La Côte d’Ivoire et la France, telles Sisyphe et son rocher

Le thème central de cet essai me trottait dans la tête depuis des lustres mais il ne s’est vraiment imposé qu’après que j’ai lu le discours qu’Alassane Ouattara adressa à ses partisans réunis en congrès les 9 et 10 septembre 2017. J’ai été frappé par la tonalité communautariste, rancunière et vindicative très mesquine de ce discours dans un moment où le mot et qui dominait dans le vocabulaire des ivoiriens, toutes ethnies, toutes religions toutes tendances politiques confondues, était : réconciliation»! Sans doute le mot n’avait-il pas la même signification pour tous selon qu’ils appartenaient au camp des vainqueurs des affrontements consécutifs au scrutin présidentiel de 2010 ou à celui des vaincus, mais il n’en témoignait que mieux de la conscience aigue que les uns et les autres avaient déjà d’être pris dans le même piège, ainsi que de leur commune volonté de s’en délivrer afin que leur pays puisse, enfin , réellement progresser. Tout à l’inverse, notamment d’après ce discours mais aussi d’après sa manière de gouverner, dont il nous avait ďailleurs donné un avantgoût entre 1990 et 1993, Alassane Ouattara semblait, ce 10 septembre 2017, tout à fait décidé à maintenir le pays et la société toujours déchirés et, par voie de conséquence, la nation à jamais impuissante et incapable de se gouverner vraiment.