Les 100 tours

Le Tour de France existait bien avant que je commence le vélo, bien avant moi. Mais je l'ai vu évoluer. Et malgré toutes les péripéties qu'il a connues, il est devenu l'un des trois plus grands événements mondiaux du sport avec les jeux Olympiques et la Coupe du monde de football, mais c'est le seul qui ait lieu tous les ans.
Je l'ai vu grandir dans les années 1980 avec l'explosion des médias, la création du village, le développement du marketing autour de l'événement. Cela fait partie de la vie. On ne peut pas ne pas évoluer.
Le Tour a subi des mutations et a toujours réussi à préserver la partie sportive, prioritaire. Ses dirigeants, ceux qui l'ont créé comme Henri Desgrange, puis Jacques Goddet, Félix Lévitan, et ceux qui l'ont fait grandir comme Jean-Marie Leblanc ou Christian Prudhomme maintenant, ont fait en sorte que le vélo reste au coeur du Tour. Il a à sa tête des gens qui le respectent. Et toute une équipe qui le prépare à tous les niveaux. Pour deux cent coureurs aujourd'hui, c'est une petite ville qui se déplace chaque jour. Pour moi, rien que cela, c'est déjà une véritable prouesse.
Il n'y a pas de raisons que cette course ne continue pas à faire rêver le public. Le Tour est plus grand que les champions. C'est lui qui fait le champion, ce ne sont pas les champions qui font le Tour. Mais l'un sans les autres, cela ne pourrait pas marcher.
Si le Tour existe, c'est parce que des villages, des villes, des départements, des régions ou des pays l'accueillent et qu'il est une fête fantastique qui passe devant la porte des gens. Et une fête gratuite !
Voilà pourquoi le Tour existe et qu'il existera encore longtemps. BERNARD HINAULT