Décadrages n° 46-47, Dossier Chantal Akerman
EAN13
9782970096399
ISBN
978-2-9700963-9-9
Éditeur
Association Décadrages, Association Décadrages
Date de publication
Collection
Décadrages
Dimensions
17 x 5,8 cm
Poids
500 g
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Décadrages n° 46-47

Dossier Chantal Akerman

Association Décadrages, Association Décadrages

Décadrages

Offres

Nous proposons ici un e´tat des lieux actuel de la critique et de la recherche
sur l'œuvre de Chantal Akerman, en privile´giant les e´tudes anglo-saxonnes
qui nous paraissent les plus de´terminantes dans la compre´hension et l’ana-
lyse de son travail. Longtemps, la re´ception critique en France de la
cine´aste a e´te´ oriente´e par d’importantes publications de textes et
d’entretiens de Chantal Akerman, dans le cadre de re´trospectives de son
œuvre, ses propos orientant la lecture de ses films. Certes, il y a aussi eu,
en France, des e´tudes universitaires de qualite´. Mais nous constatons que
dans l’espace anglo-saxon le travail de Chantal Akerman a fait l’objet de
plusieurs mono- graphies et nume´ros de revues, dont l’approche est souvent
plus historicise´e et politise´e. En effet, Chantal Akerman constitue l’une
des figures de proue du cine´ma fe´ministe dans le contexte de la re´ception
anglo-ame´ricaine de ses films, au moins depuis les anne´es 1980. Mais elle a
aussi joue´ un ro^le important par son engagement vis-a`-vis de diffe´rents
conflits territoriaux: en l’occurrence, la situation des pays de l’Est apre`s
la chute de l’URSS, les conflits israe´lo-palestiniens, la frontie`re ame
´ricano-mexicaine ou encore plus ge´ne´ralement la question raciale. C’est
cette dimension historico-politique qui a tout particulie`rement retenu notre
attention. Celle-ci nous parai^t parti- culie`rement pertinente aujourd’hui,
depuis le de´po^t re´cent des archives de Chantal Akerman a` la Cine´mathe`que
royale de Belgique – Cinematek. Le travail a` venir sur les archives, qui ont
de´ja` e´te´ utilise´es de fac¸on ponctuelle par divers auteurs, permettra
indiscutablement de reconside´rer la dimension historique et politique des
films, des installations et plus ge´ne´ralement du parcours artistique de
Chantal Akerman.

Ces questions historiques et ge´opolitiques se manifestent avant tout dans son
travail par un traitement singulier du texte et de l’image: l’espace-temps
filmique devient le lieu d’expression privile´gie´ du politique, comme on peut
le constater aussi bien au sujet de l’intimite´ et du corps propre dans Je tu
il elle (1975), que dans les espaces publics et prive´es d’immobilite´ et
d’attente mis en sce`ne dans D’Est (1993), par exemple. Par ailleurs, le
travail de Chantal Akerman se caracte´rise par sa diversite´ d’e´cri- ture,
celle-ci recourant a` des genres filmiques de´ja` constitue´s – tels que la
come´die, le drame, le portrait et l’autoportrait – tout en empruntant la voie
du documentaire, de la te´le´vision, du cine´ma expe´rimental et de
l’installation. Cette diversite´ de registres d’e´criture prend son sens par
rapport a` un de´cou- page chronologique, entre les de´buts nord-ame´ricains
de Chantal Akerman, marque´s par le cine´ma expe´rimental et la danse
oriente´e par l’action, et sesalle´es-venues entre la France, la Belgique et
les E´tats-Unis. La plupart des contributions a` ce dossier portent sur ses
films; mais la cine´aste a e´galement re´alise´ de nombreuses installations,
le plus souvent issues de ses films, et e´crit diffe´rents romans et
autofictions.

Le pre´sent dossier est articule´ en trois parties. La premie`re partie, qui
ouvre et ferme le dossier, est constitue´e de te´moignages de proches de
Chantal Akerman. Le cine´aste Boris Lehman propose une introduction visuelle,
suivie de deux textes personnels, dont un poe`me consacre´ a` l’amitie´ qu’il
a entretenue avec Chantal Akerman. En clo^ture de dossier, nous tradui- sons
deux textes de Babette Mangolte, cine´aste expe´rimental new-yorkaise et
ope´ratrice des premiers films de Chantal Akerman. Elle revient sur ses
collaborations avec Chantal Akerman a` New York, marque´es au sceau du cine´ma
expe´rimental – elle e´voque notamment La re´gion centrale (1971) de Michael
Snow, qui parcourt et e´puise la diversite´ des points de vue sur un espace
donne´; ce sera la` le point de de´part de La chambre (1972) d’Akerman.

