La station thermale

Ginevra Bompiani

Liana Levi

  • 29 décembre 2012

    "Comme si la vie passait à côté d'elle. Ou peut-être que c'est moi qui suis comme ça et que je me revois en elle quand j'étais petite. Avec cette impression que ma vraie vie s'écoule dans le lit d'un fleuve à côté de moi, je pourrais la rejoindre d'un bond, mais ce bond, je ne veux pas le faire. Et quand je découvrirai pourquoi, il sera trop tard. Ou quand la terre de la berge cédera tout simplement et que je me retrouverai dans le lit de mon fleuve, le courant m'emportera sans que je nage. Ce ne sont pas des choses qu'une enfant pense. Mais qu'elle vit. Moi je les vivais. Peut-être qu'elle est plus pragmatique, moins imaginative, plus moderne, elle nous supporte, je ne sais pas pourquoi elle nous supporte".


    Je vous emmène dans une station thermale. Un hâvre de paix soit-disant. C'est probablement ce que pensent les trois femmes et la fillette qui se rencontrent dans ce lieu.Le temps est suspendu et on entre à pas feutrés dans ce gynécée. Loin du monde, celui des hommes, les femmes vont s'observer, apprendre à se connaître et révéler des secrets enfouis.

    Lucy, la fillette, s'ennuie. Elle tente de débusquer les secrets de sa tante Emma. Giuseppina, telle une impératrice, jouit des plaisirs pantagruéliques de la vie. Lucia se montre soucieuse du temps qui passe et tente de conjurer le sort en s'adonnant aux soins de chirurgie esthétique.

    Peut-on échapper à ce que l'on est? Telle est la question posée par Ginevra Bompiani dans ce très beau roman "mélancomique" . Dans le huis-clos, les femmes se révèlent à elles-mêmes.La plume est incisive au sujet du temps qui passe, de la vieilesse et de la maladie. Ces femmes souffrent toutes d'une timidité affective. Le lieu de la station thermale crée l'illusion, celle d'échapper au temps, de se créer un nouveau départ à force de bains de mer.

    La chute est très belle et marque l'apogée de toutes les vérités.

    Roman publié chez Liana Levi en Octobre 2012, traduit de l'italien par Jean-Luc Defromont.

    Merci à Dialogues Croisés pour cette très belle découverte.