maintenant au fait.

Pur roman d'espionnage des années 60, avant les smartphones, Internet et les objets de haute technologie, même s'il est question d'avancée dans ce domaine tout au long de l'histoire. C'est assez dépaysant de lire une intrigue dans laquelle les différents groupes ne peuvent se joindre qu'à certaines heures données dans certains endroits précis, alors dès que l'un rate le coche, eh bien toute l'organisation est à revoir, ce qui n'est plus le cas de nos jours où chacun doit être joignable instantanément. Le bon vieux temps que je pourrais dire si je ne craignais qu'on me traite de vieux con.

Je dois dire que ce roman m'a bluffé. Il est absolument passionnant. Cette fuite perpétuelle de Yako, cherchant à se cacher des Russes, soupçonnant tous les gens qu'il rencontre de n'être pas là par hasard, jusqu'au chien qui l'accompagnera ! Et ce n'est pas de la paranoïa, juste des précautions. "Tout à fait installé dans son rôle de petit-bourgeois anglais, Yako se demandait où tout cela allait aboutir. Si Barney lui aussi jouait un rôle, il le tenait à la perfection. Le double sens de certaines de ses réflexions pouvait être imputé à la seule interprétation de l'auditeur. Un auditeur fortement conditionné par sa situation." (p.150)

Le roman est vif, bien écrit. Son intérêt principal est bien sûr de savoir si Yako s'en sortira et comment, et cet intérêt ne faiblit pas du début à la fin. Je comprends aisément que des cinéastes aient pu prendre les livres de Francis Ryck comme bases de leurs films, car tout est cinématographique : le personnage principal, taiseux par nécessité l'est devenu par habitude et sans doute par goût d'un certain anonymat, les autres protagonistes sont très bien définis et des acteurs/actrices peuvent être imaginés pour leur donner chair. Les paysages sont très présents, décrits assez minutieusement pour que les décors soient plantés. L'intrigue est là, prenante et la tension monte. J'imagine un film assez lent, avec une musique simple, des acteurs avec des gueules, des femmes mystérieuses... je prends au hasard dans la liste de noms citée plus haut ou même dans les acteurs actuels. Rien que pour revoir ce genre de film, il faut relire ce genre de romans qui font passer d'excellents moments. Très belle idée que de les rééditer, notamment ce Drôle de pistolet.

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29 juin 2017

'Fane, c'est l'un des auteurs de Joe Bar Team, la célèbre série BD. Amateurs de grosses cylindrées, de forts caractères féminins ou masculins, de défi, de courses de voitures, voici une bande dessinée faite pour vous. Les autres pourront également y trouver leur bonheur, la preuve, j'ai bien aimé. Alors, certes, si vous n'appréciez que les bluettes, les petites fleurs et la nature en pleine floraison, passez votre chemin. Le décor, c'est le désert, les voitures. Les mecs sont pour la plupart machos, les filles revendiquent fièrement leur assurance de battre les hommes sur un terrain qui n'est aux yeux de leurs adversaires pas le leur.

Dans ce premier tome, 'Fane place le décor, le contexte et ses personnages principaux : le beau gosse, le rival, le voyou violent, la fille chef du groupe qui veut rivaliser avec les mecs, l'ex du beau gosse rockeuse jalouse et rancunière, la jeune fille contrainte de subir tout ce déferlement de testostérone, d'huile de moteur et de vitesse. A la fin de cet opus, la course commence, le second tome lui sera donc, j'imagine, consacré.

J'ai passé un très bon moment, renouant avec un genre de BD que je n'avais pas lu depuis un moment. J'approuve sans réserve le dessin, les couleurs, le scénario. Dire que 'Fane invente serait excessif, il se sert des stéréotypes du genre dans lequel il place son histoire, des stéréotypes en général mais il le fait en maîtrisant totalement et admirablement son sujet et maintenant, eh bien, j'ai hâte de connaître le déroulé et l'issue de la course.