La deuxie`me partie est constitue´e d’articles scientifiques ainsi que d’un
entretien avec Claire Atherton portant sur les films de Chantal Akerman.
L’e´tude de Marion Schmid porte sur le ro^le d’actrice de Chantal Akerman, qui
se met elle-me^me en sce`ne dans une diversite´ de registres qui oscille entre
la performance et l’autoportrait. Mathias Lavin souligne l’importance de la
nourriture et de ses pratiques, voire de ses rituels, qui structurent le
quotidien et traversent l’ensemble de sa filmographie, de la nutrition a` la
destruction. Ivone Margulies met en e´vidence l’e´conomie du ressassement dans
certains films de Chantal Akerman, insistant tout particulie`rement sur les
figures de la fatigue et de l’e´puisement. Catherine Fowler, a` partir d’une
e´tude rigoureuse de La captive, de´veloppe une re´flexion sur l’ambigui¨te´
du regard et du de´sir, en termes de sexualite´. Franc¸ois Bovier et Serge
Margel reviennent sur la se´rie documentaire de Chantal Akerman, interrogeant
les notions de frontie`res et d’alte´rite´. Suit un entretien avec Claire
Atherton, sur son travail de montage, en particulier sur cette se´rie
documentaire.

La troisie`me partie comporte un article et e´galement un entretien avec
Claire Atherton sur les installations que Chantal Akerman a de´veloppe´es a`
partir de ses films. Giuliana Bruno propose une analyse syste´matique de
l’ensemble des installations de Chantal Akerman, les confrontant aux films
dont elles sont issues. Enfin, Claire Atherton, dans un entretien, revient sur
sa collaboration avec Chantal Akerman par rapport a` ses installations,
e´voquant les enjeux d’une reconfiguration du cine´ma par d’autres moyens.
Elle pre´cise e´galement les modalite´s selon lesquelles elle reconstitue les
installations de Chantal Akerman, d’un lieu d’exposition a` un autre.

La rubrique suisse s’ouvre sur l’analyse de deux expositions qui ont e´te´
pre´- sente´es dans le cadre de festivals qui ont eu lieu a` Vevey et Nyon, en
2020. Ste´phanie Serra revient sur Sentiments, signes, passions, a` propos du
livre d’image, la dernie`re exposition en date de Jean-Luc Godard. Le projet,
mis en espace dans le cha^teau de Nyon par Fabrice Aragno, proche collabora-
teur de Godard, en e´te´ 2020, re´pond a` une invitation du Festival Visions
du Re´el. Cette exposition est l’aboutissement d’un questionnement initie´
de`s la

fin des anne´es 1960 sur la possibilite´ de penser l’exposition d’un film.
Elle participe donc a` l’exercice qui e´tait encore ine´dit pour Jean-Luc
Godard du de´ploiement dans l’espace d’un seul film: ici, Le livre d’image.
Dans son compte rendu, Serra de´taille le de´ploiement des se´quences
diffracte´es, re´pe´te´es et multiplie´es de ce film expose´. Elle insiste sur
la de´liaison entre sons et images, proce´de´ bien connu de Godard, qui est au
centre des dispositifs et qui est rendue possible par la multiplication des
e´crans et des haut-parleurs. Selon Serra, l’exposition ouvre la possibilite´
d’une relecture du film, c’est-a`-dire celle de re´ouvrir les pages du film au
hasard, comme si celui-ci e´tait un livre imprime´ a` feuilleter.

Nathalie Dietschy commente «l’ensemble» An American Landscape, pre´sente´ par
l’artiste franc¸ais Alain Bublex qui, dans un dispositif de pro- jection
complexe, a redessine´ nume´riquement chaque plan du film Rambo (Ted Kotcheff,
1982) tout en gommant les personnages. Ne conservant que les arrie`re-plans de
l’œuvre adapte´e, Bublex propose un dessin anime´ pre- nant pour cadre
l’espace nord-ame´ricain, offrant ainsi une re´flexion sur le concept de
paysage. Tout en pre´cisant les aspects techniques de l’installa- tion de
Bublex ainsi que les re´fe´rences de l’artiste, Dietschy prend soin de
comparer An American Landscape a` d’autres pratiques artistiques qui inter-
viennent sur une œuvre existante pour la moduler et la modifier.

Ade`le Morerod e´voque dans son texte l’activite´ « And you...? », mise en
place dans le cadre des Jeux olympiques de la jeunesse, qui se sont tenus a`
Lausanne au mois de janvier 2020. Ladite activite´ proposait aux jeunes
athle`tes pre´sents a` la manifestation sportive de visionner des extraits de
films en lien avec le sujet de la maltraitance dans...
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