Les routes blanches

Georges, dont personne ne connaît la véritable identité, est un jeune vagabond
silencieux, sauvage et désespéré, qu’un riche chiffonnier de race gitane,
Joseph Jankelovici, a recueilli et emploie comme ouvrier à tout faire. Ce
Joseph vit en province, sur les hauteurs d’une vieille cité médiévale
construite au bord d’un fleuve, en compagnie de sa nièce Frédérike, secrète,
distante et dont la beauté rend fous tous les hommes de la région. Le trio va
et vient, à bord d’un vieux camion, sur les « routes blanches », traitant des
affaires de ferrailles et de peaux de lapin, vidant caves et greniers,
s’attablant aux terrasses des cafés, uni par d’étranges liens de silence, et
revenant chaque soir dans la maison sise en face de la gendarmerie. La seule
distraction du singulier Georges est de partir, aux heures de liberté, sur une
vieille moto pour de folles randonnées, soit à la ville, soit dans la
campagne, qui le ramènent plus enfermé que jamais dans son univers intérieur.
L’arrestation de Joseph par le gendarme Leblanc fait basculer l’équilibre
précaire de ces trois destins : Georges quitte la maison où la belle Frédérike
continue seule les affaires. Et c’est grâce aussi à une série d’aventures
terribles et tendres (ses démêlés avec Leblanc devenu l’aide-chiffonnier de
Frédérike, avec les mauvais garçons du pays, une virée à Paris en compagnie de
Pete son meilleur ami, une idylle avec Edmée de Thiard, la belle antiquaire)
que la vraie personnalité de Georges va se dévoiler. Georges découvrira enfin,
après son retour dans la maison des chiffonniers, que l’amour de la sombre
Frédérike (dont il était passionnément épris sans le savoir) l’attendait
paisiblement pour le délivrer de la solitude.