Barbe bleue

Amélie Nothomb

Albin Michel

  • Conseillé par
    3 novembre 2012

    Saturnine n'en revient pas : c'est elle que Don Elemirio a choisi pour être sa colocataire, dans son luxueux immeuble particulier parisien. La jeune Belge apprend que 8 femmes l'ont précédée et ont disparu. Apparemment, elles ont ouvert la chambre noire interdite. Saturnine ne connaissait pas la réputation de son illustre colocataire qui se prétend l'homme le plus noble du monde. Elle découvre sa misanthropie et son étrange façon d'assouvir ses besoins charnels. « Les colocatrices n'espèrent pas qu'on les épouse. Elles habitent déjà avec vous. » (p. 28)

    D'abord cynique, Don Elemirio tombe fou amoureux de Saturnine. Fasciné par l'or, il le voit s'incarner dans la jeune femme. Mais Saturnine se méfie : son hôte a-t-il tué ses 8 colocataires ? Que cache la chambre noire ? « Ce type se nourrit de l'angoisse des autres, et des femmes en particuliers. Je veux lui montrer qu'il ne m'impressionne pas. » (p. 61) Saturnine saura-t-elle résister au charme trouble de Don Elemirio ? Saura-t-elle le battre à son jeu désabusé ?

    Pas vraiment emballée par Stupeur et tremblements, j'ai apprécié cette fable chromatique qui revisite le célèbre mythe littéraire. En partant du présupposé que la colocation est l'accomplissement idéal de l'amour, Amélie Nothomb pose un regard cynique sur les relations amoureuses et humaines en général. Bon, ce n'est pas le livre de l'année, mais il est plaisant, parfois très drôle et la fin est surprenante.


  • Une lecture agréable, mais pas inoubliable.

    Il suffit de lire le titre pour le comprendre, ici, Amélie Nothomb revisite le bien connu conte de Barbe bleue. Une jeune femme, Saturnine, devient la colocataire de don Elemirio Nibal y Milcar sans connaitre sa funeste réputation. En effet, les huit précédentes colocataires ont toutes mystérieusement disparues et personne ne les a jamais revues. Pour à peu près tout le monde, il est très clair qu’il les a tuées et qu’il cherche maintenant sa neuvième victime. Mais Saturnine n’y croit pas… et puis, elle ne va pas laisser passer une aubaine pareille ! Un 40m² pour une bouchée de pain, avec chauffeur et domestique à son service.

    Ce livre est dérangeant tout en étant captivant. Petit à petit on s’attache mais surtout on doute très facilement. Est-il vraiment un assassin ? Si non, que sont devenues les huit jeunes filles, sont-elles parties de leur plein gré ? Autant de questions qui ne trouveront leur réponse qu’à la toute fin du roman. En somme, on passe par pas mal de sentiments contraires au cours de cette lecture. La fin est surprenante, sans pour autant vraiment surprendre car on s’y attend dès la moitié du roman même si un petit doute subsiste.

    En conclusion, une lecture agréable mais pas forcément inoubliable. Amélie Nothomb revisite le conte de Barbe Bleue et le remet au goût du jour. Son héroïne, Saturnine, est une jeune femme à laquelle on s’identifie sans mal ce qui est un vrai plus.