Pascale B.

22,90
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3 novembre 2023

Convictions

Années 1920-1960 sur trois générations.
Arlène partage son enfance avec Daniel, Thomas et Marie. Bien qu’elle vienne d’un milieu plus modeste qu’eux, elle nourrit de grandes ambitions professionnelles, aspirant à devenir ingénieure malgré les nombreux obstacles inhérents à ce parcours.
Quatre destins dont le fil conducteur est l’histoire d’une jeune fille ambitieuse qui s’affranchit de sa condition, défiant les normes d’une époque marquée par trois guerres, où la femme est encore en arrière-plan.

L’auteur raconte comment Arlène, usant de subterfuges, sacrifiant amour, famille et amitiés, brave les statistiques de femmes ingénieurs avec sa résolution, et les dilemmes auxquels sa vie la confronte, tout en soulignant les faits historiques et scientifiques rappelant la conspiration du silence, un mensonge d’État concernant une bombe humaine à retardement et ses risques de contamination.

L’écriture guide le lecteur à travers cette histoire riche en rebondissements offrant une lecture agréable.

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30 octobre 2023

De quelle engeance es-tu ?

Ce roman s’inspire de la vie de Bella Brynhild, une jeune servante norvégienne pauvre qui, à la fin du XIXe siècle, émigra aux États-Unis enceinte, changea de nom, et fut reconnue post-mortem comme une tueuse en série notoire d’Amérique.
Transportée par sa quête d’amour passionné, inassouvie et déçue par les hommes, étouffée par le poids de sa culture protestante ; Bella devint une personne impitoyable.

Victoria Kielland consacre son récit à dépeindre en détail cette âme tourmentée rongée par le désir et la convoitise, tout en maintenant une certaine distance émotionnelle.
Son style unique et singulier, répétitif, d’une poésie inimitable, pourrait perdre quelques lecteurs non transcendés par la concentration requiert à la lecture, et en subjuguer d’autres jusqu’aux derniers chapitres révélateurs….

L’expression poétique d’une plaie ouverte.

« Elle comptait la joie et le plaisir sur ses doigts, mais il ne lui restait ni joie ni doigts pour profiter de quoi que ce soit »

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23 octobre 2023

Les flammes de la haine

L’intrigue de ce roman démarre en 1952 à Brézeville dans la Manche, autour de Thérèse Sommer qui, à force de tromper son mari, tombe enceinte et martyrise et néglige sa fille Françoise dès la naissance.
À travers le prisme d’une famille atypique, Vincent Delareux nous plonge dans le parcours poignant de cette enfant rejetée et révèle peu à peu l’histoire d’une famille dont la situation conflictuelle s’envenime bien au-delà de la rationalité, malgré la bienveillance de la grand-mère.
Comment se construit un enfant dans un foyer toxique ? Comment l’amour peut-il y trouver sa place ?
Une lecture ardente et fascinante, imprégnée de malveillance, de jalousie et de cruauté, est rendue addictive par des personnages remarquables, emprunts de vilénie ou de souffrances, se démarquant autant les uns que les autres. La rivalité s’y propage comme un feu dévorant….

Le destin de Françoise s’embrase de manière diabolique pour le plus grand plaisir du lecteur.

« Il passait la moitié de sa vie sur l’eau et l’autre dans l’alcool. Son existence était purement liquide sans forme ni contour »

« Mère privée d’enfants et donc plus vraiment mère, J. était une orpheline à l’envers »

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23 octobre 2023

Cœur libre amoureux

Née en 1898, Léonie Bathiat, enfant « mal élevée » aurait pu mener une vie rurale et modeste, mais son destin fut tout autre. Devenue très jeune autodidacte, cette passionnée d’amour et de liberté, une « prête à tout » inébranlable ; devint une comédienne de renom. Elle fut une personnalité singulière et marquante des années 30 à 50.

Nicolas d’Estienne d’Orves adopte une approche narrative à la première personne permettant à Arletty d’évoquer son parcours de femme devenue indépendante, affranchie d’attaches, guidée par ses choix avant-gardistes.
À partir de sources biographiques existantes, avec une écriture pleine d’esprit et de mots choisis, l’auteur nous raconte son enfance, sa vie d’actrice, ses amours chaotiques, ses rencontres marquantes, ses états d’âmes, son franc-parler.

Passionnant, foisonnant d’anecdotes, bien écrit..

« Aucun enfant ne devrait connaître la souffrance de ses parents. C’est comme les surprendre à faire l’amour. Il est des choses qui doivent garder la chambre »

« Si les femmes participaient aux guerres, elles dureraient moins longtemps »

« Sacha a toujours aimé qu’on lui tienne la chandelle, plaisantait-il, assez méchamment. La sienne est si petite qu’il a besoin de lumière pour la trouver »

« Quand bien même, ces condamnations étaient une roulette russe. Trenet et Tino Rossi auraient maille à partir avec la justice alors que la môme Piaf, cette abominable punaise, avait passé la guerre dans un bordel et se gobergeait grâce au marché noir, avec les caciques de la Gestapo française. »

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19 octobre 2023

Le fils spirituel

En pleine forêt, à l’abri des regards, le chasseur « Messire » piège des migrants de passage, se réservant les enfants pour en faire ses esclaves domestique et sexuel ou les vendre. Parmi eux se distingue « Gun Aydrinn » par sa volonté, l’ogre décide de le former à l’art de la chasse.
Michel Hauteville utilise une narration alternée mettant en scène les perspectives du bourreau et de l’enfant pour décrire la relation sournoise qui s’installe entre eux. Dressé jusqu’à l’effacement, le jeune garçon doit ressentir la souffrance de la servitude et nourrir une profonde aversion afin de gagner un implacable instinct meurtrier qui servira sa vengeance.

Le style est irrégulier, singulier ; le texte abrupt et percutant, servant à souhait la vulgarité d’une situation sordide. Parallèlement à cette brutalité physique et mentale omniprésente, le récit déroule une analyse méticuleuse des relations de pouvoir et de domination ainsi que leur impact sur la conscience des individus impliqués. La pression est constante dans cette subtile confrontation et les tactiques employées. Sont-ils dupes de leurs manœuvres respectives ?

Morbide, mais fascinant.

« Le maître au moins m’aura appris les vertus de la violence envers soi-même »

« La faim produit de ces cas pénibles de déshumanisation… La gamine s’est alors emparée du gobelet… pour vampiriser le liquide entre ses lèvres avides »