Vers la violence

Blandine Rinkel

Fayard

  • Conseillé par (Libraire)
    7 septembre 2022

    Conseillé par Stéphanie et Manon R

    Le roman s'ouvre sur une scène qui pourrait paraître innocente et qui ne l'est pas. Une petite fille de six ans, Lou, joue à "Je te tiens, tu me tiens pas la barbichette" avec Gérard, son papa.
    Mais ce que l'on comprend vite, Lou étant la narratrice, c'est que malgré la tendresse dans le regard et même dans les subterfuges amusants de l'homme pour essayer de faire flancher sa fille, Lou en a peur, viscéralement.
    Et si dès le chapitre suivant, elle avoue : "petite, j'étais amoureuse de mon père", on ne peut s'empêcher de penser à cette peur que l'enfant ressentait en jouant à ce jeu pas tout à fait innocent.
    Dans une première partie, Lou raconte son enfance et ce père au passé extrêmement douloureux, la rencontre tardive de ses parents, son arrivée un peu miraculeuse et Gérard. Gérard qui navigue en permanence sur la frontière invisible de la violence, physique et psychologique. L'enfant ne sait pas sur quel pied danser avec cet homme encombrant, alors elle se met à la danse justement, elle soumet son corps elle-même à la grande violence de ce sport.
    Comment faire ? Que faire de l'amour de ce père insaisissable?
    Dans la deuxième partie du roman, on retrouve Lou, danseuse professionnelle, jeune adulte vivant à Londres. Son rapport à la virilité est complètement biaisé mais la rencontre avec un homme va venir ébranler cet enfermement.
    Largement inspiré de sa vie, ce roman est un livre choc, intime, qui vous aspire, vous envoûte de la même manière que ce père manipule son enfant. Blandine RInkel est très douée pour installer une tension addictive à la limite de l'insoutenable. Un excellent roman.


  • Conseillé par (Libraire)
    17 novembre 2022

    Dès ses cinq ans, Lou voue une adoration sans limite à son père violent : Gérard, un flic bourru et malsain à l'imagination débordante qui flirte avec la mythomanie et joue de l'emprise qu'il a sur sa fille.
    D'une enfance source de traumatismes jusqu'à la disparition de cette figure emblématique, Lou doit apprendre à vivre avec pour seul héritage « L'absence, la joie et la violence ».
    Un roman cruel éclairant le caractère héréditaire des défaillances que peuvent nous transmettre nos parents. Vers la violence bouleverse par son authenticité brute.


  • Conseillé par
    25 août 2022

    Super !


  • Conseillé par
    17 août 2022

    « Je te tiens par la barbichette »

    Coup de cœur pour ce roman très bien écrit en deux parties temporelles :
    - L’enfance de Lou, fusionnelle avec son père avec qui elle partage un pacte d’imaginaire, dont elle a fait un homme-fiction pour compenser ses absences et qu’il entretient avec affabulation.
    - 10 ans plus tard, Lou vit à Londres, pratique la danse comme un sport de combat ou technique de survie et tombe amoureuse (« un amour sous le sang du secret»).

    Blandine Rinkel mesure ici l’importance de la relation aux autres qui évolue avec l’âge et comment la solitude de l’enfant unique accentue le pouvoir de l’imaginaire. Comment Lou prend conscience des réalités et du poids des secrets. Elle décrit avec brio ces parents aux antipodes dont le père, fantaisiste morbide, revisite son drame passé, éclaboussant le présent. La description de ce personnage est brillante. Les courts chapitres donnent un bon rythme cette histoire ponctuée de délicates expressions.

    « L’imagination est plus importante que le savoir, les secrets plus précieux que les vérités »

    « Le silence gagna les moindres recoins de la cuisine »

    « Bientôt mon père fut là, dans le couloir, éléphant dans un boyau.... Ce soir-là, Gérard ressemblait à une quille de bowling hésitante, tanguant dans le désastre et se cognant aux murs…. »

    « Ma propre maison ressemblait à un simple dessin d’enfant. Je n’avais jamais vu une telle architecture… »


  • Conseillé par
    16 août 2022

    Gérard agit tel un ogre qui impose sa loi à toute sa famille. Ce père est un menteur compulsif, ambivalent, qui écrase son entourage de sa force pour chasser l’effroi de sa propre faiblesse, corseté par son irrépressible besoin de liberté. À sa fille, il laisse ce paradoxe en héritage : un père qu’on ne peut s’empêcher d’aimer follement, mais que l’on décide de fuir définitivement pour sauver sa vie. À travers cette auscultation des mécanismes de la maltraitance, l’histoire est racontée à bonne distance, incarnée et sans pathos, et questionne la transmission de la violence, de l’absence et, in fine, de la joie.


  • Conseillé par
    12 août 2022

    Une violence à soi

    Gérard agit tel un ogre qui impose sa loi à toute sa famille. Ce père est un menteur compulsif, ambivalent, qui écrase son entourage de sa force pour chasser l'effroi de sa propre faiblesse, corseté par son irrépressible besoin de liberté. À sa fille, il laisse ce paradoxe en héritage : un père qu'on ne peut s'empêcher d'aimer follement, mais que l'on décide de fuir définitivement pour sauver sa vie. À travers cette auscultation des mécanismes de la maltraitance, l'histoire est racontée à bonne distance, incarnée et sans pathos, et questionne la transmission de la violence, de l'absence et, in fine, de la joie.