Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

suivi de La Retraite du juge Wagner

Actes Sud

7,00
Conseillé par (Libraire)
21 mai 2021

Une novella aussi forte qu'un verre de scotch !

Avec son style chaloupé, ses phrases bien balancées et ses situations habilement croquées, Nicolas Mathieu nous a habitués avec ses deux romans précédents -"Aux animaux la guerre" et "Leurs enfants après eux", Prix Goncourt 2018 - à des bras cassés du quotidien, des anti-héros à la mine fatiguée et à l'haleine redoutable, des familles désargentées, des jeunes zonant au milieu d'usines désaffectées et à un contexte social déprimé.
Nous le retrouvons avec grand plaisir avec ce 3ème et très court opus qui vient tout juste de paraitre, "Rose Royal", publié initialement dans la collection noire "Polaroïd" de la maison d'éditions IN8 dirigée par Marc Villard et qui vient de passer en poche chez Actes Sud , Babel.
Cette fois-ci nous sommes à Nancy; il nous présente la belle Rose,qu'on croise d'ailleurs tous les jours dans la rue; elle flirte avec la cinquantaine, ayant toujours tout assumé jusque-là, mari, divorce, enfants, boulot, galères, coups, solitude et souhaitant - malgré tout - encore profiter de la vie même si celle-ci est en train de la laisser de côté.
Elle a pris ses habitudes dans un troquet où elle se rend après son travail pour retrouver le patron, ses piliers, le journal et son amie Marie-Jeanne. Une rencontre inattendue va bouleverser ce qu'elle souhaitait bouleverser, une vie monotone et trop pleine d'attendus.
Du rose du titre il ne restera plus grand' chose à la fin, remplacé par le noir qu'on sent présent, même si bien planqué au début; Nicolas Mathieu n'écrit pas des histoires pour midinettes, il nous le confirme encore une fois. Brillant, percutant, et un beau portrait de femme, bref à lire!

Librement adapté du roman de fernando aramburu

Ankama

27,90
Conseillé par (Libraire)
14 mai 2021

Entre Histoire nationale et récit intime, un roman graphique fort et émouvant.

Un coup de coeur de Clémentine !
Dans un village du pays basque espagnol, Bittori et Miren, amies de longue date, prospèrent tant bien que mal avec leurs familles respectives, dans une région où la violence est quotidienne. Mais en grandissant, Joxe Mari, fils de Miren, rejoint les rangs de l'ETA, organisation terroriste indépendantiste. Quand le mari de Bittori est assassiné par le groupe, la question de l'implication de Joxe Mari se pose. La relation entre les membres de ces deux familles ne seront plus jamais les mêmes.
Toni Fejzula retranscrit à merveille le roman complexe et polyphonique de Fernando Aramburu, paru chez Actes Sud en 2016. Au travers des situations personnelles des huit narrateurs de cette histoire, c’est le paysage d’une région mise à mal par le terrorisme qui se dessine. Besoin de savoir, de dénoncer, de fuir, repli sur soi, fanatisme, compassion, individualisme, regret, pardon : chacun des huit points de vue apporte à l'histoire, la compose, et on ne peut que saluer la complexité de cette fresque psychologique.
Le graphisme de Fejzula est impressionnant de beauté et de puissance. Le choix de cases déstructurées, de tailles et de formes variables, permet à l’illustrateur de jouer sur les perspectives, les cadrages, accentuant ainsi les effets du dessin. Les couleurs douces, au crayon de couleur, contrastent avec la violence du sujet traité, et couvrent le livre d'un voile de nostalgie qui sied si bien à l’histoire.

21,00
Conseillé par (Libraire)
11 mai 2021

Un roman magnifique et prenant !

L'auteur Marcel Theroux, qui est aussi documentariste, a beaucoup voyagé aux confins de la Russie et les images qu'il en a gardées imprègnent fortement tout le récit qui se déroule dans cette partie du monde, sauvage, très peu peuplée; et dire que les hivers y sont rudes est un doux euphémisme...
La narratrice, Makepeace, vit dans une ville désormais fantôme où tous ceux qui la peuplaient sont morts ou s'en sont enfuis. Elle est la dernière rescapée de sa communauté et tente de continuer à vivre malgré tout, maintenant à flot les valeurs que lui ont inculquées ses parents.
La nature sauvage ne s'offre qu'à ceux qui la côtoient quotidiennement et la respectent, comme le peuple Toungouse, éleveur de caribous. Makepeace en a fait son terrain de jeu, chasse et pêche n'ont pas de secrets pour elle. Son intelligence, son habileté et son endurance vont désormais être ses seules armes dans un monde devenu impitoyable et qu'elle va affronter pour obtenir une réponse à une question lancinante: qu'est devenu le reste du monde? On s'attache très vite à cette femme à la trempe exceptionnelle ; le récit de sa vie est un roman d'aventure et de rencontres mâtiné de western à la sauce sibérienne, un superbe roman de survie en milieu hostile, une réflexion sur l'humain et l'humanité, mais également sur les dangers qui menacent notre planète. Un très gros coup de cœur !

Conseillé par (Libraire)
30 avril 2021

Albanie: bienvenue au royaume des désillusions...

Danü Danquigny , auteur canadien d’origine albanaise, nous fait découvrir dans un roman noir, court et percutant l’Albanie entre la fin des années 70 et 2017.
Le narrateur revient dans son pays après s’être enfui en France 25 ans auparavant et n’a qu’une idée en tête : venger sa femme assassinée juste avant son exil.
Louvoyant entre les différentes époques de sa vie tout au long du roman constitué de courts chapitres, Arben, né en 1968, se souvient de sa jeunesse, de ses parents, de ses amitiés et de son mariage arrangé par son père comme le voulait encore la tradition dans les années 90. C’est là une déclaration de haine et d’amour à son pays qui a vécu sous la dictature de Enver Hoxha pendant 40 ans, 40 années de peur liée à la délation, à l’emprisonnement, à la privation de libertés mais suivies par l’ouverture au capitalisme sauvage et la naissance de groupes mafieux de plus en plus puissants acoquinés aux nouveaux dirigeants politiques.
Les réponses d’Arben aux questions qui le taraudent depuis si longtemps vont bien surgir à la fin de son histoire mais pas tout à fait comme il l’espérait…
Un excellent roman à l’écriture incisive et efficace qui nous fait découvrir un pays très proche de nous mais si peu connu.

Éditions Gallmeister

10,00
Conseillé par (Libraire)
30 avril 2021

Servez-moi un roman bien noir svp !

Anti-héros absolu revenu de tout et surtout du pire, Douglas Pike vit au jour le jour de petits boulots dans sa ville natale de Cincinnati et « hérite » un beau matin d'une gamine de 12 ans, sa petite-fille, dont il devient le seul parent puisque sa fille, abandonnée enfant, est morte d'une overdose. Voulant éclaircir les conditions dans lesquelles elle a trouvé la mort, Pike part à la recherche du fantôme de sa fille. Bijou noir, langue âpre, alcool, drogue et prostitution à en pleurer, sans oublier un flic pourri jusqu'au tréfonds de l'âme en personnage secondaire rebutant à souhait. Un roman percutant qui traite aussi de paternité, d’amitié, de solitude et de l’Amérique des désespérés.