Ce recueil est composé de deux courts romans : "Crescendo final" et "L’enfant de la fièvre". Dans le premier, on sait que Duff, un jeune noir, est condamné à la chaise électrique. L'occasion de retracer avec lui toute son histoire depuis sa naissance en 1913, pendant une crue, jusqu’à ce que la fatalité le rattrape alors qu’il s’épanouissait dans la musique. Tout aussi sombre, "L’enfant de la fièvre", se déroule, lui, chez de riches planteurs blancs et met en scène le destin tragique d’Hector Surgis, un homme malheureux et jaloux qui va se laisser envahir par la haine. À partir d’un objet, Foote remonte l’histoire et déploie des destins sombres et hypnotiques.

"Tourbillon" est l’exploration sans concession du grand Sud profond états-uniens. Dans les années 1950 à Jordan County, Mississippi, le corps de la jeune Beulah est retrouvé dans les marais. Le roman s’ouvre par le procès du très puritain Luther Eustis, paysan pauvre et frustre, que tout accuse et qui a rapidement avoué le meurtre. L’auteur nous fait alors entendre toutes les voix des personnes liées, de près ou de loin, à cette affaire (même celle de la victime), dessinant ainsi un portrait sombre et violent de ce Sud enlisé dans le poids d’une religion empreinte de superstitions et de fanatisme, une société complexe, âpre et sombre. Un grand livre.

"Le brigand bien-aimé" est un bref roman ayant l’allure d’un conte, se déroulant dans les forêts du Mississippi. Ces bois sont peuplés de marginaux, de hordes de voleurs et d’Indiens qui tuent, pillent et kidnappent celles et ceux qui croisent leur chemin. Clément vit dans cet environnement hostile avec Salomé et Rosamande, sa fille. Ils dirigent une plantation de coton et de tabac. Par un étrange concours de circonstances, Rosamande est enlevée par Jamie Lockhart, un brigand à l’allure de dandy, et tombe amoureuse de lui. Cette histoire où se mêlent l’amour et la violence est ponctuée de superbes descriptions de la nature. Eudora Welty nous emporte dans un monde sombre et fantastique, dans la lignée des frères Grimm.

Dans l'état du Mississippi, il n'y a plus qu'une seule clinique qui pratique encore l'avortement. Seulement, pour réussir à avorter, encore faut-il échapper aux nombreux militants contre l'avortement qui bloquent régulièrement l'entrée de la clinique. Tout bascule lorsqu'une prise d'otages éclate au sein-même de l'établissement, et que l’inspecteur en charge des négociations apprend que sa fille est à l'intérieur… Ce roman est une véritable course contre la montre qui donne une vision glaçante de la société américaine à travers toute une galerie de personnages aux avis bien divergents sur le délicat sujet que représente l'interruption volontaire de grossesse. Jodi Picoult réussit à livrer un roman coup de poing, de ceux qui remuent mais qui sont absolument nécessaires.

Dans le sud dévasté des États-Unis, Jojo a treize ans et grandit dans une famille complexe : son père Michael est en prison et sa mère Leonie se perd dans la drogue, cherchant à tout prix la sérénité depuis que son frère a été victime d’un crime racial. Jojo ne connaît pas ses grands-parents paternels qui n’ont jamais accepté que leur fils blanc ait des enfants avec une femme noire… Le décor est planté et Jesmyn Ward va habilement nous emmener avec ce roman choral dans un road-trip à travers cette Amérique noire en proie au racisme et à la pauvreté, mais aussi dans la lumière de ces revenants qui méritent grandement que l’on entende leur chant.