Cette saisissante fresque romanesque nous mène sur les pas de Bell Hood, une jeune esclave en fuite. Dès son plus jeune âge, son père lui a répété de suivre, envers et contre tout, une constellation à la forme singulière : Le Cercueil de Job, en direction du nord, qui serait la promesse d'une vie meilleure.
C'est ainsi que sa route la mène à croiser d'autres fugitifs mais la pousse également vers Jeremiah Hoke, un ancien soldat confédéré mutilé aux mains, ayant déserté après le massacre de la bataille de Shiloh.
Leurs chemins, pourtant si éloignés, semblent se rejoindre en un unique drame originel qui les aurait marqués durant leur jeunesse. Quelle destinée leur réserve le Cercueil de Job ?
Lance Weller dresse ici le portrait d'une Amérique scindée et meurtrie par une guerre aussi sanglante qu'absurde. Il parvient, avec force de réalisme à retranscrire toute l'horreur et la violence de ces conflits qui ont marqués l'Histoire. Notre souffle se suspend aux pas de Bell et nous sommes saisis d'émotions lorsque la lumière transperce les mots de l'auteur, redonnant un peu de sens à l'humanité.

« Les contes se transmettent, s'échangent, se métamorphosent, parcourent le monde grâce aux conteurs mais sont aussi repris par les écrivains, les cinéastes, les metteurs en scène, les chorégraphes et même les concepteurs de jeux. C'est qu'ils portent des vérités essentielles que nous ne pouvons pas nous dispenser de visiter. »
Il existe, à travers le monde, plus de cinq cents versions de "Cendrillon". Au gré des voyages, ce conte se colore et prend des traits différents selon les traditions des pays qu'il traverse.
L'une de ses plus anciennes formes serait une des versions chinoise, approximativement datée du IXe siècle.
Ainsi, à travers ce recueil de douze contes venus d'Asie, nous découvrons les multiples vies de Cendrillon, où métamorphoses, convoitises et spiritualités prennent des formes bien différentes, mais portent toujours en elles la liberté et le désir de devenir femme.

Dans "The Girls", Emma Cline retraçait l'histoire d'une rescapée d'une secte aux États-Unis. Un roman coup de poing dont le ton satirique décrivant une société américaine sur ses aspects les plus noirs ainsi que la maîtrise de l'emprise
psychologique qui y était dépeinte, marquaient le lecteur pour longtemps.
Cette fois-ci, l'autrice nous offre un recueil de nouvelles.
Emma Cline y livre tout de la perversité enfouie en chacun de nous, d'un regard incisif mais qui parvient à
nous toucher par sa vision hallucinée de la société américaine. Présentée avec force de vulnérabilité, elle
remet en lumière les piliers du « Rêve américain », dans sa quête du succès à tout prix et dans l'image
traditionnelle du « Self made man » entouré de sa famille parfaite, ne laissant aucune faille transparaître.

2038, les paysages tels que nous les connaissons actuellement n'existent plus. Le Grand Dépérissement, une épidémie touchant la flore terrestre, a fait disparaître une bonne partie des arbres. Subsistent quelques refuges où peuvent être admirés de rares géants séculaires.
C'est dans l'un de ces refuges, sur une île au large de la Colombie-Britannique, que nous faisons la connaissance de Jacinda. La jeune femme fait office de guide à de riches touristes voulant admirer l'ultime forêt primaire. Passionnée par les arbres, la jeune femme trouve en ce métier une opportunité de se rapprocher de ce qu'elle aime, malgré un avenir peu prometteur. Jusqu'au jour où elle découvre qu'elle appartiendrait à la famille de Harris Greenwood, un homme réputé ayant bâti sa fortune sur l'exploitation du bois.
À la manière des anneaux gravant dans le bois les années qui s'égrainent, l'auteur remonte dans le temps et explore avec nous l'arborescence de la famille Greenwood, à travers les bouleversements de l'Histoire. Ainsi, Michael Christie signe une saga familiale et sociale foisonnante, sur le rapport à la nature et la construction de soi en dépit d'un héritage familial parfois lourd à porter.

S'il y a bien un texte fondateur de la littérature japonaise à découvrir impérativement – c'est celui-ci.
Dans cet écrit atypique d'une centaine de pages, Tanizaki réalise la prouesse de nous décrire l'utilisation de l'ombre dans la culture japonaise et notamment au sein de son architecture.
Cet essai sur l'esthétique met en exergue la beauté d'un Japon traditionnel où les ombres feutrées viennent sublimer le velours d'un bois laqué, enveloppent de douceur les shôji et révèlent les éclats d'or d'un paravent qui aurait semblé bien fade en pleine lumière.
Sa plume magnifique nous transporte et nous fait rêver de paysages différents, tandis que ses savoureux traits d'humour interrogent nos clinquants intérieurs occidentaux.
Un livre splendide et passionnant, tant sur le plan culturel que philosophique.