La méthodologie qualitative - Postures de recherche et travail de terrain, Postures de recherche et travail de terrain
EAN13
9782200346515
ISBN
978-2-200-34651-5
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
Collection U
Nombre de pages
240
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
341 g
Langue
français
Code dewey
300.72
Fiches UNIMARC
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La méthodologie qualitative - Postures de recherche et travail de terrain

Postures de recherche et travail de terrain

Édité par

Armand Colin

Collection U

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Introduction?>Pierre Paillé
La recherche en sciences humaines et sociales se trouve à un tournant depuis quelques années alors que les frontières se brouillent entre disciplines autrefois distinctes (sociologie et anthropologie, par exemple) de même qu'entre savoirs et pratiques, alors qu'à l'inverse des façons de faire sur le plan méthodologique se sont distinguées, notamment sous la forme des méthodologies qualitatives. Dans ce dernier cas, le tournant est majeur. En quatrième de couverture du Dictionnaire des méthodes qualitatives en sciences humaines et sociales, les auteurs parlent d'une « véritable révolution». Dans le monde anglo-saxon, la discussion autour de la qualitative research alimente une industrie florissante de publications, colloques et task force groups qui présente une vitalité qui ne se dément pas, tout en n'évitant pas certains excès. Le Handbook of Qualitative Research publié en 1994 par N.K. Denzin et Y.S. Lincoln et réédité en 2000 vient d'être complètement refondu (2005), et il n'est plus le seul dans ce format, puisque les sciences de l'éducation ont leur Handbook of Qualitative Research in Education (Lecompte, Millroy et Preissle,1992), la psychologie son Handbook of Qualitative Methods for Psychology and the Social Sciences (Richardson, 1996) et les sciences de la gestion le Handbook of Qualitative Research Methods for International Business (Marschan-Piekkari et Welch, 2004). L'engouement pour les méthodes qualitatives n'est, en outre, plus limité au monde anglo-saxon et s'est beaucoup internationalisé au cours des dernières années (voir Knoblauch, Flick, Maeder, 2005).Qu'est-ce qui explique cet intérêt si important? Plutôt que de répondre à cette question, ou alors en guise de réponse, on devrait demander au contraire : pourquoi la généralisation de ces méthodes a-t-elle tellement tardé ? Car la recherche en sciences humaines et sociales curieuse des expériences humaines et des interactions sociales se conduit tout naturellement de manière qualitative, c'est-à-dire en s'approchant des personnes et des groupes concernés, en enquêtant, en interviewant, en expérimentant avec eux, et en analysant avec des mots, les leurs et les nôtres (ceux des chercheurs), leurs expériences, leurs conduites et leurs échanges. Ce n'est certainement pas la seule façon de faire, l'on peut tout aussi bien administrer des tests, mener des sondages, faire des statistiques, mais l'approche dite qualitative représente bel et bien une avenue méthodologique pleinement censée, très sensible, d'ailleurs, aux sens traversant les expériences et l'analyse des expériences, proche des personnes et des logiques contextuelles, bien ancrée dans les terrains, bref valide, valable et complète.Mais voilà : de cela il a fallu faire la démonstration. Laquelle ne va pas de soi si l'on conçoit la science sur le modèle exclusif de la recherche expérimentale. La démarche «naturelle» du méthodologue qualitatif surprend et inquiète sur plusieurs plans : comment pourra-t-il être objectif alors qu'il n'utilise pas d'outils calibrés pour mesurer les phénomènes? Va-t-il être en mesure de ne pas s'impliquer dans sa recherche ? Prendra-t-il toutes les précautions pour que les interprétations ne soient pas de lui mais émanent des théories scientifiques qu'il aura vérifiées ? Ses observations seront-elles exhaustives ? Ses interviews seront-elles menées à l'identique ? Fera-t-il attention de ne pas enquêter sur un sujet qui le touche personnellement? Bref, sera-t-il en mesure de mener une véritable recherche scientifique ?À la dernière question, l'on peut enfin répondre « oui ». Mais ce n'est pas nécessairement ce à quoi l'on peut s'attendre si l'on a en tête un modèle de la recherche simple, rationnelle et prévisible. La posture du chercheur dans la méthodologie qualitative ne se laisse pas décrire par quelques équations simples, et c'est pourquoi, outre le fait qu'il faut bien souvent la défendre, elle exige que nous en discutions, que nous la partagions et que le savoir-faire qu'elle implique ainsi que ses nouvelles avenues d'exploration soient diffusées. La communauté des chercheurs intéressés par la méthodologie qualitative est en quelque sorte un milieu artistique très vivant où s'expérimentent constamment de nouvelles manières de faire et d'être.C'est pourquoi, même si l'on a beaucoup écrit sur les approches qualitatives, il est tout à fait d'actualité d'examiner dans les termes les plus récents les grandes questions posées par ces façons, qui sont plurielles, de se situer et de mener des recherches. On pourrait ajouter qu'en français, cela est pratiquement nouveau, s'agissant de réunir des chercheurs de disciplines et d'horizons différents autour des questions méthodologiques propres aux approches qualitatives. Que l'on se réunisse nommément autour de ce thème précis ne signifie pas que l'on ne sait ou ne souhaite faire que ce type de recherche. Mais cela veut certainement dire que les méthodes qualitatives, d'une part sont suffisamment cohérentes et bien constituées, et d'autre part sont à ce point transdisciplinaires qu'elles justifient un lieu précis d'échanges, voire une communauté de pensée, avec, évidemment, sa dynamique propre, ses débats et ses courants.
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