La Vierge à combustion et le Baryton perché

Zimmerman est à son poste, devant les boîtes aux lettres, guettant le passage
du facteur. Meunier franchit la porte cochère de leur immeuble, un paquet
emballé de papier kraft sous le bras. Ce n’est pas l’envie qui leur manque de
poser des questions indiscrètes : que contiennent donc les enveloppes que
Zimmerman attend chaque jour ? que dissimule l’emballage à la forme étrange
coincé sous le bras de Meunier ? Mais, comme d’habitude, ils se contentent de
se saluer poliment. Il faudra l’incendie de Notre-Dame, auquel ils assistent
depuis la lucarne de l’appartement de Meunier, pour que se rencontrent enfin
ces deux âmes solitaires qui se débattent, chacune à sa manière, avec les
affres de la création artistique. L’irruption d’un nouveau voisin aux
borborygmes musicaux insupportables vient mettre en péril leur amitié
naissante : le jeune baryton finit par s’attirer la sympathie de Zimmerman,
qui le prend sous son aile et délaisse peu à peu Meunier. Quand il ne se
réfugie pas au café, celui-ci s'exerce à apprivoiser la vierge en cire trônant
sur la table de son salon, sujet central de son nouveau projet photographique.
Mais son travail est régulièrement perturbé par le dépôt sauvage des
différentes parties d’un manuscrit anonyme dans sa boîte aux lettres… Au
croisement de la musique, de la photographie et de l’écriture qui se penche
sur elle-même, Sophie Charpentier nous entraîne dans le quotidien des
habitants d’un immeuble jusque-là paisible, où se jouent discrètement les
drames des relations humaines et de la création. Sophie Charpentier a endossé
au fil de sa vie de multiples casquettes. Après une formation de musicienne en
France et en Suisse, elle est tour à tour claveciniste, cheffe de chœur,
flûtiste, concertiste (enseignant dans plusieurs conservatoires), directrice
d’une compagnie pluridisciplinaire mêlant musique, théâtre et arts du cirque,
interprète des spectacles poético-baroques de l’Ensemble Felicitas. L’écriture
fait partie de l’aventure. La poésie, avec Apatries publié en 2015 aux
Éditions La Nouvelle Pléiade, Sur tes traces chez N&B; Éditions en 2017,
repris en extrait par les éditions Bruno Doucey dans l’anthologie Passagers
d’exil, puis Cinglés, variations sur le thème de la folie, publié par RumeurS
en 2018. Adepte des mélanges, elle se met au service des textes de Jacques
Jouet, prête ses poèmes à l’écriture contemporaine avec le cycle Quatre
miniatures romaines mis en musique par Karl Fiorini en 2019, et les séries La
belle du Rhin et Froissements de nuit, inspirées par les planches du
photographe Yves Muller. Elle se penche, enfin, sur l’écriture théâtrale et
romanesque, dont La Vierge et le Baryton est un premier opus. Elle habite dans
le 5e arrondissement de Paris.