Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 85, Fascicule 2
EAN13
9782252038970
ISBN
978-2-252-03897-0
Éditeur
Klincksieck
Date de publication
Collection
Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes
Nombre de pages
222
Dimensions
24 x 16 x 0,9 cm
Poids
400 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes volume 85

Fascicule 2

Klincksieck

Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes

Indisponible
Michèle Biraud. – Une double compétence phonologique créatrice d'une double lecture poétique : l'exemple des épigrammes d'Antipater à Pison et au petit-fils ­d'Auguste (p. 215-234)

Il résulte de la transformation de la nature de l'accent au cours de l'époque hellénistique que la plupart des Grecs cultivés, à l'époque d'Auguste, savaient, comme le peuple, s'exprimer dans un état de langue qui avait perdu les anciennes oppositions quantitatives en même temps que s'instaurait l'accent d'intensité-durée ; néanmoins le maintien de la culture poétique et rhétorique traditionnelle présuppose le maintien de la connaissance du système de prononciation classique fondé sur la prosodie quantitative des syllabes et sur l'accent mélodique. Cette double compétence phonologique n'a pas été sans conséquence sur la production de certains poètes, qui ont essayé de réaliser des tressages d'échos rythmiques et mélodiques harmonieux quel que soit le mode de lecture. Certaines épigrammes d'Antipater de Thessalonique témoignent de recherches élaborées d'organisation rythmique selon ces deux modes de lecture ; bien plus, le travail sur les rimes accentuelles (dans le mode de lecture moderne) n'exclut pas un travail poussé sur les mélodies accentuelles (dans le mode de lecture ancien), notamment dans un poème dédié au petit-fils d'Auguste (A.P. 9, 59).

Michèle Biraud. – Double phonological competence created a double reading of poetry: the example of the epigrams of Antipater to Pison and the grandson of August (p. 215-234)

It results from the transformation of the nature of the accent during the Hellenistic period that most of the cultured Greeks, in the Augustan age, knew, as common people did, how to express themselves in a language which had lost the former quantitative oppositions at the time at which the accent of intensity-duration established its prevalence ; nevertheless the preservation of the poetic culture and traditional rhetoric presupposes the preservation of the knowledge of the classical pronunciation system based on the quantitative prosody of the syllables and on the melodic accent. This double phonological skill was not without consequence on the writings of several poets, who tried to achieve the development of harmonious rhythmic and melodic echoes in both modes of reading. Some epigrams of Antipater of Thessalonica testify to the presence of elaborate searches for rhythmic organization according to both modes of reading ; moreover, the work on the accentual rhymes (in the mode of modern reading) does not exclude an elaborate work on accentual melodies (in the former mode of reading), in particular in a poem dedicated to Augustus' grandson (A.P. 9, 59).

Julien Faguer. – Autour de Isée VI, 36 : retour sur la μίσθωσις οἴκου et sur un problème de traduction (p. 235-243)

Jusqu'à la fin des années 1920, les rares travaux d'économistes consacrés aux sociétés antiques ont suscité un rejet massif de la part des antiquisants et des philologues, privilégiant des approches anachroniques ou strictement juridiques (voir la controverse Bücher-Meyer). Cet intérêt tardif pour les problèmes et les concepts de l'économie doit inciter à aborder avec prudence les passages relatifs au crédit ou au patrimoine dans les sources, leur compréhension restant tributaire de dictionnaires, d'éditions critiques, voire de traductions remontant au xixe siècle. Nous pouvons le voir à propos d'un plaidoyer d'Isée traitant d'une affaire d'héritage. L'imprécision des premiers traducteurs sur les sens d'oikos, d'ousia et d'apotimèma a favorisé un contresens syntaxique, aboutissant à un texte incohérent relayé d'édition en édition. En reprenant les données du problème, je propose une nouvelle traduction du passage, qui reste une source essentielle pour notre connaissance de l'affermage du patrimoine des orphelins dans l'Athènes classique (misthosis oikou), et pour la définition juridico-économique de l'oikos.

