Annesophie B.

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chroniqueuse littéraire à temps complet.

21,00
Conseillé par
9 décembre 2019

Un polar tout en finesse et en férocité.

Un soir de novembre Bertrand Barthelme trouve la mort au volant de sa voiture. L’inspecteur Gorski, venu pour constater l’accident, se dit qu’aller annoncer la nouvelle à la famille du défunt sera très certainement l’aventure la plus palpitante qui lui sera donné de vivre ces derniers temps.

Car, croyez le ou non, mais dans la petite ville de Saint-Louis il ne se passe (presque) jamais rien.

Mais une fois devant la veuve, force est pour lui de constater 2 choses : la première étant que Mme Bartelme a une réaction pour le moins étonnante face à la mauvaise nouvelle qu’il vient lui annoncer.
Et la seconde, que la dite veuve est plus que séduisante.

Alors, puisque sa femme est partie et que Saint-Louis ne croule pas sous la criminalité, pourquoi ne pas faire plaisir à la jolie Lucette et essayer de savoir ce que son mari faisait sur cette route à un moment où il aurait dû se trouver en réunion ?

D’autant que Raymond, le fils Barthelme, semble lui aussi cacher des choses...

Graeme Macrae Burnet nous livre ici un polar dans la plus pure traduction du genre, avec pour décor une petite ville dont toutes les contradictions sont passées au microscope.

En plus de nous offrir une enquête à l’ancienne, avec calepins, filatures et appels depuis des cabines téléphoniques, il dissèque sous nos yeux, et pour notre plus grand plaisir, les mœurs des petites villes de province.
Et son coup de scalpel est absolument jubilatoire.

Mensonges, trahisons et petits secrets inavouables se partagent les pages pendant que les sourires de façade, l’excessive pondération et l’abus de faux-semblants nous sautent au visage.
Petites phrases assassines assénées par des gens de (presque) bonne éducation, et extrême mesquinerie cachée derrière les masques de convenances, relèvent encore un peu plus le menu dont l’auteur nous régale avec un style devenu bien trop rare.

Ce polar ne se lit pas pour son rythme, il se savoure pour sa justesse et son impertinence.

Si nous en avions déjà eu un bon aperçu avec La Disparition d’Adèle Bedeau, avec L’Accident de l’A35 il confirme son talent et imprime sa marque.

G. M. Burnet est décidément un auteur à suivre de près !

Conseillé par
9 décembre 2019

Une très belle réussite !

Si j’ai commencé ce thriller parce qu’il présentait une histoire susceptible de m’intéresser, j’étais loin de me douter qu’il allait me plaire à ce point là !

La vie de Gina implose littéralement lorsqu’un simple accident révèle que son mari est un tueur en série.
Comme si cela ne suffisait pas, elle et ses enfants se retrouvent alors traqués comme des bêtes par tous les apprentis justiciers du pays.
Leur seule chance de s’en sortir est de fuir et se cacher.

Mais à l’heure d’internet et des réseaux sociaux, rester cacher parmi la foule relève la gageure.

On a là plusieurs sujets qui laissent présager une bonne intrigue : un tueur en série particulièrement tordu, une femme désespérée et prête à tout pour protéger ses enfants, les avantages et inconvénients de nos « merveilleux » outils de communication. Bref d’excellents ingrédients de thriller, possiblement capables de nous offrir de belles heures de lecture.

Et c’est ici parfaitement réussi.

Le rythme, déjà, est excellent. Dès la troisième page on est dans le vif du sujet. Pas de longue amorce inutile, ici ça claque dès le début. S’il ne demeure pas constant tout du long, c’est uniquement pour aménager des temps de « descente » afin de nous redonner un grand coup d’adrénaline dès le chapitre suivant.

Les personnages, ensuite. Là aussi, dès les premières pages, le ton est donné : vous ne pourrez vous fier à aucun des protagonistes. Vraiment aucun. Un choix risqué mais qui est parfaitement maîtrisé par l’auteure et nous tient en haleine de façon très efficace.

