Les musiques de l'âme

Annie Cohen

Éditions des femmes-Antoinette Fouque

  • Conseillé par
    8 juin 2022

    C'est un long monologue intérieur que livre Annie Cohen. Elle va d'idée en idée, de réflexion en réflexion, l'une chassant l'autre et y revenant ensuite, pas pour nous perdre, mais pour suivre son cheminement. Elle évoque son enfance en Algérie, ses souvenirs, ses parents, sa mère surtout, sa création qu'elle soit picturale, la gouache, ou littéraire. Les deux se confondent dans les mêmes gestes, se nourrissent, s'entremêlent. Elle parle librement de la maladie qui l'entrave : physiquement avec des jambes qui ne répondent plus aussi bien qu'avant et psychiquement : sa bipolarité et ses séjours réguliers à Sainte Anne.

    Lire Annie Cohen n'est pas de tout repos. Son écriture est abstraite, elle fait penser à de l'écriture automatique et penche vers le surréalisme. : "Et les mots se présentent comme les aplats du blanc de Titane sur le papier ton ficelle. L'expérience de la peinture ouvre les portes pour une écriture abstraite et profonde." (p.18/19) Le texte est parfois tortueux, difficile à comprendre et plusieurs fois, je me suis dit que j'allais l'abandonner, mais non, chaque fois j'y revenais comme happé, fasciné par son rythme, sa beauté, sa poésie. J'ai mis un peu de temps à le finir, l'ai entrecoupé avec d'autres lectures plus linéaires, plus prosaïques. Alterner, découvrir des livres et des lectures très différentes les unes des autres, voilà ce que j'aime. Rien ne me déplairait davantage que d'avoir la sensation de toujours lire la même chose. Écueil largement évité avec Annie Cohen.