Julien Faguer. – A Note on Isaeus, VI, 36 : Reconsidering the μίσθωσις οἴκου and a translation problem (p. 235-243)

Until the late 1920s, the few studies written by economists on ancient societies aroused strong opposition both from ancient historians and philologists, who favoured anachronistic or strictly legal approaches (see the Bücher-Meyer controversy). Such a late interest for economical problems and terminology should encourage us to deal carefully with passages related to credit and property in the sources, since our understanding of them relies on dictionaries, critical editions or even translations dating back to the 19th century. This is the case with one of Isaeus' speeches that concerns an inheritance case. The inaccuracy of the first translators concerning the meaning of 'oikos', ‘ousia' and ‘apotimēma' has led them to misunderstand the syntax of one sentence, producing an inconsistent reading transmitted from edition to edition. After reconsidering the matter, I propose a new translation of this passage, which remains an essential source for understanding the leasing of orphans' estates in Classical Athens (misthōsis oikou) as well as the legal-economical meaning of the oikos.

Pierre Flobert. – La coriandre : du mycénien au latin (p. 245-250)

Ce condiment très employé dans l'Antiquité en cuisine et en médecine est manifestement un emprunt, non au grec alphabétique, comme on l'affirme partout, mais au mycénien. Il faut donc partir de korijadono, écrit aussi koria2dono, bien représenté sur les listes de condiments à Cnossos, Pylos et Mycènes, qui s'interprète koriandnon en tenant compte des règles graphiques. Le latin conserve le d et dissimile le deuxième n en r ; le grec alphabétique atteste κορίαννον peut-être depuis Anacréon, VIe siècle, et en tout cas Aristophane, le d entre deux n s'étant assimilé avant de disparaître nécessairement. Le latin tardif a connu encore une forme dissimilée coliandrum qui a passé en grec byzantine : κολίανδρον. Il existe un témoin roman : espagnol culantro, cilantro. Quant au grec κορίανδρον, c'est un emprunt très tardif au latin, une forme de glossaire, reprise en grec moderne, mais étrangère au grec ancien. Cet emprunt latin au mycénien ouvre des aperçus sur les trafics commerciaux de l'âge du bronze en Italie du sud, en Sicile et au Latium, bien connus par l'archéologie mycénienne ; il s'y ajoute donc des contacts linguistiques qui confirment et approfondissent les relations sociales.

Pierre Flobert. – Coriander : from Mycaenean to Latin (p. 245-250)

The coriander was used among the Greeks and Romans both for cooking and curing. The Latin coriandrum is the product of the Mycenaean korijadono, that is koriandnon, with a phonetical treatment that differs from the Greek κορίαννον (perhaps Anacreon, VIth century, and surely Aristophanes). The dissimilated form coliandrum produced the Greek κολίανδρον (both are late formations). The Mycenaean origin of coriandrum vouches for the existence of commercial relationships between South-Italy, Sicily or Latium and the Mycenaeans during the Bronze Age. The evidence of language is prevalent in that history.

Philippe Le Doze. – Choisir son roi (Virgile, Georg., 4, 67-108) (p. 251-266)

Georg. 4, 67-108 est à lire comme un discours analogique. La ruche est le prétexte à une méditation sur les guerres civiles (ici décrites comme l'acte impie par excellence), mais aussi sur la compétition pour le pouvoir. Conscient des évolutions institutionnelles à l'œuvre depuis de nombreuses décennies à Rome, Virgile affirme que le « roi » n'est pas légitime en tant que tel. Non seulement il doit être choisi parmi les meilleurs, mais il doit aussi être contrôlé, façonné, de manière à offrir les garanties morales qui agiront comme une limite à sa toute-puissance. Derrière la question des vertus du prince, c'est aussi la valeur morale de l'ensemble de la population qui est en jeu. Le rex joue le rôle du coryphée, le peuple se mettant au diapason. Ces quelques vers montrent que Virgile a développé une réflexion de nature politique en lien avec les bouleversements que connaissait Rome à cette période.

Philippe Le Doze. – Choosing the right king (Vergil, Georg., 4, 67-108) (p. 251-266)

Georg. ...
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