L’histoire, enfin. Si, comme dans tout thriller, il faut lui pardonner quelques menues invraisemblances, elle reste solide et nous ferre de la première à la dernière page.

La fin, à demie ouverte, clôture très bien le roman, apportant le bon nombre de questions aux questions du lecteur, tout en semant ce qu'il faut pour pouvoir faire une suite. Et ça tombe bien puisque c’est ce qui est prévu : elle devrait paraître l’année prochaine.

Rachel Caine signe là son premier thriller, et après l’avoir lu on a qu’une hâte : lire le prochain.

Bref, un pur thriller efficace et haletant que je recommande vivement à tous les amoureux du genre !

Conseillé par
9 décembre 2019

Encore du grand Goddard.

Avec L’Héritage Davenall, son nouveau bébé de plus de 700 pages, le roi du polar britannique nous offre une nouvelle fois un de ses grands romans rempli de mystères dont il a le secret.
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1871. James Davenall disparaît subitement après avoir écrit un mot qui laisse entendre qu’il va mettre fin à ses jours.
1882. Alors que Constance, l’ex fiancée de James, est devenue l’épouse de William Trenchard, ils reçoivent un soir la visite d’un individu se faisant appeler James Norton mais prétendant être en réalité le James Davenall disparu depuis 11 ans et dont on n’a jamais retrouvé le corps...
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Si le postulat de départ laisse supposer une lecture mystérieuse mais à la finalité forcément simple (il sera prouvé que l’homme en question est ou n’est pas James Davenall), Robert Goddard nous prouve une fois de plus qu’il n’en est rien et qu’il n’y a pas de petits sujets chez un grand auteur.
Car, dans cette histoire, rien n’est simple.
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Qui a tort, qui ment, qui cache quoi, à qui, pourquoi, ne sont que quelques-unes des très nombreuses questions dont cette histoire regorge, pour le plus grand plaisir du lecteur.
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Comme toujours avec cet auteur, on ne s’ennuie pas une seule minute durant ces 700 pages.
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Les personnages sont, comme à son habitude, complets et complexes à souhait. Si bien que, du début à la fin on ne sait à qui se fier.
Quant à l’ambiance, c’est encore et toujours un des grands points forts de Mr Goddard. Le bruit des calèches, le clair soleil de certains après-midi de campagne et l’humidité du brouillard londonien deviennent notre décor quotidien autant que celui des protagonistes.

Et nous nous laissons prendre avec délectation, les nombreux faux-semblants des uns et des autres.
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Un seul tout petit bémol (sur plus de 700 pages rappelons-le) porte sur l’une des toutes dernières révélations qui va pour moi trop loin dans la noirceur de l’humain. Mais ce n’est qu’un minuscule bémol au milieu d’un millier de ravissements.
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Donc, si vous aimez les mystères à rebondissements, les personnages forts, les ambiances palpables, et bien évidemment les plumes ensorcelantes, n’hésitez pas à vous perdre dans cet excellent nouveau polar !

Sonatine éditions

21,00
Conseillé par
9 décembre 2019

Un roman qui ne laissera personne indifférent.

En 1953, Ned Sweeney, publicitaire New Yorkais, teste (bien malgré lui) du MDT-48, une drogue mise au point dans la continuité du programme MK Ultra.

En quelques minutes, il se retrouve emporté dans un tourbillon de sensations plus fortes les unes que les autres. La plus formidable d’entre elles étant sa capacité à entendre, comprendre et analyser tous les sujets auxquels il se trouve confronté.

Soixante ans plus tard, Ray Sweeney, le petit-fils de Ned, travaille à son compte dans l’analyse et le traitement de données pour certains politiques ou entreprises.

Au cours de l’une de ses missions, il va rencontrer un ancien politicien pour le moins énigmatique qui lui apprendra que son grand-père ne s’est pas suicidé comme tout le monde l’a toujours cru.

