- EAN13
- 9782081406209
- Éditeur
- Flammarion
- Date de publication
- 25/10/2017
- Collection
- gf
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Papier - Flammarion 9,00
Extrait des Essais (II, 12), l’Apologie de Raymond Sebond est pour ainsi dire
un livre dans un livre. Sous couvert de la défense d’un théologien catalan du
XVe siècle, dont en 1569 il avait traduit, à la demande de son père, la
Théologie naturelle, Montaigne déploie ici une pensée singulière qui incorpore
d’autant mieux les lectures qui l’ont nourrie qu’elle s’en éloigne. « Nous
n’avons aucune communication à l’être, parce que toute humaine nature est
toujours au milieu entre le naître et le mourir, ne baillant de soi qu’une
obscure apparence et ombre, et une incertaine et débile opinion. Et si, de
fortune, vous fichez votre pensée à vouloir prendre son être, ce sera ni plus
ni moins que qui voudrait empoigner de l’eau : car tant plus il serrera et
pressera ce qui de sa nature coule par tout, tant plus il perdra ce qu’il
voulait tenir et empoigner. Ainsi, étant toutes choses sujettes à passer d’un
changement en autre, la raison, y cherchant une réelle subsistance, se trouve
déçue, ne pouvant rien appréhender de subsistant et permanent parce que tout
ou vient en être et n’est pas encore du tout, ou commence à mourir avant qu’il
soit né. »
un livre dans un livre. Sous couvert de la défense d’un théologien catalan du
XVe siècle, dont en 1569 il avait traduit, à la demande de son père, la
Théologie naturelle, Montaigne déploie ici une pensée singulière qui incorpore
d’autant mieux les lectures qui l’ont nourrie qu’elle s’en éloigne. « Nous
n’avons aucune communication à l’être, parce que toute humaine nature est
toujours au milieu entre le naître et le mourir, ne baillant de soi qu’une
obscure apparence et ombre, et une incertaine et débile opinion. Et si, de
fortune, vous fichez votre pensée à vouloir prendre son être, ce sera ni plus
ni moins que qui voudrait empoigner de l’eau : car tant plus il serrera et
pressera ce qui de sa nature coule par tout, tant plus il perdra ce qu’il
voulait tenir et empoigner. Ainsi, étant toutes choses sujettes à passer d’un
changement en autre, la raison, y cherchant une réelle subsistance, se trouve
déçue, ne pouvant rien appréhender de subsistant et permanent parce que tout
ou vient en être et n’est pas encore du tout, ou commence à mourir avant qu’il
soit né. »
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