Dieu reconnaitra les siens

Elmore Leonard

Rivages

  • Conseillé par
    5 juillet 2010

    Terry Dunn venu au Rwanda pour repeindre la maison de son oncle, et accessoirement mettre un peu de distance entre son passé de petit trafiquant et la justice des Etats-Unis, va enfiler la robe de prêtre de son parent à sa mort.

    Son nouveau job ne lui pèse pas trop, il lui suffit d’absoudre les péchés des voleurs de chèvres et de célébrer l’office de Pâques. Le reste du temps il écluse du Johnnie Walker en se remémorant les atrocités auxquelles il a du assister jusque dans son église, impuissant. Alors autant dire que quand il se décide à rentrer aux Etats-Unis, il nage dans une certaine insensibilité face à la violence de la société occidentale - pourquoi s’en faire pour si peu - et Leonard lui donne raison en l’envoyant se frotter à la mafia de Detroit et à ses satellites, arrivistes minables ou vieux croulants qu’il entreprend d’escroquer gentiment. Tout le monde truande tout le monde, une constance chez Leonard, les alliances, consolidées au lit en général, se délitent rapidement face à un gros tas de billet. L’amour est une arnaque comme une autre : si par hasard l’un en sort vainqueur, il n’en a plus pour longtemps avant de tomber, enfoncé dans sa médiocrité. Et si la plupart du temps la coolitude des personnages désamorce les explosions de violence, la bêtise des uns, plus encore que leur convoitise, vient bousiller les efforts des autres pour instaurer une sorte de stabilité tactique, qui permette au moins de discerner les camps opposés avant que tout ça vire au bordel sous la plume désabusée de l’auteur.