L’alternance des chapitres nous permet donc de suivre d’un côté Ned et les expériences qu’il vit grâce au MDT, et de l’autre Ray et son enquête pour découvrir ce qui est véritablement arrivé à son aïeul.

L’écriture est vive, le rythme idéalement soutenu, que l’on soit en 1953 ou en 2014.

Le lecteur pourra donc tout autant apprécier l’une ou l’autre des deux histoires, voire les deux, tant on ressent l’attrait de l’auteur pour cette thématique (auteur à qui l’on doit d’ailleurs « Champs de Ténèbres », le roman qui a inspiré le film Limitless).

Personnellement ce sont les chapitres avec Ned Sweeney qui m’ont le plus emportée, même si j’ai également beaucoup aimé l’enquête.
Sûrement parce que, confrontée au même dilemme, j’aurais sans hésitation fait les mêmes choix que lui.
Comment ne pas succomber à une substance capable de faire fonctionner notre cerveau quasiment à 100% de ses capacités ?

Qui plus est, si l’enquête de Ray est très bien menée et racontée, les ressentis de Ned sous MDT sont eux absolument captivants.

Un roman qui va très vite et très loin, et qui emporte sans difficulté le lecteur à la suite de Ned, dans sa recherche constante de nouvelles connaissances.

J’aurais préféré que ce roman soit un tout petit peu plus long, afin d’avoir une fin un peu moins abrupte. Mais ça reste excellent même ainsi.

À découvrir !

Aime-moi. Confie-toi. Mais ne me crois pas.

Fayard/Mazarine

21,90
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9 décembre 2019

Un thriller original sur la forme et sur le fond.

Deux ans après « La Fille d’Avant », qui avait connu un beau succès, l’auteur nous offre donc un nouveau thriller, que j’ai pour ma part préféré au précédent.

Claire, étudiante passionnée, paye ses cours de théâtre grâce à un travail pour le moins original : elle « teste », pour le compte d’un cabinet d’avocats, des maris soupçonnés d’infidélité.
Pour elle ce travail n’est qu’un rôle comme un autre, et les épouses sont plutôt satisfaites de ses résultats.
Du moins jusqu’à ce que la femme de Patrick, la dernière cliente de Claire, soit retrouvée assassinée dans la chambre d’hôtel où elle était venue lui faire son compte-rendu...
Qui a pu tuer cette femme ?
Que viennent faire Les Fleurs du Mal là-dedans ?
Et qui, de Patrick ou Claire, se joue de l’autre ?

Il faut reconnaître que faire un thriller ayant Baudelaire comme thème central, il fallait y penser.
Niveau originalité, aucun souci, c’est du jamais vu. Et ça fonctionne.

Toutefois, si vous êtes du genre allergique à la moindre petite invraisemblance, autant le dire tout de suite, cette histoire risque de ne pas vous convenir.

Par contre, si vous avez envie de lire un thriller comme vous regarderiez un film, pour vous détendre et sans vous poser (trop) de questions, alors vous pouvez y aller, ce roman fait son job, et il le fait plutôt bien.

Les points forts sont sans conteste : le rythme soutenu, les nombreux rebondissements, l’originalité de l’idée, et le mélange des genres (que j’ai particulièrement appréciés), avec certaines scènes écrites comme au théâtre.

Son point faible : les incohérences, même si elle ne m’ont pas spécialement dérangée. Sauf le tout dernier rebondissement, que j’ai trouvé trop explosif à mon goût vu le décor où il se passe.

C’est donc un thriller à lire si vous aimez les lectures survitaminée, qui sortent de l’ordinaire, et qui ne se dévoilent vraiment qu’à la toute fin.

Après un premier titre qui était plutôt un huis clos, J.P. Delaney nous donne ici une nouvelle histoire à l’opposé de la première.

Un nouveau roman à découvrir, pour passer un bon moment et vous faire votre propre avis.